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Ils n’ont pas dit leur dernier mot…

Usine SIDEL : On lâche rien ! Interview de Reynald Kubecki, délégué CGT

Ils ont baptisé leur piquet de grève « Sidelix », en référence aux « irréductibles gaulois » qui résistent depuis maintenant dix jours, et ne sont pas prêts à se rendre. A l’usine SIDEL d’Octeville-sur-Mer près du Havre, qui fabrique des machines de mise en bouteilles en plastique, les employés mènent une lutte courageuse depuis que leur a été annoncée la suppression de plus de 200 postes en septembre. Le mouvement a pris de l'ampleur avec le blocage de l’usine depuis le 14 décembre, organisé sous forme de grève tournante avec piquet permanent.

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La lutte des SIDEL est exemplaire par bien des aspects, et notamment parce que les travailleurs sont déterminés à se battre contre l’ensemble des licenciements. Elle compte sur le soutien indéfectible de la population et destravailleurs de la région, qui sont venus tous les jours apporter leur "Sidelarité" sur le piquet, apportant de la nourriture, de la bonne humeur, de la musique, des danses et des sourires. Cette ambiance festive est venue renforcer la combativité de ceux qui n’acceptent pas d’être licenciés alors même que leur usine engrange des bénéfices faramineux.

Ce mercredi, les travailleurs ont voté en AG une suspension de la lutte pour les quelques jours de fêtes de fin d’année à venir. Pour autant, cette trêve n’est que momentanée et ils sont plus que jamais déterminés à ne rien lâcher ! Nous avons interviewé Reynald Kubecki, délégué syndical CGT-Sidel et secrétaire de l’Union locale CGT du Havre, au sortir de l’AG.

Révolution permanente. Comment se sont passées vos dernières négociations ?

On a rencontré le nouveau PDG. Il a fait des concessions qui sont insuffisantes pour nous, on en est tous persuadés. Le débat n’a même pas eu lieu parce qu’il y a encore 111 postes supprimés.
Il a dit « J’arrive dès mi-janvier, j’installe mon bureau ici, on va discuter ». Donc on va lui laisser au moins le bénéfice du doute, et on attend de voir ce qu’il va nous annoncer. On a des discussions qui sont toujours en cours sur les postes, on a d’autre postes à gagner, c’est pas fini, on attend encore des réponses de la direction aujourd’hui.
On se pose surtout la question de la pérennité du site parce que là, avec 111 postes supprimés on n’est pas garantis que l’avenir soit assuré pour le site et pour le groupe.
On a reprécisé au PDG qu’on ne voulait rien lâcher, zéro licenciements secs, zéro suppressions de poste, et donc là en AG ce matin, les employés ont voté à 91% une suspension le temps des fêtes, et a 5% le maintien du blocage. Et au retour des fêtes on fera une nouvelle AG pour voter la reprise de la lutte. C’est bien, ça veut dire qu’il y a près de 96% des salariés qui sont déterminés à ne rien lâcher.

RP. Comment se déroule la lutte ?

Certains employés vont être un petit peu mélancoliques pendant les fêtes parce qu’ils ont appris ce que c’était la lutte, et puis ils ont découvert une autre facette de l’entreprise, ce n’est pas être seulement derrière sa machine, son bureau. C’est aussi pouvoir renouer des liens ou même créer complètement des liens qu’on n’a jamais eus entre salariés, parce que la boîte est sur plusieurs dizaines d’hectares, avec 7 bâtiments qui sont divisés sur le site. Comme dit le vieil adage, « erdivisé pour mieux régner » : c’est tout à fait ça. Les gens se croisent, ils ne se connaissent pas pour la plupart, et là ce qu’on a montré aussi c’est qu’on était capable, chez SIDEL, de se rassembler autour d’un même but, d’un même idéal, d’un même objectif. Et malgré les intempéries, on a réussi à se rassembler, à faire la fête et à essayer de construire des choses ensemble et ça c’est beaucoup !

RP. Vous avez reçu beaucoup de soutien, pouvez-vous nous en parler ?

On a beaucoup de soutiens. Un artiste, Alexandre Delaunay, qui nous a fait une jolie fresque et qui nous soutient régulièrement ; les dockers, les commerçants qui ont apportés tous les jours des denrées pour que l’on puisse tenir ; des prestataires de service du site qui sont venu aussi nous ravitailler régulièrement.
La solidarité continue parce que ça, c’est juste une trêve pendant les fêtes. La première semaine de janvier on aura des discussions et en fonction de comment se comporte la direction, si on sent qu’on obtient rien de plus, on y retourne ! Ce n’est pas planifié, c’est les salariés qui décident, on fera une AG et on décidera ensemble comme on l’a fait depuis le début.

Propos recueillis par Maryline Dujardin


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