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Jeunesse révolutionnaire

Meeting de Philippe Poutou à Aubervilliers : intervention d’Elsa du NPA Jeunes

Au meeting du 19 avril de Philippe Poutou, candidat du NPA, Elsa, militante, a fait une intervention au nom jeunesse anticapiliste et révolutionnaire du NPA. [Crédit image : Phototèque rouge / MILO]

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« Bonsoir à tous et toutes, moi c’est Elsa, je milite à la fac à Paris 1. Pour commencer je voulais dire qu’effectivement avec les camarades on a beaucoup milité sur les universités et à la campagne pour Philippe ces dernières temps et y a un truc qu’on a remarqué c’est qu’il y avait beaucoup de jeunes intéressés par les idées qu’on portait. Et dans les différents meetings qu’on a organisé dans les facs, y avait un air d’enthousiasme mais aussi de révolte, qui moi me rappellait beaucoup les AG qu’on organisait au printemps dernier, au moment où on luttait contre la loi travail « et son monde ». En fait, on pourrait se demander un peu pourquoi. Même Philippe était un peu étonné qu’il y ait autant de jeunes dans ses meetings, dans la mesure où c’est un ouvrier, qui travaille chez Ford à Blanquefort à côté de Bordeaux. Et ça va pas forcément de soi mais en fait l’écho qu’on a eu c’est qu’on voit bien que c’est la campagne d’un militant anticapitaliste capable d’éclater Lepen et Fillon devant des millions de personne et en réalité de foutre le zbeul dans leur cirque électoral. Et cet enthousiasme, cet engouement ça cristallise plusieurs choses. La première d’entre elle c’est la colère d’une génération qui a grandi avec l’idée qu’elle devrait payer pour une crise dont elle n’est pas responsable. Parce que si on regarde un peu la situation de la jeunesse aujourd’hui, c’est celle d’une génération traversée par le chômage et la précarité. Il y a plus 25% de chômage chez les jeunes et ce chiffre monte à 40% dans les quartiers populaires. Pour ceux qui ont la « chance » de trouver un travail, 90% des embauches se font en emploi précaire. Et tout ça c’est le reflet du problème plus général d’une société où y a d’un côté 6 millions de chômeurs qui vivent dans la misère et de l’autre, des travailleurs qui sont soumis à des cadences infernales, qui mènent au burn-out et parfois jusqu’au suicide comme on l’a vu à la SNCF il y a quelques semaines. Et nous au NPA face à ça, c’est clair pour tout le monde que c’est une société qui marche à l’envers et que la seule solution face au chômage c’est de partager le travail entre tous ceux et celles qui en ont besoin. Mais on a aussi des revendications qui sont propres à la jeunesse comme le salaire d’autonomie. On pense que comme les retraites ça pourrait être financé par les cotisations patronales et ça garantit à chaque jeune la possibilité de faire des études, sans avoir à travailler pour les financer, et qui permettrait de s’affranchir de toute la dépendance matérielle et morale qu’on a vis à vis de nos familles.

Une deuxième chose que la jeunesse anticapitaliste a envie de porter dans cette campagne et Omar il l’a bien expliqué, c’est la dénonciation d’une police qui fait plus d’un mort par mois, surtout dans les quartiers populaires. On pense à Liu Shaoyo c’est le dernier en date. Mais avant lui il y a eu Adama Traoré avant lui cet été et Amine Bentounsi. Et c’est sans oublier le viol de Théo. C’est évident que c’est pas des bavures mais l’expression du rôle que joue la police dans une société qui est foncièrement raciste, inégalitaire et fondée l’exploitation. C’est pour ça que pour toutes les victimes de violences policières au NPA on a l’habitude de dire quelque chose et souvent de le crier, c’est que non seulement on n’oublie pas mais surtout on ne pardonne pas. Et le plus halluciant c’est que face à ça tous les candidats, et je parle même pas de Fillon ou Lepen, mais même ceux qui se réclament de la gauche si on regarde du coté de Mélenchon, qu’est ce qu’ils nous proposent ? De restaurer un service civique et militaire comme s’il y avait besoin de nous cadrer ou bien d’augmenter les effectifs de police comme si c’est ça qui allait nous protéger. Au NPA on a une proposition radicalement différente : c’est la fin de l’état d’urgence, la fin des contrôles au faciès, du harcèlement policier dans les quartiers et la dissolution de tous les corps répressifs de la police.

Tout le monde déteste la police et la police nous déteste aussi et pourquoi ? Parce qu’elle a un truc qu’elle comprend bien, parce que si les classes dominantes elles ont besoin de la police c’est pour maintenir l’ordre et nous faire taire. Parce qu’on a bien vu, pendant la loi travail, qu’on avait un vrai rôle à jouer. Je me rappelle qu’on nous répétait, les jeunes et les lycéens qu’on ne comprenait rien à la loi travail, qu’on n’avait pas lu le projet de loi, qu’on était des casseurs, des fainéants qui bloquaient la fac pour ne pas aller en cours. Mais en réalité qu’est ce qu’on a fait ? C’est qu’on a commencé le 9 mars et continué pendant des mois et des mois on a construit une mobilisation, en faisant des dates de manifestation, en bloquant nos facs. Surtout en allant à la rencontre des différents travailleurs en grève : les cheminots je sais qu’il y en a dans la salle, les hospitaliers, on est même allé soutenir les raffineurs du Havre qui bloquaient leur usine et que eux aussi on les appelle « terroristes ».

