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Répression policière

VIDEO. "Il a fini en sang" : les lycéens de Paul Éluard racontent les violences policières subies

Le 4 novembre, alors que les lycéens de Paul Éluard à Saint-Denis bloquaient leur établissement pour exiger des protocoles sanitaires à la hauteur, la police interpelle violemment cinq d'entre eux. Dans cette interview exclusive, Shakir, Rayan et Samy reviennent sur les violences policières qu'ils ont subi.

Irène Karalis

23 décembre 2020

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Pendant la semaine du 2 novembre, les élèves du lycée Paul Éluard à Saint-Denis bloquaient quatre jours de suite leur établissement pour exiger des protocoles sanitaires à la hauteur. Ils dénonçaient alors les conditions sanitaires qui mettent en danger leurs proches et leur famille, à souvent plus de trente élèves par classe. Plusieurs centaines de lycéens se mobilisaient donc pour exiger des mesures sanitaires décentes et pouvoir continuer à étudier dans de bonnes conditions. Pour rappel, dans le 93 le taux de mortalité dû à la pandémie est d’ailleurs parmi les plus élevé du pays. Ce qui amenait les lycéens à affirmer « on se bat pour nos parents et pour nos proches ».

La première réponse du gouvernement aux revendications des profs et lycéens a été d’envoyer la police, comme l’expliquait alors Laurie, lycéenne, au micro de Révolution Permanente. Le mercredi 4 novembre, alors que plusieurs centaines d’élèves sont réunis devant le lycée, la police interpelle violemment cinq lycéens. Rayan, Samy et Chakir ont accepté de témoigner pour Révolution Permanente, à l’occasion de la sortie d’une tribune signée par cent lycéens de Paul Éluard pour l’abndon des poursuites à leur encontre et pour tous les réprimés, avec le soutien de plusieurs dizaines de personnalités politiques et collectifs, à l’instar d’Omar Slaouti, Eric Coqurel, Anasse Kazib, ou encore du comité Justice pour Gaye Camara et du comité Lamine Dieng. LIEN TRIBUNE

« Attrapé dans le tas », « il y en a un qui a fini en sang ». La répression, seule réponse du gouvernement à la crise sanitaire

Comme le rappelle Rayan dans cette vidéo, la police présente dès le matin, décide de réprimer début d’après-midi, aux alentours de 13h30. Des policiers sortent de leur voiture pour interpeller violemment quelques lycéens, au hasard. « Moi ils m’ont attrapé dans le tas », raconte Rayan. « Je sais pas pourquoi ils m’ont pris moi », ajoute Samy. Des interpellations qui sont l’occasion d’un déchaînement de violence contre les lycéens réprimés selon les dires des interpelés : « il y en a qui se font taper, il y en a un qui a fini en sang avec l’arcade ouverte, le nez ouvert, il pissait le sang de partout ». Face à la répression, les lycéens tenteront de faire libérer leurs camarades, qui ne sortiront du commissariat que tard dans la soirée.
 
Dans la voiture qui les mène au commissariat de Saint-Denis, Chakir raconte au sujet d’un policier qui l’accompagne : « il m’a mis des baffes, un coup de matraque, il m’a tiré les cheveux », avant d’ajouter « il m’a insulté, il m’a dit “je vais te niquer ta mère attends au commissariat, je vais t’enculer” ». Pendant plusieurs heures, coups et insultes seront donc le lot de ces lycéens coupables de s’être mobilisés pour réclamer des mesures sanitaires à la hauteur de l’épidémie.

En effet, une fois arrivés au commissariat, les témoignages sont glaçants. « Chaque policier se met devant nous et nous frappe », relate Samy, tandis que Rayan affirme : « un policier voulait lui casser une bouteille de verre sur la tête ». Les lycéens interpellés sont menottés, au point que « les menottes nous ont un peu ouvert les mains tellement ils les ont serrées », raconte encore l’un d’eux. « Le fait que mes parents viennent me chercher au commissariat, c’est la honte pour moi », explique Rayan, marqué par le sentiment d’avoir subi une injustice.

Les violences policières « c’est devenu une habitude ». La jeunesse des quartiers populaires en première ligne face à la gestion autoritaire de la crise sanitaire

Des violences policières dont ces jeunes de Saint-Denis, ville populaire de banlieue parisienne, sont d’ailleurs coutumiers. « C’est devenu une habitude, ils nous contrôlent pour rien, ils nous voient, ils nous mettent des amendes gratuites. Je suis en règle avec l’attestation, le masque, ils me contrôlent pour rien. C’est devenu une habitude. Maintenant, quand on les voit, on essaye de les éviter, parce que d’un contrôle, ça peut aller très loin », témoigne Chakir qui n’a « jamais entendu une bavure sur un gars qui est dans un lycée privé, toujours un “rebeu” des cités ou un “renoi” », et qui dénonce : « on peut même pas porter plainte, on va porter plainte contre eux ? On peut pas ».

Systémiques, à l’image de celles subies par Michel Zecler, producteur de musique passé à tabac par la police dans son studio de musique, ces violences contre les habitants des quartiers populaires et les manifestants tendent aujourd’hui à être exacerbé par la politique autoritaire du gouvernement avec la loi Sécurité Globale et la loi « séparatisme ». A ce titre, contre la répression orchestrée par Macron et Darmanin et les lois liberticides et racistes qu’ils veulent imposer, il s’agit de construire une réponse de l’ensemble de notre camp social, dans la rue.


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