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Culture du viol

USA. Dans certains États, un violeur peut réclamer la garde de l’enfant issu de l’agression

Une loi en vigueur dans plusieurs États autorise les violeurs à demander la garde de l'enfant né suite à l'agression. Cette loi permet souvent aux hommes d'échapper à la justice, en leur donnant un moyen de pression sur les victimes pour qu'elles abandonnent les poursuites.

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Crédits image : film Incendies par Denis Villeneuve

La loi est appliquée dans sept États : le Maryland, le Mississippi, le Nouveau-Mexique, le Wyoming, le Dakota du nord, le Minnesota et l’Alabama. Cette législation, source de beaucoup de souffrances pour les victimes de viol, est revenue sur le devant de la scène, lorsqu’une loi prévoyant d’y mettre fin a été rejetée dans le Maryland, pour la neuvième fois. Les victimes de viol doivent donc parfois négocier avec leur violeur et la justice pendant les 18 ans qui suivent la naissance de leur enfant né de leur agression.


On n’imagine pas le calvaire des survivantes d’un viol. Qu’il en résulte une grossesse est souvent un drame supplémentaire qui, dans ces conditions, peut devenir insoutenable. Les personnes victimes de viol dans les sept États cités plus haut et tombées enceintes seront donc obligées de négocier avec leurs agresseurs pour décider du sort de leur enfant. Cela concerne le droit de visite, de garde ou d’adoption sur lesquels le père, criminel, aura toujours son mot à dire. Le vice de la procédure va jusqu’à donner la possibilité aux violeurs de faire pression sur leurs victimes pour qu’elles abandonnent les poursuites judiciaires, les menaçant par exemple d’utiliser leurs droits parentaux, ou encore d’entraver le droit d’adoption de la mère.

À cette loi ubuesque s’ajoutent, aux États-Unis comme dans beaucoup d’autres pays, des difficultés croissantes pour les femmes à accéder à l’avortement. Depuis l’élection de Trump, des lois sexistes rendent la démarche encore plus compliquée, comme celle adoptée en Arkansas en février, et qui donne la possibilité à un homme d’empêcher sa femme ou sa fille d’avorter. Il s’agit donc bien souvent d’une triple peine pour ces femmes violées, à qui l’on refuse le droit à disposer de leur corps et qui doivent endurer la présence de leur violeur dans leur vie durant de longues années après l’agression.


Très emblématique de la culture du viol qui structure notre justice patriarcale, il a été souligné que le comité faisant passer ce type de lois est composé uniquement d’hommes. Hommes qui par ailleurs représentent, comme dans beaucoup de pays, une caste politicienne riche et privilégiée n’ayant aucune compréhension des violences physiques et psychologiques que peuvent subir les femmes de leurs pays, auxquelles s’ajoutent des violences sociales et économiques.


Aux États-Unis, chaque année, entre 17000 et 32000 bébés naissent suite à un viol. En France, on dénombre aujourd’hui plus de 200 viols rapportés à la police par jour dont très peu obtiennent justice. La lutte contre le patriarcat qui viole et tue, on le voit donc, est une lutte contre un système aux multiples outils, dont une justice inhumaine qui n’a aucun scrupule à prolonger les tourments qu’une femme doit subir dans notre société traversée des violences patriarcales.


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