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En pleine polémique sur la venue de Greta Thunberg…

Urgence climatique : l’Assemblée Nationale préfère ratifier le CETA

Malgré la forte opposition qu’a suscité ce traité de libre échange de par ses conséquences néfastes sur les classes populaires et sur le climat, l’Assemblée Nationale a approuvé ce mardi 23 juillet le projet de loi autorisant la ratification du CETA.

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Ratifié par le parlement européen en février 2017, 95 % du contenu du CETA (Accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada) est entré en vigueur de manière provisoire, dans l’attente de sa ratification par l’ensemble de pays membres. Les négociations ont commencé il y a huit ans, avec l’ambition de réduire les droits de douane des parties et d’harmoniser les règles commerciales entre l’Union Européenne et le Canada, ouvrant le passage des produits agricoles nord-américains en Europe. La Commission européenne (CE) le définit comme « l’accord le plus ambitieux négocié jusqu’à présent par l’UE », mais ses détracteurs le considèrent comme le « cheval de Troie » de l’accord de libre-échange et d’investissement avec les États-Unis (TTIP), qui pourrait générer beaucoup plus de contradictions entre les vingt-huit membres de l’UE. Le CETA cherche à établir de véritables traités de « libre exploitation » répondant aux aspirations du capital impérialiste, dans le but d’unifier les marchés américain et européen. Un marché qui représente pas moins de 60% du PIB mondial.

Très loin des considérations de la majorité des députés, il y a les inquiétudes des millions de travailleurs et des classes populaires qui seront touchées par sa signature. Si ce traité – qui constitue le fer de lance d’une nouvelle offensive capitaliste transnationale dans le contexte de la crise de l’économie mondiale – est approuvé, cela va impliquer un nouveau recul des conquêtes remportées depuis des décennies par la classe ouvrière dans le monde entier.

En effet, l’objectif du CETA c’est avant tout permettre aux multinationales européennes et canadiennes de conquérir de nouveaux marchés, au détriment de toutes considérations environnementales, sanitaires et sociales. Introduction de produits contenant des pesticides interdits en Europe, poisson OGM, bétail nourri à la farine animale (avec l’amnésie collective sur le scandale sanitaire de la « vache folle » des années 1990). Mais aussi possibilité pour les entreprises de faire pression pour une nouvelle législation, en nivelant par le bas tout un ensemble de réglementations, en facilitant l’accès pour de grandes multinationales à des marchés publics…

De ce fait, le CETA a suscité depuis le début une forte opposition des citoyens des différents pays participants, qui lui objectent, à juste titre, que le libre-échange va surtout bénéficier aux grandes multinationales impérialistes (aussi bien nord-américaines, qu’européennes, en particulier françaises et allemandes) et leur permettre d’imposer de plus mauvaises conditions aux travailleurs. La ratification du CETA avait déjà été reportée en octobre 2016 en raison de l’opposition de la Wallonie, qui exigeait davantage de garanties en matière de travail, de protection de l’environnement et de normes de consommation, ainsi qu’une plus grande protection pour les agriculteurs qui feront face à la nouvelle concurrence des importations canadiennes. Ce blocage fut cependant temporaire et le processus de ratification rapidement repris.

L’Assemblée Nationale ratifie l’offensive contre les classes populaires et le climat

Malgré ces controverses et l’opposition généralisée, ce mardi 23 juillet, l’Assemblée Nationale a approuvé par 266 voix contre 213 le projet de loi autorisant la ratification du CETA. L’ensemble de la gauche ainsi que LR et UDI se sont majoritairement opposés au texte, tandis que 243 députés de LREM ont voté pour.

La ratification de ce projet de loi s’est produite en plus dans un contexte particulièrement tendu avec la polémique autour des « vaches folles » – risque qui revient avec ce nouveau traité – et les insultes que quelques députés ont dirigé ce mardi contre la jeune activiste pour le climat, Greta Thunberg, qui souhaitait informer l’assemblée des risques environnementaux qu’entraine le CETA.

Thunberg, qui avait été invitée par le député non inscrit, Matthieu Orphelin, est venue parler aux députés des risques qu’entrainait le traité de libre-échange pour la planète. Cependant, la jeune activiste qui a été à l’initiative des grèves scolaires pour le climat s’est faite insulter et mépriser par des députés de LR et LREM. Guillaume Larrivé, en campagne pour la présidence de LR lançait ce samedi : « J’appelle mes collègues députés à boycotter Greta Thunberg à l’Assemblée nationale. Pour lutter intelligemment contre le réchauffement climatique, nous n’avons pas besoin de gourous apocalyptiques, mais de progrès scientifique et de courage politique. » De son côté, Julien Aubert, aussi en campagne pour la présidence de LR, a remis une couche sur les déclarations de son collègue en appelant Greta « prophétesse en culotte courte ».

Le député LREM de Paris, Sylvain Maillard s’ajoutait au mépris de la lutte des jeunes pour l’écologie en lançant sur Twitter : « Ce que je dénonce, c’est que mes héros à moi ne sont pas comme Greta, ce sont des agriculteurs, des chefs de PME qui essaient de trouver des solutions ». « Les jeunes ont raison de nous interpeller mais ensuite, il faut être dans l’action. J’espère qu’on ira au-delà de la simple interpellation. », « Faire la grève de l’école, quel triste symbole ».

A cette polémique s’ajoutait la controverse autour des farines animales, interdites actuellement en Europe à cause du scandale sanitaire des « vaches folles ». En effet le CETA permettra que la viande des bœufs canadiens nourris avec des farines animales arrivent aux consommateurs européens. Malgré les efforts du gouvernement pour démentir ce fait, les autorités canadiennes ont bien affirmé que « la législation canadienne autorise l’utilisation de certaines protéines, comme les farines de sang et la gélatine » pour nourrir les bœufs. Même si les membres de LREM ont essayé de diminuer les conséquences de ce fait, 20 ans après l’épidémie des « vaches folles », l’UE préfère toujours bannir l’utilisation de ces farines pour éviter des risques.

Si sur le plan national, la politique du gouvernement consiste à organiser la casse du service public, des retraites et du chômage en même temps qu’il prépare des énormes cadeaux fiscaux à la bourgeoisie, sur le plan international sa politique se maintient à l’identique : faire bénéficier les grands capitalistes internationaux en intensifiant les conditions d’exploitation des travailleurs des différents pays et la prédation de l’environnement.


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