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Guerre en Ukraine

Ukraine. L’UE annonce de nouvelles sanctions contre la Russie et ouvre de nouveaux marchés aux États-Unis

Ce mercredi, les États-Unis et l’Union Européenne ont annoncé un nouveau train de sanctions contre la Russie, amorçant une réorganisation du marché énergétique favorable aux États-Unis et dont les conséquences pèseront en premier lieu sur les populations russe et européenne.

Irène Karalis

6 avril 2022

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Crédits photo : KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Le 31 mars, Poutine publiait un décret exigeant des pays « inamicaux », c’est-à-dire ceux exerçant des sanctions à l’encontre de la Russie, qu’ils paient le gaz russe qu’ils importent en roubles. Pour le chef d’État russe, la décision était un moyen de répondre aux sanctions occidentales en s’appuyant sur la dépendance énergétique de l’Union Européenne. Or, si l’Union Européenne s’était refusée depuis le début du conflit à appliquer des sanctions contre les géants énergétiques russes, l’annonce de la mise sous tutelle de la filiale allemande de Gazprom par l’Allemagne par l’État allemand ainsi que les nouvelles sanctions annoncées par Ursula von der Leyen ce mercredi annoncent un tournant, ouvrant la voie à une réorganisation du marché énergétique. Mais ce sont bien les classes populaires et la jeunesse russes et européennes qui vont payer le prix de cette surenchère de sanctions économiques.

Une nouvelle vague de sanctions contre la Russie

Ce mercredi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen détaillait devant le Parlement européen les sanctions décidées par le Conseil européen. Commençant son discours par une pensée aux victimes du massacre de Boutcha, la femme d’État allemande verse une larme : « après Boutcha, plus que jamais, l’Europe se tient résolument aux côtés de l’Ukraine ». Or, si la présidente de la Commission européenne fait semblant de s’émouvoir des images tragiques de la ville de Boutcha, c’est bien pour annoncer de nouvelles sanctions.

Premier pilier du cinquième paquet des sanctions prises par l’Union Européenne : l’interdiction des importations de charbon en provenance de Russie, qui valent 4 milliards d’euros par an et représentent 45% des importations européennes. D’autres pays remplaceront la Russie pour fournir l’Union Européenne. Deuxième pilier : l’interdiction totale des transactions pour quatre banques majeures de Russie dont la VTB, deuxième plus grande banque russe. En tout, ces quatre banques représentent 23% de la part de marché du secteur bancaire russe. Troisième pilier : l’interdiction pour les navires russes et les navires exploités par des Russes d’accéder aux ports de l’Union Européenne. Et la liste continue, consacrant pêle-mêle l’interdiction d’exportations ciblée d’une valeur de 10 milliards d’euros dans des domaines où la Russie est vulnérable afin de « saper la base technologique et la capacité industrielle de la Russie » ou l’interdiction générale que des entreprises russes participent à des marchés publics dans les États membres de l’Union Européenne.

Après avoir énoncé les sanctions décidées, la présidente de la Commission européenne conclut : « ces sanctions ne seront pas les dernières que nous prenons. À présent, nous devons envisager des mesures sur le pétrole, nous devons envisager de cibler les revenus que la Russie tire des combustibles fossiles ». De fait, depuis le massacre de Boutcha, les dirigeants des puissances occidentales s’en servent de point d’appui pour justifier le durcissement des sanctions à l’égard de la Russie. Et l’Allemagne, réticente depuis le début de la guerre à appliquer ces sanctions du fait de sa grande dépendance énergétique à la Russie, pourrait bientôt céder à un embargo sous pression de l’opinion publique − 55% de la population est pour l’arrêt des importations de gaz et de pétrole russes selon Les Échos.

Du côté des États-Unis, la Maison blanche a décidé de trois nouveaux types de sanctions contre la Russie. D’une part, tous les nouveaux investissements en Russie sont interdits. D’autre part, des contraintes seront appliquées aux grandes banques russes Sberbank et Alfa Bank et à plusieurs grandes entreprises publiques. Enfin, la Maison blanche a annoncé des sanctions contre les « enfants adultes » de Poutine. En somme, l’ensemble des puissances impérialistes poussent au durcissement des sanctions, quitte à en faire payer les frais aux populations qui souffriront de l’inflation, de probables pénuries ou destructions d’emplois. Mais pour assumer le coût de telles sanctions, l’Union Européenne et les États-Unis se préparent à une réorganisation du marché énergétique.

Vers une réorganisation du marché énergétique favorable aux États-Unis ?

En plus du cinquième paquet des sanctions à l’encontre de la Russie, Ursula von der Leyen a également annoncé le contenu d’un accord passé avec les États-Unis concernant les ressources énergétiques. Cette année, pour compenser le gaz naturel liquéfié provenant de la Russie, les États-Unis en fourniront 15 milliards de mètres cubes supplémentaires à l’Union Européennes. Et pour les prochaines années seront également prévus 50 milliards de mètres cubes supplémentaires par an pour remplacer un tiers au moins du gaz russe arrivant par pipeline.

Derrière l’aspect immédiat de cet accord se cache en réalité un souhait plus ancien des pays membres de l’Union Européenne, celui de diversifier ses importations énergétiques. « Nous devons nous libérer de notre dépendance aux combustibles fossiles », a ainsi expliqué Ursula von der Leyen. Et les premiers gagnants de cette réorganisation du marché énergétique seront de fait les États-Unis. Finalement, malgré les déclarations de la Maison blanche, cette guerre pourrait leur profiter plus que selon les apparences.

Contre les sanctions, il faut une politique anti-impérialiste et ouvrière indépendante

Si la suspension des exportations de gaz russe vers l’Europe pourrait constituer une aubaine pour les États-Unis, il en va différemment pour la Russie. Le Financial Times explique ainsi qu’une telle décision constituerait une catastrophe pour l’économie russe qui ne disposerait pas de capacités de stockage suffisantes pour compenser une baisse des exportations, l’obligeant à interrompre ses extractions, ce qui fragiliserait les champs de gaz, ou à brûler le gaz.

Alors que les sanctions prises par les puissances occidentales ont déjà provoqué des ruées vers les distributeurs d’argent et les produits de première nécessité, elles risquent de se faire sentir encore plus durement dans les semaines et mois à venir. FranceTVinfo explique ainsi : « D’après certaines études, la Russie pourrait perdre deux millions d’emplois à la fin de l’année 2022. Le chômage passerait de 4,4% à presque 8%, dans un contexte d’inflation qui se fait déjà sentir sur certains produits importés et de pénuries qui risquent d’apparaître. Avant même ce cinquième train de sanctions, la Russie est déjà le pays le plus sanctionné au monde, bien plus que l’Iran ou la Corée du Nord. »

Alors que les puissances occidentales vont de sanction en sanction et promettent d’anéantir l’économie russe, il est nécessaire de se solidariser de la population russe, qui n’est en aucun cas responsable de la politique réactionnaire de Poutine. Les premières victimes des sanctions seront les classes populaires et la jeunesse russes, mais également les travailleurs et les jeunes des pays européens, qui sont déjà et vont continuer d’être les victimes de l’inflation galopante. Dans ce contexte, en plus de revendiquer le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine, il est impératif de se battre contre ces sanctions injustes et la politique globale des puissances impérialistes de l’OTAN en Ukraine et pour une politique anti-impérialiste indépendante.


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