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Destruction de l'université publique

Macron veut rendre la fac payante : luttons pour une université gratuite et ouverte à tous !

Lors de son discours adressé aux présidents d’universités jeudi dernier, Macron a annoncé vouloir rendre les études payantes afin d’en finir avec l’enseignement supérieur actuel qu’il ne juge pas compétitif. Une attaque en règle contre l’université publique qui pourrait en priver des centaines de milliers d’étudiants boursiers et précaires, à laquelle il est urgent d’opposer la lutte pour une université véritablement gratuite et ouverte à toutes et tous.

Ariane Anemoyannis


et Alberta Nur

17 janvier 2022

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Crédits photo : AFP

Macron veut virer les boursiers et les étudiants précaires des universités

Macron a annoncé le 13 janvier aux présidents d’université une réforme structurelle pour l’université : « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale » a-t-il indiqué.

Une façon pour lui de formuler une nouvelle promesse de campagne en cas de réélection : celle de la fin de l’université publique, où les frais d’inscription – bien qu’augmentant sensiblement au fil des ans – étaient jusqu’ici relativement accessibles et où les campus étaient ouverts aux étudiants boursiers. En effet, Emmanuel Macron fait directement allusion aux étudiants boursiers comme symptômes d’un modèle français en manque de compétitivité, insinuant par-là que leur possibilité d’étudier pourrait être remise en question.

Cette attaque s’inscrit dans la continuité des mesures prises par le gouvernement depuis 2017 qui n’a cessé de durcir la sélection. D’un côté, le Bac Blanquer, Parcoursup et bientôt « Parcoursup Master » participent à rendre la fac beaucoup plus sélective et ainsi à fermer les campus à des centaines de milliers d’étudiants. De l’autre, l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers en 2018 a préfiguré l’augmentation généralisée du coût de l’enseignement supérieur pour tous les étudiants, comme le préconise désormais Macron.

Autrement dit, le président des « jeunes » qui n’a cessé de couper les vivres aux plus précaires – notamment avec la réforme des APL – annonce aujourd’hui vouloir les virer de l’université. Sur les réseaux sociaux, la tendance #SiLaFacÉtaitPayante raconte comment les étudiants boursiers, étrangers, précaires n’auraient jamais pu étudier sous le modèle qu’envisage d’imposer Macron en cas de réélection. Concrètement, les étudiants boursiers représentent 750 000 étudiants qui seraient éjectés de la fac, sans compter les étudiants qui n’ont pas le droit aux bourses et doivent travailler en parallèle pour financer leurs études – plus de 50 %, les étudiants étrangers qui ne pourraient plus étudier. Rendre la fac payante, c’est virer les étudiants les plus précaires de l’université dès lors que le financement des études supposerait pour la majorité d’entre eux de travailler à temps plein et/ou de s’endetter pour plusieurs décennies.

Faire de l’université une arrière-boutique des entreprises

En rendant l’université payante, Macron prétend lutter contre le chômage. « Les universités ne doivent plus seulement garantir l’accueil des étudiants dans une formation mais garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi » a-t-il expliqué, insistant sur l’enjeu de développer les filières professionnalisantes en parallèle de la fin de la gratuité des enseignements.
S’il existe bel et bien un chômage de masse dans la jeunesse et de façon croissante chez les non-diplômés, le projet vise à rendre l’université plus compatible aux besoins des entreprises, de modeler la jeunesse en fonction des besoins du marché du travail.
D’une part en poussant les étudiants souhaitant financer leurs études à travailler à bas coût par le biais de contrats précaires, comme celui du « contrat engagement jeune » mis en place par le gouvernement. D’autre part en augmentant les capacités dans les filières dites « professionalisantes » au détriment de celles qui ne présentent pas de débouché professionnel immédiat, sans rien dire sur les conditions de travail de ces dernières. En effet, les étudiants en alternance sont malmenés dans des conditions de travail précaires et touchent un salaire de misère.

Derrière un discours de lutte contre le chômage et la précarité, l’université de Macron est une université conçue pour former une main-d’œuvre précaire et flexible. Le président candidat veut ainsi réduire le nombre de places, nous faire payer la fac, pour construire une université libérale, sélective, où l’on s’endette pour faire des études, où le seul but est celui de finir rapidement son diplôme pour pouvoir travailler et rembourser son prêt.

Luttons pour une université gratuite, ouverte à tout.es !

Les déclarations de Macron parachèvent une séquence d’attaques contre l’université publique de plusieurs années. Alors que le prix des enseignements est au cœur de ces annonces en ce qu’il constitue un des obstacles les plus importants contre les étudiants des classes populaires, il s’agit de défendre la gratuité pure et simple de l’université.

Mais cela ne suffit pas. En cette rentrée 2021, ce sont 91 178 candidats qui se sont retrouvés sans formation sur Parcoursup. Nous devons revendiquer l’ouverture de l’université à toutes et tous en abrogeant les réformes de sélection. Tout le monde doit pouvoir étudier, dans des conditions dignes, dans la filière de son choix et il faut une augmentation des moyens qui réponde à l’augmentation du nombre d’élèves, d’étudiantes et d’étudiants, et la titularisation de tous les précaires.

Et alors que le travail à côté des études est l’un des premiers facteurs d’échec scolaire – ce qu’aggraverait Macron avec sa réforme rêvée – il est urgent d’imposer qu’un étudiant puisse vivre décemment pendant ses études sans se faire exploiter pour les financer. Chaque jeune doit pouvoir en effet étudier, se loger, et cela passe par un revenu étudiant à 1800 euros financé par un impôt hautement progressif sur les grandes fortunes.

Ce programme pour l’université est celui que nous portons dans la candidature d’Anasse Kazib, en défense des services publics de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur face aux attaques de Blanquer, Vidal et Macron et pour la construction d’une université véritablement ouverte et gratuite.

Les travailleurs de l’Éducation nationale ont montré la voie avec une mobilisation d’ampleur le 13 janvier dernier contre les attaques faites aux services publics, car c’est la mobilisation qui fait peur au gouvernement. Étudiants, enseignants, BIATSS et lycéens c’est ensemble que nous ferons reculer Macron. Le 27 janvier, mobilisons-nous unis pour défendre une université gratuite, loin de l’université pro-patronale que défend Macron !


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