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Fac en lutte

Université Bordeaux Montaigne : après la mobilisation du 5 mars, la répression du mouvement !

Ce jeudi 5 mars, à l’appel de la coordination des facs et labos en lutte, l’Université Bordeaux Montaigne, seul campus qui n’était pas en vacances sur la métropole girondine, a participé à la journée fac morte pour manifester la colère et l’opposition aux projets de réformes comme la LPPR qui détruisent l’Université publique et la réforme des retraites. Suite au 5 mars, la présidence de l’Université a pris des mesures radicales pour réprimer la mobilisation

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Contre la réforme de la LPPR (Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche) : défendre l’Université publique

Pour cet appel national à arrêter l’enseignement supérieur et la recherche, le comité de mobilisation étudiant, en lutte depuis plusieurs mois suite à l’immolation d’Anas qui dénonçait la précarité étudiante, a posé aux côtés des BIATTS, des doctorants et des enseignants chercheurs la nécessité de faire de cette journée une réussite. Une perspective qui a rassemblé les mobilisés : offrir un cadre pour un mouvement de l’enseignement supérieur capable de peser dans la bataille contre les réformes néolibérales qui nous attaquent, aux côtés des autres secteurs en lutte contre la réforme des retraites.

C’est ainsi qu’ont été pensées des activités sur le campus pour accueillir les étudiants et présenter les raisons et l’importance de la mobilisation, mais aussi une manifestation en centre-ville, et une soirée inter-secteur de soutien à la lutte. La matinée sur le campus comprenait un petit-déjeuner solidaire et un repas du midi également gratuit. Mais aussi tout un cycle de conférences qui visaient à informer et mobiliser les membres de l’université. Puis l’après-midi une manifestation au rectorat, et enfin une soirée de soutien à la lutte inter-secteur sur le campus animé par plusieurs groupes de musique et accompagné d’un repas solidaire. Cette journée a été beaucoup appelée par les enseignants-chercheurs à l’origine de la coordination nationale, convaincus de la possibilité d’en faire une journée forte sur les facs en y entraînant leurs étudiants. A Bordeaux Montaigne, la journée a été conçue par les différentes corporations de l’Université, dans une coordination intelligente entre personnels, enseignants, doctorants et étudiants ; ce qui montre le besoin et l’envie de s’unir contre le gouvernement et ses réformes.

L’opposition à la LPPR (Loi de Programmation Pluriannuel de la Recherche) qui supprimera, entre autres, le statut de Maître de conférence et précarisera l’enseignement par une mise en concurrence à tous les niveaux : entre enseignants, entre les universités, etc. Une opposition à la réforme du CAPES qui elle aussi fera baisser le niveau général de l’enseignement en France. Avec une minoration du contenu disciplinaire, le concours fera des enseignants, jusque là détenteurs d’une certaine connaissance, des animateurs pédagogiques dépendants des autorités ministérielles qui tendent, comme le montrent leurs choix d’investissement, à une homogénéisation des esprits par le bas. C’est donc contre le développement d’instituts privés et élitistes et pour la défense d’une Université publique, gratuite pour toutes et tous que se mobilise l’ESR (Enseignement Supérieur et Recherche) ainsi que les étudiants. 

Répression administrative et syndicale par la présidence

La présidence de Bordeaux Montaigne a beau se revendiquer de gauche et contre la LPPR, elle joue, en réalité un double jeu qui cherche à morceler le mouvement, le contenir pour mieux l’endormir. Tout d’abord lors d’une AG des enseignants le lundi 2 mars, la présidence annonce qu’elle venait d’envoyer un mail à l’intention de toute l’Université : prenant position contre les réformes, elle a décidé d’avertir tout un chacun qu’il n’était pas utile de venir le jeudi 5 mars à l’Université. Or la journée de mobilisation avait un tout autre but : élargir la mobilisation aux masses et construire ensemble le mouvement par une stratégie gagnante et des revendications pour celle-ci.

