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Violences policières

VIDEO. La police lâche un chien sur un jeune à Pierrefitte, la mairie PS-EELV refuse d’ouvrir une enquête

A Pierrefitte-sur-Seine (93), lors d’un contrôle de police, un maître-chien de la police municipale a fait attaquer son chien sur des jeunes qui filmaient la scène. Refus d’enquête du côté de la majorité PS-EELV qui préfère criminaliser les victimes.

Maëva Amir

23 décembre 2020

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Crédits photo : La Croix du Nord

Vendredi 18 décembre, Yohan Sales conseiller municipal de Pierrefitte, partage sur ses réseaux sociaux la vidéo d’un policier municipal et d’un maître-chien en intervention. « Nous sommes face à des brutes en uniforme » écrit-il. On y voit clairement le policier pousser violemment un des jeunes alors que l’autre continue de crier « On n’a rien fait ». Quelques secondes plus tard, la policière maitre-chien se rapproche de celui qui filme la scène, et fait sauter le chien sur l’un des jeunes, à plusieurs reprises. « Là, on a toutes les preuves » s’exclame celui qui filme. La scène se termine par le premier policier qui disperse les jeunes à coup de gazeuse.

Bien entendu, la municipalité interrogée par Actu St Denis semble n’y voir aucun problème. Selon l’autorité locale : « la doctrine d’emploi est respectée » puisque le chien servirait à « repousser ». La mairie le confirme, aucune dérive donc, mais bien le fonctionnement normal de l’institution policière.

Selon la version officielle présentée par la ville, les jeunes auraient « volontairement perturbé un contrôle de police sur un dealer qui s’est échappé. » Ils auraient « frappé le chien ». Pourtant, la vidéo montre tout autre chose à savoir des jeunes se faisant attaquer par un chien policier. On a donc ici le procédé habituel de la police et des autorités qui consiste à nier les violences policières tout en criminalisant leurs victimes.

Si les jeunes n’ont pas été blessés physiquement par l’attaque des policiers, cette affaire nous rappelle encore une fois l’importance de la vidéo pour documenter le comportement des policiers qui ont carte blanche dans la répression, à fortiori dans les quartiers populaires. Alors que l’article 24 de la loi sécurité globale devrait être réécrit, l’article 25 de la loi séparatisme contient déjà une nouvelle possibilité de condamner les vidéos de violences policières. En effet, dans cette loi figure un nouveau délit à savoir « la mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie professionnelle d’une personne ». Or, ces vidéos constituent une ressource essentielle pour mettre la lumière sur les violences policières et pour lutter contre la criminalisation constante des victimes de ces mêmes violences. On peut penser au déchainement de violences contre M. Zecler qui sans la vidéo, aurait sans doute encouru un procès pour outrage et rébellion.

De plus, dans cette affaire, la majorité municipale PS-EELV a refusé de faire une enquête sur la police municipale et affirme que le contrôle a été réalisé dans le but d’intercepter un dealer qui aurait lui-même frappé le chien... Sous prétexte d’une lutte acharnée contre la drogue, on assiste encore à une criminalisation des quartiers populaires et de ses habitants qui sert à justifier le renforcement de l’arsenal répressif en vue de potentielles explosions sociales. On peut penser ici aux récentes annonces du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, qui mettra en place une plateforme d’ici fin 2021 pour permettre de signaler les nouveaux lieux de deal.

Enfin, cette vidéo est un exemple clair de la politique ultra répressive que le gouvernement met en place en donnant des moyens aux flics plutôt qu’aux hôpitaux, dans une période de crise sanitaire sans précédent. Le cas de la Seine-Saint-Denis est symptomatique de cette offensive. En septembre 2020, à Saint-Denis, commune limitrophe de Pierrefitte-sur-Seine, la municipalité a fait voter la création d’une brigade cynophile dans la ville, mesure accompagnée d’un renforcement des effectifs et de l’armement des policiers municipaux avec des armes de catégorie B (flashballs et pistolets). Cette vidéo illustre les conséquences de cette augmentation de l’arsenal répressif. A Saint-Denis, 3 postes de maîtres-chiens seront ouverts pour renforcer la brigade canine. Résultat, selon Actu Saint-Denis c’est 247 000 euros qui seront alloués à cette brigade en 2021 dont 52 000 euros dans l’achat de chiens et la mise en place de chenils.

Le même jour, le vendredi 18 décembre Darmanin recevait les syndicats de police pour apaiser leur colère en accédant à leurs revendications. Des revendications policières qui consistent centralement à allouer toujours plus de moyens pour que les forces du désordre puissent continuer à réprimer en toute impunité.
C’est pourquoi, face à cette offensive sécuritaire sans précédent, il est plus qu’urgent de créer un front commun pour exiger le retrait des lois liberticides et racistes, de la loi sécurité globale à la loi islamophobe sur les séparatismes, qui ne font que renforcer la criminalisation des quartiers populaires, des personnes racisé.es, des classes populaires, et toutes celles et ceux qui osent se mobiliser pour refuser les attaques gouvernementales.


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