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Répression

Université d’Aix-Marseille : la présidence envoie les CRS pour déloger les occupants

Ce mardi, la présidence a envoyé les CRS déloger les occupants du site Robert Schuman de l’Université d’Aix Marseille. Cette décision montre une fois de plus sa vraie politique, qui consiste à organiser la répression des luttes et d'en faire payer les conséquences à tous les étudiants.

Raji Samuthiram


et Anna Nolite

20 avril 2023

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Université d'Aix-Marseille : la présidence envoie les CRS pour déloger les occupants

Crédits photo : Révolution Permanente

Le matin du 18 avril, la présidence d’Aix-Marseille Université a appelé les CRS pour déloger les occupants de l’amphithéâtre Guyon à la faculté Robert Schuman. Une cinquantaine de policiers est arrivée aux alentours de 7 heures du matin et a procédé à une expulsion violente, ciblant notamment un étudiant étranger et cassant des fenêtres. L’université a franchi un cap en faisant intervenir la police qui a expulsé l’occupation. L’université d’Aix-Marseille qui se targue d’être « socialement engagée » montre ainsi sa vraie politique : isoler la mobilisation en fermant les campus, et envoyer la police pour expulser les militants.

Depuis le 21 mars, les étudiants du campus d’ALLSH (Arts, Lettres, Langues et Sciences Humaines) d’Aix-en-Provence occupaient l’amphi Guyon sur décision de l’Assemblée Générale étudiante tenue ce jour. Cette occupation s’inscrit dans le mouvement contre la réforme des retraites, et a été impulsée suite aux réquisitions des grévistes du site pétrolier de Fos-sur-Mer. Depuis cette date, de nombreux ateliers, conférences, et AG ont eus lieu en son sein, créant un espace dédié à la lutte au cœur de la fac.

Depuis, les étudiants mobilisés ont étendu leurs revendications pour exiger notamment la validation de l’année universitaire pour tous avec la mise en place du 10 améliorable, le retrait des plateformes Parcoursup et MonMaster, et la suppression de l’impôt étudiant CVEC.

Une fermeture administrative qui pénalise tous les étudiants

Dans la nuit de lundi 10 à mardi 11 avril, les étudiant.es ont entamé un blocage de certains bâtiments de la fac, suite à quoi la direction a décidé de fermer administrativement le campus et d’interdire l’enseignement à distance, empêchant tous étudiant.es et personnel de venir sur l’université, de travailler, d’étudier et de s’organiser. Certains ont perdu du salaire, ou ont été mis sous pression par leurs professeurs par rapport à leur contrôle continu et leurs examens de fin de semestre.

Alors que la décision de fermer le campus a plongé les étudiants dans une période d’incertitude et d’anxiété par rapport aux partiels et aux emplois sur le campus, la direction s’est obstinée à remettre la faute sur la mobilisation sociale sur le campus. Une rhétorique reprise par l’Unef, qui aurait demandé le déblocage. Mercredi soir, la doyen de la faculté a ainsi envoyé un mail à l’ensemble de l’université pour déclarer la fermeture du campus, en prétextant des risques de sécurité. S’ajoute à cela un communiqué de la direction de l’UFR ALLSH, dans lequel elle réaffirme « son attachement au dialogue, à la place du débat citoyen et à l’expression de la pluralité. »

De la même manière, un nouveau groupuscule, relativement anonyme mais se présentant sous le nom de collectif Robert Schuman (du nom de la faculté) a profité de l’inquiétude des étudiants et personnels pour relayer dans un mail les éléments de langage classiques des sphères réactionnaires pour attaquer le mouvement social, agitant notamment le spectre d’un campus fermé « devenu Bastille » qu’il faudrait reprendre à un groupe extrémiste.

Cet enfumage en règle masque mal la réalité : la répression administrative est du seul fait de la direction, qui en plus de pénaliser les étudiants vise à freiner toute participation au mouvement social en cours, alors que les AGs jusqu’ici réunissaient des centaines de personnes. De plus, alors qu’elle remettait la faute sur les occupants de l’amphi pour les conséquences de sa propre décision, la direction s’est jusqu’ici abstenue de s’exprimer publiquement sur la présence des militants d’extrême-droite sur la faculté, notamment dans l’UNI, pourtant présents en nombre depuis le début de la mobilisation, et qui sont arrivés à plusieurs reprises en AG et à l’occupation pour tenter d’intimider les étudiant.es mobilisés. Une expression claire des priorités de l’administration, plus zélée à organiser la répression des luttes qu’à fournir les meilleures conditions d’études possibles à leurs étudiants ou combattre l’extrême-droite sur son université.

Réprimer pour freiner la mobilisation

Le 18 avril, le président d’Aix-Marseille Éric Berton a finalement pris la décision de faire intervenir les CRS sur le campus. Ces derniers ont particulièrement ciblé un étudiant étranger qu’ils ont pris à partie. La scène filmée puis diffusée dévoile la violence de l’expulsion. On y voit deux policiers qui saisissent ses pieds et ses mains, puis le soulevant brusquement jusqu’à la sortie du site où il a été pratiquement jeté sur le trottoir.

Par sa décision, la présidence d’Aix-Marseille main dans la main avec le gouvernement s’attaque aux mobilisations. Une fois de plus, la présidence de l’université démontre de quel côté elle est engagée. L’année dernière, déjà il avait fallu engager un véritable bras de fer pour contraindre l’université d’inscrire les étudiants réfugiés africains en provenance d’Ukraine, et de ne pas respecter la circulaire raciste du gouvernement qui les excluait. Aujourd’hui, alors que la présidence se cache derrière des prétextes de « sécurité » pour justifier ses décisions, c’est plutôt la répression administrative et les politiques néolibérales appliquées à l’enseignement supérieur, consistant à accélérer la sélection sociale, qui sont les premiers responsables de la détresse des étudiants aujourd’hui.

Que ce soit par les poursuites judiciaires contre des lycéens de Racine à Paris ou par les interventions par la police et la présidence à Paris 3 la semaine dernière et dans de nombreuses autre facs depuis le début du mouvement social, ces actes de répression sont une constante sur tout le territoire pour juguler le mouvement étudiant. Mais cet acharnement ne saurait bâillonner la jeunesse qui relève la tête et exige autre chose qu’une vie vouée à se tuer à la tâche pour un système qu’ils leur apparaît de plus en plus comme insoutenable.


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