Et en fait, pour ceux qui nous dirigent, c’est un vrai problème, parce que le pire pour eux c’est qu’on relève la tête, quand on prend conscience de nos forces et qu’on s’unit autour d’un plan de bataille commun pour en finir avec tout ça. Et je pense que ça c’est un truc qui est important à répéter et à dire clairement. Parce que chez les jeunes de ma génération, y a un truc qui me marque beaucoup, c’est qu’il y a un sentiment de démoralisation et de souffrance morale qui est énorme. 15% des décès chez les 15-24 ans sont des suicides et quand je vois le nombre de me potes ou connaissance qui vivent sous anti-dépresseurs à 22 ans c’est terrible. Je pense qu’en même temps tout ça c’est pas pour rien, il y a des raisons objectives. On vit dans une société dans laquelle on a l’impression de mener une vie qui n’a pas de sens, où y a pas de perspectives, qu’il y a ceux qui y arrivent et ceux qui n’y arrivent pas, ceux qui se correspondent à la norme et ceux qui n’y correspondent pas, on a l’impression de vivre dans un monde qui n’est construit ni par nous, ni pour nous. Mais c’est pas une fatalité. Il y a un truc à rappeler c’est que cette année on fête le centenaire de la Révolution russe, c’est la première fois où les exploités à l’échelle de tout un pays se sont emparés du pouvoir pour tenter de construire une nouvelle société. Après bien sûr la bureaucratisation de la révolution sous Staline et la restauration du capitalisme des années plus tard, là c’est le moment où les classes dominantes se sont engouffrées dans la brèche et depuis nous jouent toute une petite musique qui consiste à dire que le socialisme ce serait une utopie, que c’est « la fin de l’Histoire », que le capitalisme « c’est le moins mauvais des systèmes », qu’il faut s’y résigner, et surtout surtout surtout qu’il ne faut pas avoir l’espoir de le changer. Et pourtant, ils peuvent nous répéter ça tant qu’ils veulent, mais des révolutions il y en a eu et il y en aura. Qui aurait cru, par exemple, que dans des pays écrasés par des régimes totalitaires comme en Egypte et en Tunisie, on assisterait aux premiers processus révolutionnaires du 21ème siècle ? Personne en réalité et ça me fait penser à la phrase d’un vieux révolutionnaire dont on parle pas mal dans les médias ces derniers jours pour expliquer à quel point sa pensée est dangereuse. Il s’appelle Trotsky et il disait que « toute révolution semble impossible jusqu’à ce qu’elle devienne inévitable ».

Il y a une autre leçon de ces expériences historiques, c’est que sans une stratégie claire, sans organisation, c’est difficile, voire impossible de gagner parce que les puissants finissent toujours par reprendre la main. C’est eux qui possèdent la quasi totalité des richesses de notre société, le monopole de la violence. Et ils sont bien organisés pour se défendre : ils ont leurs institutions, leurs écoles de pensée, leur armée et leur police, et eux il savent apprendre de l’Histoire pour comprendre comment on nous écrase.

C’est pour ça que non seulement on doit s’organiser pour riposter, mais on doit surtout s’organiser pour gagner. Et là je veux parler à plein de jeunes que je rencontre, qui sont en colère, des jeunes qui veulent changer le monde mais qui ont très peur de s’organiser et surtout peur de s’organiser dans un parti. Mais c’est quoi le parti qu’on veut construire ? Parce que ce n’est pas le parti institutionnel qu’on voit en permanence. C’est quoi ce parti ? C’est d’abord la mémoire collective de notre classe qui nous permet d’apprendre des luttes passées et de ne pas devoir commencer à chaque fois de zéro. Ensuite c’est l’outil qui permet de coordonner chacune de nos batailles et de nos luttes partielles dans un plan commun pour gagner.

C’est pour ça que moi je pense qu’il faut évidemment voter pour Philippe Poutou, parce qu’on cherche à faire c’est faire vivre cet héritage du mouvement ouvrier et de la lutte des classes, dire que oui ça existe et ça continuera à exister tant qu’on sera là mais aussi on est loin de penser que c’est par les élections qu’on pourra changer ce système et que c’est surtout l’occasion de venir nous rencontrer, de comprendre ce que c’est de militer et de savoir ce que c’est de s’engager pour transformer cette société. Nous le NPA jeunes on tient une table à la sortie, et la proposition c’est de participer à la construction de prochains affrontements.

Ya encore une phrase de Trotsky que j’aime bien, c’est une petite dédicace à Eric Zemmour et Christophe Barbier et y a plein de journalistes dans la salle alors peut être ils pourront leur faire la commission, il dit un truc quand il parle du parti pour la révolution, il dit « qu’il nous donne la conscience de participer à la construction d’un avenir meilleur, de porter sur nos épaules une parcelle du destin de l’humanité et de ne pas vivre notre vie en vain ».

Et ce que les jeunes anticapitalistes ont à dire dans cette campagne, c’est que le monde dans lequel notre génération et les prochaines vont vivre sera celui qu’on sera nous mêmes capable de construire. Et ça commence maintenant."

Crédits photo : FRANCOIS GUILLOT/AFP


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