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Tueries au Texas

Trump tourne les fusillades de masse en stratégie pour les élections

Après les deux fusillades de masse qui ont eu lieu samedi dans le Texas et l’Ohio, Trump a attendu ce lundi pour enchaîner les tweets, déclarations et discours solennel. Une communication étudiée qui navigue entre trois objectifs : ne pas inquiéter le lobby pro-armes, parer aux attaques des démocrates et donner des gages à l’extrême droite.

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La question de la vente des armes à feu revient au premier plan

Les deux fusillades qui ont eu lieu samedi dernier à El Paso dans le Texas, et Dayton dans l’Ohio, ont fait respectivement 21 morts et 26 blessés pour la première, 9 morts et 27 blessés pour la seconde. Le tireur d’El Paso est inculpé et encourt la peine de mort, celui de Dayton a été abattu par une patrouille.

Durant les 10 dernières années, les meurtres de masse ont connu une croissance régulière aux États-Unis. Depuis le début de cette année, pas moins de 251 « tueries de masse » ont été perpétrées aux États-Unis, selon l’ONG Gun Violence Archives. Cette acception prend en compte les tueries avec au moins quatre victimes, mortelles ou non. Ces tueries peuvent, notamment, s’expliquer par la détention d’au moins 393 millions d’armes à feu par des civils aux États-Unis, selon une étude du Small Arms Survey.

Après les deux fusillades de samedi la question de la vente et de la détention d’armes à feu est revenue au premier plan. Trump a commencé par souffler le chaud, dans un tweet posté lundi matin, en se disant « favorable à un meilleur encadrement des ventes d’armes, » notamment par une vérification des antécédents des personnes souhaitant s’en procurer.

Mais en fin de journée, dans son discours solennel, il a soufflé le froid et botté en touche en affirmant que « ce ne sont pas les armes qui sont responsables » et en préférant mettre les réseaux sociaux et les jeux videos à l’origine du passage à l’acte de ceux qu’il présente comme des malades mentaux.. Une manière de revenir sur ce qu’il avait annoncé le matin.

Car tant que Trump sera président, le lobby pro-armes peut dormir sur ses deux oreilles. Trump l’a dit et le répète. C’est en tout cas ce qu’affirme Nicole Bacharan, interviewée sur Europe 1 : « Il ne va rien proposer sur les armes puisque son électorat est très pro-armes. Lui-même, à chaque fois qu’il va à la convention annuelle de la NRA [la National Rifle Association] il leur dit que leurs droits sont menacés mais qu’il les protégera, étant l’un des leurs. »

Contre les démocrates, Trump se défend d’attiser la haine raciale

Avant de décharger son arme sur la foule, le tireur d’El Paso avait publié en ligne un manifeste où il exprimait sa haine envers la communauté hispanique. Une occasion pour les démocrates de souligner la responsabilité de Donald Trump dans l’encouragement du racisme et du suprématisme blanc. Plusieurs candidats à la primaire démocrate ont accusé le président américain Donald Trump d’être en partie responsable de la fusillade d’El Paso. L’un d’eux, Beto O’Rourke, originaire de la ville d’El Paso, où il y a 83% d’Hispaniques, a d’ailleurs rappelé que « Donald Trump en 2015 avait accusé les Mexicains de faire venir aux États-Unis tous leurs criminels. »
Trump a donc dû se dédouaner. Au risque d’être accusé de retourner sa veste et d’apparaître peu crédible, il a condamné haut et fort, dans son allocution diffusée en direct sur internet, le « suprématisme blanc » qui monte aux États-Unis : « Nous devons condamner la haine et la suprématie blanche d’une seule voix », a-t-il déclaré. Pourtant, il fait bel et bien partie des responsables du racisme systémique aux États-Unis, dont les conséquences les plus terribles sont ce type de violence.

Trump continue à donner des gages à l’extrême droite

Mais, outre ses propres convictions qui sont apparemment bien ancrées, Trump sait parfaitement que c’est aux États les plus marqués à l’extrême droite qu’il doit son élection à la présidence et qu’il doit conserver leur soutien s’il veut garder sa place lors de la prochaine échéance électorale.

Malgré ce que les récents événements du Texas et de l’Ohio lui imposent comme recul formel et comme discours, il a pris soin, de manière beaucoup plus forte, détaillée et crédible, de donner des gages à l’extrême droite et aux nombreux groupuscules qui composent la galaxie des racistes et suprématistes de tout poil.

Et tout d’abord, la peine de mort. Emboîtant le pas au procureur général du Texas, il demande pour le tueur d’El Paso la peine de mort, au titre du « terrorisme intérieur ». Mais au-delà de ce cas, c’est un prétexte qu’il utilise délibérément pour réactiver, sur le terrain législatif, la peine de mort qui a été si longue à disparaître, qui demeure encore effective dans certains états comme le Texas et dont il a fait l’un de ses chevaux de bataille. Il demande que la peine capitale soit appliquée à tous les auteurs de tueries de masse, et ce « rapidement ». Il a expliqué avoir donné l’ordre au ministère de la Justice « de proposer une législation qui garantit que ceux qui commettent des crimes haineux et des meurtres de masse encourent la peine de mort ».

Le deuxième gage politique donné à l’extrême-droite, la question migratoire. Il assortit l’idée du contrôle des ventes d’armes de la mise en place d’une nouvelle législation en matière migratoire dont on imagine aisément dans quel sens elle ira. Il assortit cette promesse, c’est-à-dire cette menace, d’une critique virulente des réseaux sociaux qui sur ces questions répandraient des « fake news ».

Bref, ces événements dramatiques qui bouleversent l’opinion aux États-Unis et démontrent, une fois de plus, la violence encouragée par le discours et la politique de Trump, l’ont momentanément contraint à quelques contorsions de communicant mais n’ont rien changé à ses choix politiques et à sa stratégie électorale.


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