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Mouvement social à Londres

Une grève massive paralyse le métro londonien

Ivan Matewan Le personnel du métro londonien s'est mis en grève ce mercredi après l'échec des négociations sur les salaires et les conditions de travail entre London Underground et les quatre syndicats du réseau. Plus de 20 000 salariés participent à la grève qui a débuté hier soir à 18h30, et se terminera ce soir à 21h30. Il s'agit de la plus grande grève du réseau londonien des transports depuis 2002

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Plus de 20 000 travailleurs du réseau Transport for London (TfL) ont débrayé jeudi 7 juillet, arrêtant ainsi le trafic sur les 11 lignes de métro et plus de 270 stations à travers la ville. Les quatre syndicats – RMT, TSSA, Unite et ASLEF – avaient appelé à la grève après que les négociations avec la direction du métro sur une augmentation salariale avant le lancement du métro de nuit (pour assurer un service 24h/24) en septembre prochain n’aient pas abouti à un accord satisfaisant. Le personnel se préoccupe du nouveau dispositif de travail que TfL souhaite mettre en place, lequel obligerait les salariés à travailler la nuit sans aucune limite.

Cette grève intervient après l’échec de cinq mois de négociations. La direction a fait lundi une dernière offre, une augmentation de 2% et une prime de 2 000 £ pour les salariés travaillant la nuit. Les syndicats ont considéré dans leur ensemble que cette offre n’était pas à la hauteur.

Dans un communiqué, le syndicat RMT affirme que l’action « est une réponse aux conséquences des 4,2 milliards de livres de coupes budgétaires imposées par le gouvernement et la mairie de Londres. Les membres de nos quatre syndicats ont voté de manière écrasante en faveur d’une grève, avec plus de 90 % pour le oui et une participation de plus de 50 % (sensiblement supérieure aux 24 % obtenus par le gouvernement conservateur lors des dernières élections parlementaires). Les grévistes s’opposent aux exigences de London Underground qui veut qu’on accepte de travailler de plus en plus la nuit et les week-end. Ils ont fait de l’acceptation de cette exigence la condition pour toute augmentation salariale dans les deux ans à venir. » Ils expliquent plus loin dans le même communiqué que l’augmentation proposée « est en fait en dessous de l’inflation, ce qui, en termes réels, revient à une baisse. La proposition augmenterait les salaires de 225 £ par an pour les plus bas salaires et 450 £ pour les plus hauts, comparez cela à l’augmentation de 7 000 £ par an [10%] que les parlementaires viennent de s’octroyer. »

La grève touche également les millions de passagers qui prennent le métro tous les jours. La direction du réseau a annoncé la mise en service de plus de 200 bus de plus et le renforcement des trajets sur la Tamise. Dès l’annonce de la grève mardi, les médias n’ont pas hésité à représenter les salariés du métro comme des gens avides et prêts à tout pour carotter de l’argent à TfL, ou à diffuser des images du « chaos » créé par « la prise en otage » de la ville par les grévistes. Affirmant que le métro de nuit apporterait plus de 6,4 milliards de livres à l’économie de la ville, le maire de Londres, le conservateur Boris Johnson, a dénoncé cette soi-disant « prise en otage ». De l’autre côté, le parlementaire Jeremy Corbyn, candidat à la direction du Parti travailliste, a introduit à la Chambre des députés une motion dénonçant le « traitement scandaleux des travailleurs du métro ». Le parlementaire a également appelé Johnson à retirer l’imposition du travail de nuit qui pèse sur ces derniers.

Loin des récits fantasmés des médias, le personnel du métro londonien se bat en effet non seulement contre le travail de nuit illimité, mais aussi ses graves conséquences sur leur santé physique et psychologique ainsi que leur vie de famille et sociale. Au-delà des revendications salariales, ils luttent en dernière instance, selon les mots de Seb Michnowicz, conducteur de métro et syndicaliste à ASLEF, « pour le droit d’avoir une vie en dehors du travail. »

En attendant, la société de taxis Uber, dont les pratiques de requin ont suscité il y a peu en France une colère des taxis qui a défrayé la chronique, et dont deux de ses patrons ont été mis en garde à vue fin juin pour suspicion d’« organisation illégale » dans la mise en relation des clients et de contournement de la loi en matière de charges sociales, en a profité pour tripler ses tarifs. Les clients ne manquent pas de se plaindre de cette escroquerie. A l’évidence, ce sont les patrons voyous qui prennent les usagers en otage, pas les travailleurs qui luttent pour des conditions de travail, qui conditionnent directement la qualité et la sécurité des transports publics, et d’existence un minimum dignes.


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