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Intérêts entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite

Trump soutient l’Arabie Saoudite après le meurtre par le prince du journaliste Jamal Khashoggi

Suite à l’horrible meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, le président Donald Trump a affirmé dans une récente déclaration ne pas être certain de l’implication du prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salman, ce alors même qu’un rapport de la CIA affirme que ce dernier aurait commandité l’assassinat. Prétextant des intérêts économiques et géopolitique, celui-ci affirme que les relations qu’entretiennent les deux états ne seront pas affectés.

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Crédit photo : AFP

Jamal Khashoggi est rentré au consulat d’Arabie Saoudite de Turquie le 2 octobre dernier, pour ne plus jamais en sortir. Ancien journaliste saoudien dissident, celui-ci avait décidé de s’exiler aux États-Unis pour éviter des représailles du gouvernement saoudien dont il était très critique. Le Washington Post, qui aurait eu accès à un document de la CIA, affirme que le prince aurait bien commandité l’assassinat.
Malgré cela, Trump à récemment déclaré son intention de maintenir de bonnes relations avec le gouvernement saoudien, multipliant les tournures de phrase pour dédouaner le prince de l’assassinat du journaliste. Bien que le président des Etats-Unis qualifie le meurtre comme étant « très violent, très vicieux et terrible » -les membres du journaliste ont été découpés à la scie à os-, celui-ci s’est contenté de dire que son pays « n’approuvait pas » le meurtre. Pas une seule fois il n’a condamné le prince héritier ou le gouvernement Saoudien. Une position qu’il justifie explicitement dans son communiqué par des intérêts géopolitiques et économiques pour les États-Unis.

« Le royaume est d’accord pour dépenser et investir 450 milliards de dollars aux États-Unis »

Pour justifier les relations qu’il entretient avec le royaume d’Arabie Saoudite, Trump prétend notamment que l’implication du pays pourrait être très bénéfique pour le marché américain. Les contrats avec l’Arabie Saoudite atteignent -selon lui- un montant de 450 milliards de dollars -environ 398 milliards d’euros-, dont près de 110 milliards de dollars uniquement pour l’armement, et créerait des centaines de milliers d’emplois aux USA. Des chiffres très critiqués, au vu du fait que peu de contrats ont été réellement signés, et que même les déclarations du gouvernement Saoudien ne font mention d’un tel chiffre. Et pour cause : la somme de 450 milliards de dollars alléguée par Trump est égale à 65 % du PIB du pays, soit près des deux tiers, ce qui paraît peu concevable.
Également mentionné par Trump dans sa déclaration, le pétrole est l’un des intérêts majeurs qu’ont les États-Unis pour l’Arabie Saoudite (principal producteur de pétrole mondial) le roi a maintenu les prix du pétrole raisonnables. Les profits passent donc avant tout, même si cela signifie soutenir une monarchie qui assassine l’opposition politique, ainsi que les homosexuels comme c’est le cas en Arabie Saoudite.

« Si nous annulons ces contrats, la Russie et la Chine seront les principaux bénéficiaires ! ».

Bien que cela soit remit en cause par beaucoup, notamment dans son propre camp, le soutien au régime Saoudien serait profitable aux États-Unis à un niveau géopolitique. D’après Trump, le pays oriental serait l’un des acteurs de la lutte anti-terroriste mondiale, notamment contre l’Iran, que celui-ci qualifie de « sponsor mondial du terrorisme ». Notamment, il instrumentalise la guerre au Yémen, prétextant que la guerre atroce menée par l’Arabie Saoudite est en fait contre l’Iran, et par extension contre le terrorisme. Ajoutant que celle-ci « se retirerait du conflit au Yémen si les iraniens se retirerait du conflit ». Il omet de dire que c’est l’Arabie Saoudite qui a engagé le conflit, et que la famine et les épidémies qui déciment la population yéménite sont revendiquées par le régime saoudien comme arme de guerre. Bien que le bilan humain ne soit pas encore établi, d’après l’ONG Save the Children, ce n’est pas moins de 85 000 enfants qui seraient morts de cette guerre, que ce soit des balles, des bombardements, de la famine, ou encore des épidémies de choléra qui sévissent dans la région. Un véritable massacre, que Trump appelle avec indécence « lutte contre le terrorisme ». N’oublions pas non plus que l’état français reste l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie Saoudite, armes qui ont également été utilisé dans la guerre au Yemen.

La politique de Trump, bien que répondant à des intérêts réels pour l’impérialisme américain, ne fait toutefois pas l’unanimité et ce même dans son propre camp. Par exemple, d’après le sénateur républicain Lindsey Graham (allié fréquent du président), la position du président sur le meurtre de Jamal Khashoggi est erronée, l’implication du prince héritier étant clairement établie : « le fait qu’il ne savait pas est impossible à croire », « quant au prince, il est irrationnel, détraqué, et je pense qu’il a fait beaucoup de mal aux relations entre les USA et l’Arabie Saoudite ».


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