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Rencontre Macron-Merkel

Macron tente d’apparaître comme le « leader des progressistes » européens

Vendredi 7 septembre à Marseille, Emmanuel Macron reçoit Angela Merkel, la chancelière allemande. Cette rencontre s'inscrit en plein dans la campagne pour les élections européennes, déjà lancée pour Macron, mais aussi dans des contextes de crise tant pour Macron que pour Merkel. Le président des riches, des magouilles, de la répression et des politiques anti-migrants joue la posture du leader des « progressistes » face à l'extrême-droite européenne, tentant de rejouer le scénario qui avait déjà été celui de la présidentielle en 2016, mais cette fois à plus grande échelle.

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Cela fait déjà quelques semaines qu’Emmanuel Macron a lancé sa campagne pour les élections européennes, rencontrant ses principaux alliés potentiels luxembourgeois, belges et néerlandais, mais aussi danois et finlandais. C’est donc également un des enjeux de sa rencontre avec Angela Merkel ce vendredi 7 septembre à Marseille. Pour le président français, il s’agit de bâtir ce qu’il appelle un « arc progressiste », possiblement autour d’En Marche !, qui s’opposerait à la ligne d’extrême-droite anti-migrants qui se développe actuellement en Europe. Affaibli et au plus bas dans les sondages en cette rentrée politique, Macron tente de se raccrocher à la dynamique qui l’a porté au pouvoir. C’est ainsi qu’il tente de se présenter comme le « leader des progressistes » face à des candidats d’extrême-droite, nationalistes et racistes.

De son côté, Angela Merkel est aussi en position de faiblesse : pour la première fois, son autorité est sévèrement contestée par une crise politique à sa droite. On pense aux récentes manifestations réactionnaires en Allemagne, mais aussi à la dégradation des relations entre la chancelière et son Ministre de l’Intérieur. Ce dernier, issu de la CSU, parti très conservateur et traditionnellement allié de Merkel, avait menacé de démissionner début juillet si la chancelière n’acceptait pas ses exigences en matière de contrôle aux frontières, la forçant à faire un compromis. Il affirmait récemment que « la question migratoire est la mère de tous les problèmes », mettant en difficulté Merkel qui tente de maintenir un discours modéré.

La position de faiblesse de Merkel pourrait être un atout pour Macron afin de se placer réellement en « leader » dans sa démarche qui consiste à se placer dans le camp des « progressistes » europhiles. Macron appuie sur les contradictions de Merkel pour tirer la couverture de son côté et grappiller des réformes sur la zone euro pour faire de la France la place forte de l’impérialisme européen à l’heure où le Brexit met hors-jeu la Grande Bretagne.

Toutefois, il n’est pas dit que Merkel accepte le petit jeu de Macron en s’opposant à l’Europe centrale.

Premièrement. L’Allemagne a un intérêt économique direct dans les pays d’Europe centrale où elle peut exporter ses capitaux et bénéficier d’une main d’oeuvre bon marché comme cela est particulièrement le cas en Hongrie. Rentrer ouvertement en conflit avec la bourgeoisie nationale des pays d’Europe centrale pourrait déstabiliser d’autant plus l’Allemagne, déjà durement frappée par la guerre commerciale de Trump.

Secondement. D’un point de vue plus électoral, le parti d’Angela Merkel est membre du PPE, parti populaire européen, plus importante coalition du Parlement Européen qui compte dans ses rangs le parti d’Orban lui-même. D’un point de vue tactique donc, il n’est pas donné que Merkel se prive d’Orban, d’autant que celui-ci jouit d’une dynamique qui verra probablement son parti renforcé par les élections européennes.

Comme le résume Henri Ménudier, professeur à l’université Paris-III : "Ce qui inquiète Angela Merkel, c’est de voir que l’Europe de l’Est est en train d’être marginalisée. Emmanuel Macron semble en avoir pris son parti et souhaite surtout mobiliser ses partenaires à l’ouest. A l’inverse, l’Allemagne ne veut pas se couper de l’Europe centrale... Elle y a un autre intérêt, plus politicien. Qui est une autre source de désaccord avec Paris. Macron voudrait qu’il y ait un nouveau rapport de force au parlement européen ; Merkel, elle, tient à conserver le parti d’Orban au sein du groupe du Parti populaire européen (PPE, droite), car cela lui permet de maintenir sa position de force au parlement".

Cependant, il apparaît de plus en plus clair que si la ligne de Macron n’est pas la même que celle d’un Orban ou d’un Salvini, le traitement des migrants en France n’est pas exactement ce que l’on pourrait qualifier de progressiste (on pense notamment à la Loi Asile et Immigration ou aux nombreux cas de répression envers les migrants). La ligne défendue par Macron et ses alliés lors des élections européennes est en réalité plutôt celle du multilatéralisme et de l’Europe du grand capital face aux partisans d’une Europe des capitalistes nationaux.

Mais le pari est risqué pour Macron, en cas d’échec, de rassembler derrière lui les franges « progressistes » de la bourgeoisie européenne. Car il n’est pas dit que Macron réussisse le même tour qui lui avait réussi lors de l’élection présidentielle de 2016 : il n’est pas certain que cette posture réussisse cette fois à sauver un Macron très affaibli, qui apparaît de plus en plus comme le président des riches et des magouilles.

Crédits photo : © Michael Kappeler/ZUMA Press/ZUMA/REA/DPA


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