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Anti-racisme

Un militant de la Brigade Anti-Négrophobie en garde à vue pour avoir tagué une statue de Colbert à Paris

Hier, un militant de la Brigade Anti-Négrophobie taguait symboliquement une statue de Colbert à Paris. Il a été interpellé à la suite de l'action et est toujours en garde à vue, pour avoir voulu dénoncer, à l'image de centaines de milliers de personnes dans le monde, le colonialisme et le racisme. Un rassemblement de soutien est organisé à 18h au commissariat du 7ème arrondissement

Nathan Deas

24 juin 2020

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Crédit photo : ©Muriel Pleynet / FTV

Ce mardi 23, la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale a été (très) partiellement recouverte de peinture rouge et sur socle a été inscrit « négrophobie d’Etat ». L’action a été réalisée par Franco Lollia, un membre de la Brigade Anti-Négrophobie (BAN). Interpellé par la gendarmerie, le militant a expliqué : « Ce qui est interdit, c’est le racisme. […] C’est une statue qui vient prôner la négrophobie, le meurtre des noirs, le viol des noirs et pourtant au lieu d’arrêter les gens qui cautionnent cette cruauté, ils viennent m’arrêter moi. ».
 

 
Il explique pourquoi avoir choisi la statue de Colbert « Cet homme-là fait l’apologie de la négrophobie. La France est un Etat négrophobe. La statue de Colbert qui a institutionnalisé et commercialisé le commerce des noirs est la preuve de ce que j’avance. Le racisme et la négrophobie systémique existent. Il va falloir qu’on résiste partout où on est ». Colbert a en effet eu un rôle essentiel dans l’organisation de l’esclavage en France. A l’origine du Code noir en 1665, il donne une assise légale et un cadre juridique à l’exercice de l’esclavage dans les Antilles.
 
Alors que depuis l’assassinat de George Floyd des manifestations antiracistes et contre les violences policières secouent les Etats-Unis et trouvent écho dans plusieurs pays, la question des statues de figures colonialistes et esclavagistes et des monuments faisant l’apologie d’un héritage raciste revient sur le devant de la scène principalement aux Etats-Unis et en Angleterre.
 
Les appels au démantèlement de statues et autres symboles racistes se multiplient. A Bristol, lundi 8 juin, le bronze représentant Edward Colston, ex-député britannique du XVIIème siècle et marchand d’esclaves, avait été jeté dans le port fluvial par des manifestants.
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Aux Etats-Unis, les militants anti-racistes visent ces figures du passé colonial et raciste qui continuent de peupler les rues et partout des statues de Jefferson Davies, Junipero Serra, etc., ont été détruites.
 
En France si le déboulonnement de statues n’a pas pris la même ampleur, plusieurs figures ont été visées. A Lille, le samedi 20 juin un rassemblement était organisé pour exiger le démantèlement de la statue Faidherbe, administrateur et massacreur colonial en Algérie et au Sénégal.
 

 
Les militants anti-racistes remettent en cause la présence de statues, de figures colonialistes dans nos rues, qui ne sont pas le symbole d’un temps révolu mais le révélateur d’un système structurellement raciste, dont les racines plongent dans l’esclavagisme et le colonialisme.
 
Les réactions ne sont pas faites attendre, sur Twitter où toute la droite réactionnaire s’est réveillée, faisant la démonstration comme à Lille la semaine dernière, que lorsqu’il s’agit de combattre les militants anti-racistes, la police, les institutions judiciaires et les militants identitaires marchent ensemble.
 

 

 
Franco Lolli, en s’en prenant à Colbert, pointe un racisme systémique et l’actualité de l’histoire coloniale. Il a été arrêté suite à l’action et il se trouve mercredi encore en garde à vue. Son arrestation témoigne de la peur des gouvernements et des classes dominantes de voir remettre en cause, avec ces monuments, un système fondé sur le racisme. Alors qu’un mouvement large dénonce les violences policières et le racisme structurel, l’arrestation d’un militant anti-raciste est une offensive répressive de plus contre le mouvement. Nous exigeons donc la libération immédiate de Franco Lollia, sans aucune poursuite ! Un rassemblement aura lieu à 18h devant le Commissariat du 7e arrondissement, 9 rue de Fabert 75007 Paris, pour exiger sa libération.
 


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