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Cyberattaque du Kremlin pour délégitimer Clinton

USA. Trump ne nie pas l’ingérence de la Russie dans les élections, mais minimise les faits

Alors que Donald Trump avait multiplié les gestes d’ouverture à destination de la Russie durant sa campagne, il a pendant longtemps nié l’implication de la Russie dans l’affaire du piratage des e-mails de l’équipe de Clinton, en opposition aux déclarations d’Obama et des agences de renseignement américaines. Pour la première fois, il semble faire machine arrière. Léonie Piscator

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Le piratage des e-mails de l’équipe de Clinton est une affaire qui n’en finit pas de refaire surface depuis les mois ayant précédé l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche. Alors que les tensions entre les États-Unis et la Russie se cristallisent autour de l’intervention en Syrie et des accords passés notamment entre Poutine, Bachar al-Assad et Erdogan, excluant les USA, cet énième rebondissement dans l’affaire des e-mails n’est pas près d’apaiser les relations entre les deux puissances.

Avant les élections américaines, des dizaines de milliers de mails avaient été transmis à Wikileaks, qui les avait divulgués, mettant à mal la candidature de Clinton. L’administration Obama, s’appuyant sur les rapports des agences de renseignement états-uniennes, met en cause le gouvernement russe depuis le mois d’octobre. Il y a près d’un mois, la polémique avait été relancée suite aux déclarations de Ben Rhodes, proche conseiller d’Obama, incriminant directement le président russe : « Je ne pense pas que des événements aux ramifications aussi importantes se produisent au sein du gouvernement russe sans que Vladimir Poutine ne soit au courant. En dernier ressort, Vladimir Poutine est responsable des actions du gouvernement russe ».

Entre temps, la CIA et le FBI ont avancé des éléments incriminant directement Moscou dans cette cyberattaque, expliquant que le gouvernement russe avait manifesté une « préférence évidente » à l’égard de Trump et qu’il avait cherché par ce biais à « saper la future présidence » de Clinton. Dans ce rapport, sont notamment mentionnées des signatures informatiques attribuées aux services de renseignement russe et des conversations entre membres du gouvernement russe qui attesteraient que le piratage a été ordonné directement par Vladimir Poutine. Mais Donald Trump, qui continue à témoigner de sa volonté de voir les États-Unis et la Russie se rapprocher, et en faveur de qui a joué la divulgation des e-mails, a longtemps contesté les accusations d’ingérence russe dans les élections américaines.

Cette affaire révèle notamment le peu de crédit que porte Trump aux agences de renseignements, qui sont pourtant l’un des piliers de l’establishment états-unien. En effet, le nouveau président a refusé à de multiples reprises de se rendre aux réunions quotidiennes sur la sécurité, rompant de fait avec une forte tradition des États-Unis en la matière. À quelques jours de sa prise de fonction, il subit une pression croissante, exercée par son propre parti, afin qu’il prête une plus grande attention au travail effectué par les agences de renseignement. Et c’est probablement en se rendant compte qu’il ne pourrait gouverner sans le soutien de ces agences que Trump a fini par reculer légèrement, par le biais de Reince Priebus, futur secrétaire général de la Maison-Blanche. Ce dernier a en effet déclaré dimanche, sur Fox News, que Donald Trump « ne nie pas le fait que dans ce cas particulier, il s’agissait d’entités en Russie ». Mais le milliardaire récemment élu continue à proclamer que ce piratage n’a eu aucune incidence sur le résultat du scrutin.

Les éternels revirements de Donald Trump, sa défiance affichée vis-à-vis des services de renseignements américains, ses provocations envers l’administration Obama, sont autant de signes révélateurs de la crise profonde que traversent les classes dominantes états-uniennes. De plus en plus divisé et délégitimé, en particulier autour de la question russe, il devient chaque jour plus difficile pour l’establishment états-unien de gouverner comme avant. Mais on verra comment cela se traduit concrètement après la prise de fonctions par Trump à la fin du mois.


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