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COP21

Une catastrophe environnementale au Brésil et l’hypocrisie des chefs d’État

Le 5 novembre dernier, une catastrophe environnementale sans précédent s’est produite au Brésil : cinq barrages d’eau, construits pour l’exploitation minérale, ont cédé aux environs de Mariana, dans l’État du Minas Gerais. Depuis, plus de soixante millions de litres d’un mélange toxique de terre et de métaux lourds se sont déversés dans le Rio Doce, avant de parcourir plus de 800 km jusqu’à la côte atlantique. Derrière cette catastrophe : Samarco, propriété partagée entre la grande entreprise brésilienne d’exploitation minérale Vale et son homologue anglaise BHP Billiton. Mais également le gouvernement brésilien et celui de l’État du Minas Gerais, qui ont eux aussi leur part de responsabilité. À Paris, aucune mesure n’a encore été prévue à l’encontre des responsables de cette catastrophe environnementale réunis à l’occasion de la COP21. Pablo Darbant

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Une catastrophe annoncée

Pendant que la boue se déversait, les vrais responsables se cachaient derrière un gouvernement complice des crimes environnementaux. Dans une conférence de presse, le gouverneur de l’État du Minas Gerais - Fernando Pimentel, du Parti des Travailleurs - parlait de « tragédie ». Mais étrangement, il oublia de dire que cette « tragédie » avait déjà été annoncée par une juge seize mois auparavant : la fermeture des barrages avait été requise en raison de son impact environnemental, mais celle-ci avait été ignorée par le gouverneur.

Les ouvriers intérimaires qui travaillaient dans la maintenance des barrages avaient eux aussi prévenu leurs supérieurs de cette menace. Malgré cela, toutes les alertes ont été ignorées afin de garantir les profits des entreprises propriétaires de l’exploitation minérale. Certains continuent d’affirmer qu’il s’agit d’un pur accident. « Cela est irrespectueux envers les milliers de personnes qui ont perdu leurs maisons, leurs rêves », avait déclaré C.H.E, un des ouvriers qualifiés responsables de la maintenance dans les barrages.

7,5 % du PIB issu de l’exploitation minérale

Le gouvernement semble avoir fait son choix. Il n’est pas question que les responsables d’une telle tragédie soient tenus coupables de cette catastrophe écologique sans précédent, qu’on les contraigne à dédommager les pécheurs locaux privés de leur salaire, ou même qu’ils aient à prendre en charge le relogement des familles qui ont perdu leurs maisons. En effet, 7,5 % du PIB de l’État du Minas Gerais provient exclusivement de l’exploitation minérale, c’est pourquoi les véritables responsables de la catastrophe demeurent impunis du fait de la complicité des pouvoirs publics. Le gouverneur Pimentel a d’ailleurs été jusqu’à tenir une conférence de presse à l’intérieur même des bureaux de Samarco, disculpant ainsi implicitement l’entreprise face à l’indignation populaire provoquée. Selon lui, l’entreprise était en train de « prendre en main ses responsabilités ».

Il n’est pas anodin qu’à peine vingt jours après la catastrophe, le gouverneur du Minas Gerais ait réussi à faire approuver un projet de loi qui accélère l’approbation des concessions de licences aux entreprises liées à l’exploitation minérale. Selon ce vieux projet du syndicat patronal et des entreprises, il sera possible d’installer les chantiers et de démarrer l’exploitation minérale avec une simple autorisation du gouvernement.

Quatre militants arrêtés… pour un crime environnemental !

Après la « tragédie », c’est au tour de la comédie. Comme s’il n’était pas déjà suffisamment révoltant que les entreprises responsables de cette catastrophe puissent profiter d’une impunité totale, c’est ceux qui manifestent contre cette absurdité qui sont arrêtés, et ce pour crime environnemental !

Lors d’une intervention dans les couloirs du congrès national, un groupe de manifestants du MST (Mouvement des Sans Terre) a décidé d’utiliser de la boue afin de dénoncer les crimes de l’entreprise Vale, et de manifester son soutien aux victimes. Quelques phrases ont été écrites sur les murs avant que la police n’intervienne. Cela a suffit pour que quatre militants prennent jusqu’à quatre ans de prison ferme. Et ce après avoir été accusés de crime environnemental !

Le silence complice de la COP21

En ce moment même à Paris, tout est fait pour ne surtout pas perturber le déroulement de la COP21. Et comme au Brésil, ce sont des militants qui sont arrêtés : il ne faut surtout pas dénoncer la politique des gouvernements et son impact sur l’environnement.

Si un scandale de cette ampleur n’est pas le premier à éclater, la catastrophe de Mariana met encore plus en évidence le fait que les questions environnementales sont toujours prises en otage par les intérêts économiques. La question écologique aura beau être au cœur de la scène médiatique ces prochaines semaines, les actionnaires de l’entreprise Vale n’auront pas pour autant de raison de s’inquiéter. Ou du moins, pas à propos de ce qui pourra résulter de la COP21.


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