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« Je ne vais pas me positionner »

VIDEO. Au Havre, Ruffin refuse de soutenir la famille d’Adama Traoré

Ce jeudi 21 septembre, après la manifestation contre les ordonnances, un meeting de lutte était organisé au Havre. Interpellé sur le dossier Adama Traoré, François Ruffin a jeté un froid, en refusant de soutenir la famille et en expliquant ne pas être « intimement convaincu » de la version portée par Assa et sa famille.

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Crédits photos : Pascal Colé

Lors du meeting du Havre ce jeudi 21 septembre, et alors que le débat porte sur la question des violences policières, Youcef Brakni, militant de Seine Saint Denis, offre un t-shirt « Justice pour Adama » au député Insoumis François Ruffin. « J’espère qu’il le portera à l’Assemblée Nationale et pourra interpeller le ministère de l’intérieur sur le cas d’Adama Traoré » explique ce militant contre les violences policières sous les applaudissements de la salle, comble pour l’occasion.

François Ruffin demande à prendre la parole. « J’ai attendu un appel [de la famille Traoré] et il n’est jamais arrivé » explique-t-il en guise d’introduction, comme pour se dédouaner par avance, mettant en avant un article paru sur le journal Fakir. Balbutiant, François Ruffin se lance alors dans une tirade pour le moins embarrassante, et qui déclenchera les huées de la foule. « Moi, je crois à l’enquête d’abord. Aujourd’hui, je suis sensible aux propos car j’ai publié un papier mais je ne vais pas me positionner avant d’être intimement convaincu. Je veux faire mon travail. En toute matière, je mène l’enquête d’abord. Ce à quoi je peux m’engager, c’est vous recevoir pour que vous me filiez les preuves et que je mène l’enquête pour que j’en sois intimement convaincu ».

Des preuves, il y en a pourtant à foison, ce qui rend d’autant plus inacceptable la déclaration du député de la France Insoumise à l’Assemblée Nationale, cherchant à tout prix à ne pas avoir à poser le débat au sein de l’hémicycle. « Nous avons deux experts qui ont travaillés 7 mois sur le cas. Adama n’est pas mort de cause cardiaque, il n’est pas mort d’infection très grave » a rappelé Assa Traoré, elle aussi présente au meeting. En effet, après plus d’un an de mensonges policiers, les expertises ont donné raison à Assa et sa famille : Adama Traoré est bien mort tué des mains de la gendarmerie, et notamment d’un placage ventral, pratique pourtant interdite mais largement utilisé par les forces de répression. En somme, et en connaissance de l’ensemble des preuves à charge contre ceux qui ont tué Adama, Francois Ruffin assume contre vents et marées son rôle de défenseur des forces de gendarmerie.

« Je n’ai pas pris position pour Rémi Fraisse »

Alors que les applaudissements nourris ont laissés place à la consternation et les hués, Assa Traoré prend le micro. « Est-ce que pour Rémi Fraisse, vous avez pris position ? », militant écologiste assassiné sur la ZAD de Sivens fin 2014, demande t-elle à François Ruffin. Réponse cinglante du député insoumis : « Je n’ai pas pris position pour Rémi Fraisse ». Une position qui tranche avec elle de Jean-Luc Mélenchon lui-même, qui il y a quelques semaines pointé du doigt la responsabilité du gouvernement dans cette affaire qui avait déclenché une mobilisation importante, notamment à Toulouse.

François Ruffin doit prendre position pour la famille

Dans un meeting de convergence des luttes, la position de François Ruffin sur la mort d’Adama Traoré est scandaleuse pour celui qui se revendique de la gauche radicale. En effet, c’est bel et bien la parole même de la famille de la victime qui est remise en cause par le député insoumis, et ce alors même que les preuves prouvant la véracité des propos des Traoré ont été validées par… l’enquête menée. En d’autres termes, cette prise de position, au-delà d’être parfaitement scandaleuse, est un frein même à la prise en charge collective de l’ensemble des violences policières et de la répression pour les lier aux combats généraux contre les attaques du gouvernement en général, et ainsi arriver au tous ensemble prenant en compte l’ensemble des questions qui touchent notre camp social.

D’autant plus que depuis plus d’un an, la famille a été la cible d’un acharnement judiciaire, politique et médiatique particulièrement conséquent. Alors que trois des frères d’Adama sont aujourd’hui derrière les barreaux pour avoir mené la bataille pour obtenir justice, alors que les mensonges de la police sont relayés abondamment par les médias dominants, François Ruffin doit prendre position en soutien à la famille d’Adama. Ce serait bien le minimum pour ce « député-reporter » qui affirme vouloir « mettre le peuple à l’Assemblée ».


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