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Grève ouvrière

Valenciennes : les éboueurs poursuivent la grève pour une vraie augmentation de salaire

Alors qu'ils se trouvent en première ligne des risques sanitaires depuis le début de la crise, les éboueurs estiment l’augmentation d’1% de leur salaire largement insuffisante. Après Paris, Poitiers et Marseille, c'est désormais à Valenciennes que la grève est lancée pour ce secteur-clé !

Ivan Luxemburg

11 mars 2021

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Depuis ce lundi 8 mars, les éboueurs de Valenciennes sont en grève [https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/valenciennes/valenciennes-les-eboueurs-sont-en-greve-depuis-ce-lundi-et-arretent-de-collecter-les-poubelles-1990318.html ] et les déchets s’entassent sur les trottoirs de la ville. Pour cause, une direction qui néglige les revendications de ses salariés qui subissent pourtant un durcissement de leur condition de travail et une exposition constante aux risques sanitaires. Selon France 3 Hauts-de-France, « Ce mardi matin, seuls 7 camions sur les 40 habituels sont sortis des entrepôts de Saint-Saulve pour collecter les déchets des habitants du Valenciennois. En tout, ce sont "90 % des éboueurs qui ont débrayé ce mardi matin", affirme Mohamedi Laaoije, délégué syndical à Force ouvrière ».

En première ligne depuis le début de la crise sanitaire, les éboueurs ont essuyé un refus net de Suez RV (recyclage et valorisation) dès lors qu’il était question de réviser leur rémunération à la hausse. Suite aux négociations avec les organisations syndicales, la direction n’a lâché qu’une dérisoire hausse de 1% de salaire. Au regard de l’inflation, autant dire qu’il s’agit d’une simple ré-indexation des salaires et que l’augmentation est nulle. De la même manière que pour les PSE, le contexte sanitaire sert de prétexte pour baisser les moyens et n’offrir que des miettes.

Comble du mépris, la direction de Suez RV à Valenciennes estime que cette augmentation reste « raisonnable dans le contexte d’une crise sanitaire qui se poursuit. D’autant qu’en 2020, le groupe a assuré une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat de 1 500 euros net pour soutenir les équipes mobilisées pour le terrain. » Autrement dit, l’entreprise assume de vouloir faire payer le coût de la crise aux travailleurs.

A cela, s’ajoute le fait qu’une règle de sécurité complétement hors-sol et lourdement contraignante s’est imposée aux travailleur-ses : l’obligation de porter un casque de vélo tout au long de leur journée de travail. Quand on considère qu’un éboueur a une espérance de vie de 7 ans de moins que la moyenne, une telle mesure frappe par sa déconnexion vis-à-vis des enjeux réels de sécurité au travail. Face à ce mépris des dangers auxquels s’exposent au quotidien les éboueurs (danger de la circulation routière, travail en extérieur, constante proximité avec les déchets, etc.) et la rémunération décente qui soit s’ensuivre, la mobilisation ne compte pas en rester là. En effet, la grève tient avec des taux avoisinant les 90% de grévistes, et la CGT et FO soutiennent explicitement la poursuite de la lutte.

En plus des risques exceptionnels dûs à la crise sanitaire, les éboueurs ont subi une profonde dégradation de leurs conditions de travail depuis la privatisation des services publics. En effet, la responsabilité de la collecte des déchets a été attribué aux communes depuis la vague de décentralisation. Mais l’incapacité des communes à prendre durablement en charge toutes cette activité de collecte qui exige des infrastructures débordant le budget communal, il a été très vite nécessaire d’appeler des acteurs privés à la rescousse pour combler les manques : le métier d’éboueur a donc très vite connu les aléas d’une gestion privé (intérim, flexibilité, etc.). Cette dégradation des conditions de travail a été le fruit de décisions politiques en faveur d’un capitalisme en quête de nouveaux débouchés.

Loin d’être isolée, cette grève fait écho aux grèves récentes de 2020 à Paris [https://www.revolutionpermanente.fr/Eboueurs-et-egoutiers-en-greve-illimitee-a-Paris-occupent-la-direction-de-la-proprete]. L’enjeu est désormais de tirer les leçons des dernières grèves du secteur et des tentatives pour les déjouer [https://www.revolutionpermanente.fr/Requisitions-prestataires-prives-GAV-armee-tous-les-moyens-sont-bons-pour-briser-la-greve-des]. Anticiper les procédés [https://www.revolutionpermanente.fr/Le-maire-PS-de-Poitiers-demande-la-requisition-des-eboueurs-pour-casser-leur-greve] faits pour briser la grève, tels la réquisition, est une nécessité. Les éboueurs ont la main sur un secteur stratégique-clé pour bloquer l’économie et faire dysfonctionner les rouages du capitalisme, loin des discours dénonçant une « prise d’otages », cette grève est une démonstration exemplaire pour sauver l’honneur de leur condition de travail, et dépasser la résignation à se courber devant la domination patronale et les dynamiques du capital.


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