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Dans les rues

Une affiche montrant Simone de Beauvoir nue censurée par le géant de l’affichage

Qui eût cru qu'une photo de femme dénudée poserait problème aux géants de la pub ? Ce n'est pourtant pas ce qui manque dans les couloirs du métro parisiens et les rues de nos villes. Mais cette fois-ci ça ne passe pas pour JC Decaux. Les fesses de Simone de Beauvoir choquent et font parler d'elles.

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Au centre de la controverse donc, une photographie de Simone de Beauvoir nue et de dos, se recoiffant devant un miroir. Lundi dans un post Facebook, Camille Lockhart, comédienne, dénonçait la censure par JC Decaux, les colonnes Morris – présentes sur les Grands Boulevards – et le métro parisien de cette image, choisie pour illustrer « Les correspondances amoureuses » la pièce dans laquelle elle joue. En quelques heures son post suscite un véritable tollé. À l’heure actuelle partagé près de 170 000 fois, il a donné lieu à de très nombreux articles dans les grands médias. Face à l’ampleur de la polémique, JC Decaux s’est défendu de toute censure. Seul un « avis » aurait pour l’instant été demandé à l’ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité), du fait du fait de « la nature dénudée de la photo ».

Belle hypocrisie quand on croise les fesses des femmes sur la moindre publicité : des voitures aux marques de luxe, en passant par l’électroménager, la lingerie, les cuisines et sites de rencontre… Le corps des femmes (retouché) fait vendre. Sans parler des affiches de cinéma, comme le rappelle les odieuses affiches de « Alerte à Malibu » qui tapissent les rues. Innombrables sont ces images misogynes, accompagnées de slogans sexistes, allant dans certains cas jusqu’à montrer des situations ressemblant dangereusement à des scènes de viol, comme sur une tristement célèbre pub pour Dolce & Gabbana de 2007.

Qu’est ce qui choque donc dans cette photo, comme le demande Camille Lockhart ? Si, on le voit, objectifier le corps des femmes à des fins commerciales ne pose de problème ni aux entreprises, ni aux instances de législation telles que l’ARPP, la photo d’une femme dévêtue uniquement pour son propre plaisir, l’est beaucoup plus. Alors qu’il y a à peine deux mois JC Decaux s’engageait « à s’assurer qu’aucune publicité à caractère sexiste ou discriminatoire ne puisse être diffusée sur le réseau municipal d’affichage ». On ne peut pas dire avoir constaté le moindre changement de ce côté-là. En revanche une des rares fois où c’est un corps de femme non retouché, non sexualisé qui est montré – et pour une production culturelle plutôt qu’un grand groupe industriel – il est stigmatisé comme impudique et on cherche immédiatement à le cacher.

Ce n’est pas la première fois que les décisions de JC Decaux, auquel le marché du mobilier urbain de Paris et en premier lieu les panneaux publicitaires a été attribué, font polémique. Il y a quelques mois c’était une campagne de prévention contre le VIH, mettant en scène des couples homosexuels s’embrassant, qu’avait fait enlever le géant de la publicité. Peu après ils avaient en revanche laissé être exposée une série d’affiches émanant de divers groupes anti-IVG, réunis dans le collectif « En marche pour la vie ». Ces publicités, également relayées par Valeurs Actuelles, Famille Chrétienne et Le Figaro, condamnaient ouvertement l’avortement et faisaient passer les femmes pour des êtres incapables de prendre une décision.

Les jours à venir confirmerons si l’affiche est effectivement censurée ou si la déferlante de réactions et d’articles à ce sujet aura des conséquences sur la décision de l’ARPP. Ironie du sort, les fesses en question sont celles de Simone de Beauvoir, grande figure du féminisme du XXème siècle.


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