Dans un mail suivant le 5 mars, elle déclare ses positions et les nouvelles dispositions concernant la mobilisation. En effet, les étudiants mobilisés depuis le début de l’année contre la précarité et les réformes à l’Université défendent une Université ouverte à tous et toutes ; c’est en réalité cela que la présidence déplore et non les « actes inadmissibles » qu’elle dénonce. Quant aux faits, que s’est-il réellement passé ? La journée du 5 mars des tags ont été inscrits sur les murs pour dénoncer la situation de précarité sur le campus, les risques d’agressions sexuelles et les non-mesures pour y remédier, la casse de l’université publique. La présidente considère que ce sont des dégradations ; or il ne s’agit en rien de traces pouvant nuire au bon déroulement des cours, au contraire c’est la visibilisation de causes que nous devons dénoncer et autour desquelles nous devons nous mobiliser. La présidence, qui s’affirme pourtant de gauche, a déclaré aux étudiants mobilisés que ces tags ne pouvaient pas rester sur les murs de la fac et qu’elle prendrait donc des mesures pour qu’ils disparaissent et que cela ne se reproduise plus. Pourtant, une semaine auparavant, des tags de l’UNI (syndicat étudiant d’extrême droite) ont recouvert la fac et la présidence elle-même n’a pris aucune mesure contre eux, ce sont les étudiants mobilisés eux-mêmes qui ont dû effacer les tags. 

La somme annoncée de 17000 euros de réparations paraît grotesque au vu des faits. Sont incluses dans ce calcul des dépenses liées à la réparation de l’amphithéâtre qui a été, il y a peu, refait à neuf. Pour les réparations il ne s’agit que du changement d’un tapis taché, de la peinture de murs tagués et de tables gravées. L’hypocrisie est donc flagrante quand on connaît l’état des établissements publics. En réalité cet amphithéâtre a été refait dans le cadre d’une opération de désamiantage avant que son toît ne s’ écrase les étudiants. C’est d’ailleurs à de lourdes opérations de ce type que seront exposés les bâtiments de l’université l’année prochaine. On voit encore toute la logique de ce système où ce sont les classes populaires qui paieront les frais de l’amiante qu’ils inhalent. Si l’argent de l’université nécessite de gros investissements ce n’est sûrement pas à cause des étudiants mais bien de la situation dégradée du service public. 

Concernant ces dégradations la présidence a menacé les étudiants mobilisés d’une poursuite en Justice contre X. Cette dernière, étant donc en crise face à la mobilisation, s’empare de la justice pour se sauver. De la même manière que durant le mouvement des Gilets Jaunes et de la grève contre la réforme des retraites, Macron et son gouvernement, ne parvenant pas à résoudre la crise, s’est accroché à un pouvoir qui ne tenait plus qu’à sa police, sa politique répressive et aux nombreux procès arbitraires qui s’en sont suivi.

L’après-midi même du 5 mars un mail de la DGS menace les personnels administratifs d’une perte de salaire s’ils se rendaient à la manifestation. Pourtant il avait été négocié avec la présidence le droit pour les personnels de se rendre aux événements de ce 5 mars, sans risquer pressions ou sanctions. D’une part, les personnels précaires ne peuvent pas se déclarer en grève de manière isolée car ils sont contraints par des réalités économiques, de l’autre la présidence, qui s’était engagée à dépénaliser le personnel mobilisé, mène une politique de répression administrative et syndicale sur les travailleurs de l’Université qui voudraient s’organiser dans la bataille contre ces réformes. 

Suites du 5 mars et de la mobilisation à l’Université

On voit bien que la présidence a beau se revendiquer de gauche, jamais elle ne pose la question d’une stratégie gagnante. Mais c’est normal ce n’est pas dans son intérêt, il vaut bien mieux pour elle éviter un débordement contestataire légitime avant la fin de son mandat et pour la suite de sa carrière. Son opportunisme à tenter de manipuler la mobilisation ne trompe plus personne et malgré ses tentatives de dissuasion, le 5 mars a rassemblé du monde, créé des contacts, et donné des perspective intéressantes pour la suite. Et bien que ses attaques soient d’envergure, la colère s’amplifie.

Il est certain qu’après le 5 mars, il n’était pas question de reculer mais de continuer l’offensive. C’est cette radicalisation dans l’enseignement supérieur qui se prépare en cherchant à dépasser la mobilisation corporatiste contre la LPPR pour se lier à celle des retraites et ensemble vaincre le capitalisme. Si le départ de feu dans les universités est lié à une attaque particulière de l’enseignement supérieur et de la recherche au travers de la LPPR, la coordination appelait, le 5 mars, à une contestation en premier lieu de la réforme des retraites. Au-delà des revendications qui demandent la protection de l’université publique, on sent naître une remise en question plus systémique du gouvernement et de ses projets au travers de la critique de la réforme, de son passage en force par l’usage du 49.3, et de l’analyse des politiques néolibérales... Reste maintenant à définir quelle stratégie offensive nous mettrons en place, à l’échelle nationale et locale, contre les tentatives de répression du mouvement étudiant par la police et l’institution universitaire, et contre toutes ces réformes.


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