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Vérité pour les habitants !

VIDEO. Rouen. « On veut la vérité » protestent des habitants, la police protège les autorités.

Plusieurs centaines d’habitants, inquiets après l'incendie de l'usine Lubrizol, manifestent devant le conseil de la Métropole. Ils exigent « la vérité » face au mutisme des autorités. En guise de réponse, la police protège le bâtiment.

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Près de 500 habitants et manifestants étaient rassemblés ce lundi soir devant le conseil de la Métropole ou se réunissait le préfet. "On veut la vérité","que fait la police, elle crève les yeux" était scandé. Après que les portes d’entrée soient un peu secouées par les manifestants, les forces de polices ont pris position pour protéger le bâtiment.

Le live intégral de Brut.

Retour sur l’affaire.

Seveso – AZT- Lubrizol ….et les autres

Les effets immédiats de l’incendie de Lubrizol, sont indéniables, perceptibles, inquiétants. D’autant plus inquiétants que la partie cachée de la catastrophe est sans doute encore plus grande et à plus longue échéance que la partie visible. Lubrizol est une entreprise classée « Seveso », du nom de cette commune du nord de l’Italie devenue célèbre à l’occasion d’un grave accident industriel survenu en juillet 1976. Après l’explosion d’une usine chimique, des centaines d’hectares avaient été contaminés. Il avait fallu abattre 3 000 animaux domestiques et 77 000 têtes de bétail.

Depuis, conformément à une directive européenne, les entreprises classées « Seveso » qui ont une activité entraînant la fabrication, l’emploi ou le stockage de substances dangereuses doivent être identifiées, et surveillées comme telles. Pourtant, la démonstration a été faite que la réglementation et les contrôles n’étaient pas suffisants pour empêcher les manquements, voire les fraudes, et que les risques majeurs n’étaient pas évités.

On se souvient de l’explosion de l’usine AZF en 2001, à Toulouse qui a fait 31 morts et 2 500 blessés et dont les enseignements n’ont pas empêché la catastrophe qui vient de se produire à Rouen. Pire encore, l’usine Lubrizol elle-même avait déjà connu un premier incident grave en janvier 2013. La fuite d’un gaz malodorant, le mercaptan avait été sentie jusqu’à Paris et en Grande- Bretagne. Le Ministère de l’Ecologie avait conclu à des erreurs techniques et humaines….et l’entreprise s’en était sortie avec 4 000 € d’amende !

En France, ce n’est pas moins de 1 300 sites qui sont classés « Seveso » ; l’accident de Lubrizol, c’est une catastrophe majeure, c’est un scandale industriel qui saute aux yeux de tous, mais c’est surtout la démonstration plus générale d’un ordre capitaliste qui, poussé par la loi du profit maximum, fait courir des risques sanitaires majeurs aux travailleurs et à tout l’environnement plutôt que d’engager des dépenses que les propriétaires des usines ont largement les moyens de financer.

Comment expliquer que dans une entreprise, a fortiori classée « Seveso », les ouvriers aient encore aujourd’hui un toit d’amiante sur la tête ? Comment comprendre qu’une partie des activités auxquelles sont associés des dangers majeurs soient confiées à des sous-traitants peu ou pas formés… Comment expliquer de telles « fautes » si ce n’est par le mépris souverain de la classe dominante pour ceux qu’elle exploite et pour tout ce qui n’est pas elle.

Le gouvernement entre soutien des patrons et crainte de la population

Warren Buffet, dirigeant du groupe auquel appartient Lubrizol, avait claironné, en 2005, qu’il y avait bien « une lutte des classes » et que c’était la sienne, celle des riches, qui était en train de gagner la guerre. Aujourd’hui, il estime probablement que Lubrizol se tirera à bon compte de cet « ennuyeux » accident. En tout cas, le patron de Lubrizol, Frédéric Henry, ne semble pas prêt à examiner le moins du monde ses propres responsabilités, préférant s’étonner de « voir un incendie en pleine nuit à un endroit où il n’y a personne. » et porter plainte contre X ; la meilleure défense étant, on le sait, l’attaque.

Pourtant, c’est une tactique un peu différente que le gouvernement a adoptée. Après quasiment une année de mouvement des gilets jaunes, après des mobilisations montantes à la rentrée de septembre dans des secteurs clés comme les transports ou l’éducation, avec les remous que suscite la réforme des retraites dont l’accueil demeure problématique, avec la jonction qui est en train de s’opérer entre la question sociale et la question climatique et environnementale, la lutte des classes redevient de plus en plus présente et le spectre de la révolte, n’a pas été définitivement renvoyé au cimetière.

Macron et son gouvernement en sont parfaitement conscients et ne souhaitent absolument pas voir se cristalliser une opposition frontale entre la direction de Lubrizol et le camp de la population et des travailleurs légitimement inquiets et légitimement demandeurs de vérité. Le chef du gouvernement a d’ailleurs soigneusement évité de se rendre sur les lieux de l’accident pour éviter de se trouver en porte-à-faux. Après avoir missionné le préfet de Normandie pour clamer que « l’état de l’air » était « habituel » alors que de la suie était tombée en masse sur la région, c’est désormais par Elisabeth Borne et compléments d’enquête interposés qu’il compte réguler l’inquiétude et la colère montantes.

Ce n’est en tout cas pas ça qui empêchera les travailleurs de Lubrizol, la population de Rouen, toutes les victimes d’une catastrophe industrielle à court et moyen terme de réclamer vérité et justice.

Plusieurs organisations appellent d’ores et déjà la population à manifester devant le palais de justice de Rouen ce mardi 1er octobre à 18 heures. Elles exigent la transparence totale sur l’incendie de Lubrizol. Elles réclament l’indépendance des institutions de contrôle et le renforcement du contrôle de l’inspection du travail sur les installations classées. Elles réclament la dépollution et le nettoyage du site. Elles s’opposent à toute fin de contrat ou licenciement pour les salariés du site, les sous-traitants ou les entreprises voisines.

Ce combat peut unir dans une même mobilisation, les travailleurs, la population, les gilets jaunes, les jeunes qui se battent pour la protection de l’environnement et la préservation de leur avenir. Les industries à risque ne doivent désormais exister qu’en fonction de besoins collectivement jugés comme indispensables. Elles ne peuvent être laissées entre les mains de capitalistes qui n’évaluent les risques qu’à l’aune de leurs finances et doivent être placées sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes.


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