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Journée cruciale pour le Venezuela

Une Assemblée Constituante à inconnues multiples pour Maduro

L’Assemblée Constituante était censée tenir sa séance inaugurale vendredi, après avoir été déplacée de 24h. Au moment où nous écrivons, compte-tenu du décalage horaire, le président Maduro maintient le rendez-vous mais chez les partisans du « dialogue » entre le pouvoir chaviste et l’opposition de droite, on demande la suspension d’une Assemblée Constituante dont l’élection a été entachée de multiples irrégularités.

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Le scrutin de dimanche s’est organisé dans un contexte de pressions multiples exercées par le pouvoir chaviste sur le corps électoral. Le taux de participation, largement gonflé, à l’instar de celui communiqué par la MUD (opposition de droite) lors de son contre-scrutin organisé, le 16 juillet, a été remis en question par le porte-parole de Smartmatic, l’agence en charge de l’organisation des scrutins dans le pays. Maduro comme Tibsey Lucena, présidente du Conseil National Electoral (CNE), soi-disant indépendant, ont bien entendu démenti, mais la ficelle est un peu grosse.

Les Etats-Unis soufflent le chaud et le froid, contre le gouvernement Maduro et l’économie vénézuélienne, contre laquelle des sanctions pourraient être prises, mais également en direction de l’opposition de droite. Washington la soutient, certes, mais l’administartion Trump souhaite éviter que les plus radicaux ne soient tentés par une aventure putschiste qui pourrait précipiter le pays dans la guerre civile. Du côté des impérialistes européens et du Vatican, pourtant partisans du « dialogue », de multiples voix se sont élevées demandant à ce que l’Assemblée Constituante ne siège pas, de façon à faire baisser les tensions. « Le Saint-Siège, précise le communiqué du Vatican, demande à l’ensemble des acteurs politiques, et notamment au gouvernement [vénézuélien] que les droits de l’Homme et les libertés fondamentales soient assurés, de même que la Constitution actuelle ».

L’objectif est de gagner du temps, alors que la droite multiplie les appels du pied en direction des Forces Armées qui, pour l’instant, représentent le soutien le plus solide de Maduro, aux côtés de l’appareil bureaucratique du PSUV, le parti du président, et ses multiples relais. Comme le précise Ángel Arias, membre de la direction de la Ligue des Travailleurs Socialiste du Venezuela, ayant appelé au boycott de l’élection de dimanche et à s’opposer de concert aux manœuvres de la droite et de l’impérialisme, « les deux camps essayent de nous embarquer dans une guerre de pourcentages alors que la seule chose dont on peut être sûrs, c’est des objectifs politiques des deux bords : le gouvernement essaye de s’appuyer sur l’Assemblée Constituante comme un "super-pouvoir" pour contrer la droite qui essaye d’en finir par tous les moyens avec le chavisme, tandis que la MUD a organisé son contre-référendum de juillet pour se parer d’une façade démocratique, mettre davantage de pression sur l’armée, inciter l’état-major à se débarrasser de Maduro et légitimer la formation d’un éventuel gouvernement alternatif qui ne compte pas, pour l’heure, sur le soutien de l’impérialisme étatsunien ». Washington comme les capitales européennes demandent, néanmoins, que l’Assemblée en question ne prenne pas ses fonctions.

Il en faudra davantage pour faire baisser la pression, alors que la situation économique est toujours plus catastrophique. L’ensemble des acteurs en présence jouent la montre, les uns contre les autres mais, surtout, contre le monde du travail, les classes populaires et la jeunesse du Venezuéla.

Maduro prétend graver dans le marbre d’une nouvelle constitution les « acquis » de la « Révolution bolivarienne » qui fait eau de toutes parts, et pas uniquement en raison du travail de sape de la droite et du patronat qui s’est retourné contre le chavisme après avoir été l’un des principaux bénéficiaires de la hausse du cours du brut pendant plusieurs années. La droite, elle, sous couvert de défense de la « démocratie », défend un programme absolument néo-libéral. Ce n’est pas un hasard si elle est appuyée par tous les gouvernements réactionnaires d’Amérique latine, à la botte de Washington.

« La classe ouvrière a besoin d’un agenda propre, souligne Arias, pour trouver une issue à la situation que traverse le pays. Il est plus nécessaire que jamais de mettre en mouvement la force potentielle du monde du travail, pour sortir de l’étau dans lequel nous nous trouvons, entre deux camps réactionnaires ». Alors que la droite promet de nouvelles manifestations, « il faut que la classe ouvrière en finisse avec la passivité, poursuit Arias. L’immobilisme aujourd’hui est imposé par les centrales et les fédérations syndicales, une partie appuyant le gouvernement, l’autre l’opposition de droite et ses « grèves citoyennes ». Cela vaut y compris pour certains groupes de gauche radicale. Même si la plupart des courants soutiennent le chavisme ou le « chavisme dissident », certains en sont arrivés à se retrouver dans le même camp que la droite au nom de la « défense de la démocratie ». C’est à cela également que l’on voit le grave problème politique, à l’extrême gauche, depuis le début du processus bolivarien. Dans le cas contraire, si le monde du travail n’était pas en capacité de sortir de sa subordination politique ou de son immobilisme, et bien c’est l’un des deux camps qui finira par imposer une « solution » réactionnaire à la crise que traverse le Venezuela.

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