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Quand les 28 de l’UE déléguaient à Erdogan la répression des migrants

Un an après, l’accord anti-migrants Union Européenne-Turquie sévit toujours

Le 18 mars 2016, l’UE et la Turquie signaient un ignoble accord mettant, moyennant finances, les réfugiés des guerres du Proche-Orient à la merci d’Erdogan. La Turquie devenait en effet un sous-traitant majeur de la gestion de la crise des migrants – et de leur répression.

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Cet accord n’était pas tombé du ciel, il avait nécessité de longs mois de négociations pour les 28 de l’UE, prêts à tout pour régler la « crise des migrants ». Signé après des mois de négociations, il comprenait le renvoi systématique de tous les migrants, demandeurs d’asile inclus, vers la Turquie, en contrepartie d’un soutien financier de la part de l’UE : 3 milliards d’euros renouvelables. Depuis, les migrants « irréguliers » qui arrivent, notamment, en Grèce, sont refoulés en Turquie après le passage dans ces camps (« centres ») de transit où leur désespoir ne se compare qu’à la misère de leurs conditions de survie.

Amnesty International avait déjà révélé l’an passé que malgré cet accord, au sud du pays, sur la frontière syrienne, le pouvoir d’Erdogan expulsait néanmoins, et sans le moindre état d’âme, les réfugiés vers leur pays pourtant en guerre. A ces expulsions massives de populations déjà très fragilisées, femmes, enfants, malades sans nombre, Amnesty a récemment ajouté les nombreuses violations des droits humains dont elles sont victimes en Turquie.

Quand celles et ceux qui fuient la guerre cherchent d’autres voies pour traverser la forteresse, notamment dans les Balkans, des corps de garde-frontières de plus en plus importants s’ajoutent aux barbelés pour assurer l’inviolabilité de ces murs de la honte, quitte à regarder tranquillement pourrir les cadavres. Et quand certains arrivent tout de même à passer de l’autre côté des murs, sur le sol français par exemple, une République raciste et autoritaire comme celle des Hollande, Valls, Cazeneuve et consorts s’occupe de les chasser, et condamne celles et ceux qui les soutiennent et les aident à, tout simplement, survivre, pour « délit de solidarité avec les migrants ».

Cet accord avait permis de fait à la Turquie, qui n’a même pas eu besoin d’intégrer l’UE pour ça, d’accéder au rang d’acteur incontournable d’une Europe-forteresse partout marquée par les retours du nationalisme et de la xénophobie. Depuis, un an après, Erdogan ne se prive pas d’utiliser cette position de force. Prêt à tout pour s’assurer la poursuite de sa politique de répression de masse généralisée depuis le putsch manqué de juillet 2016, contre les Kurdes, les intellectuels, toute voix dissonante de la société turque, il peut maintenant se permettre, à chaque crise avec Bruxelles, de jouer la carte d’un déferlement de migrants en Europe comme moyen de chantage – comme il l’a fait lorsque les Pays-Bas et l’Allemagne ont interdit à ses ministres de tenir des meetings auprès de la diaspora turque dans le cadre de la campagne du référendum, par lequel Erdogan souhaite bien graver dans le marbre ses pleins pouvoirs.

Alors que la campagne présidentielle est polarisée par les discours nationalistes, xénophobes ou racistes-compatibles, on entend bien peu la majorité des candidats revendiquer l’ouverture des frontières, la régularisation de tous les sans-papiers, condamner le scandale du démantèlement de la « jungle » de Calais et toute la répression associée, et exiger la fin des interventions impérialistes au Moyen Orient. Notre combat contre l’Europe-Forteresse autant que contre l’autoritarisme d’Erdogan passera par la dénonciation du hochet de la démocratie à la française qui, entre autres, sert de longue date de paravent. « Refugees Welcome ! » est plus actuel que jamais.


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