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En live chez les Stylos Rouges

Véronique Decker : « Cette reprise, ça n’est pas l’école, mais un semblant de garderie carcérale »

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Véronique Decker auteur de nombreux livres sur l’éducation comme « Trop classe » ou « L’école du peuple » était invitée samedi soir sur la page des Stylos Rouges 93 pour un live animé par Mohamed et Nicolas
, deux enseignants du 93 membre de ce collectif. C’est en parallèle de la mobilisation des Gilets Jaunes, à l’hiver 2019, que nait ce collectif pour répondre et s’organiser contre la casse de l’éducation publique et les réformes Blanquer.

« Ce protocole d’hygiène hospitalière qui a une vision déshumanisée de l’éducation »

« Les gens qui ont écrit ce protocole ont une vision complétement dématérialisée de l’enseignement ». Véronique Decker tire à boulet rouge sur le plan de reprise de l’école dans le primaire prévu par le ministère de l’Education Nationale. En plus d’être mal conçu ce plan est inapplicable et maltraitant : « Imaginez des enfants de 4 ans vont rester assis sans bouger toute une journée seul », sans « doudou », sans possibilité de jouer avec les camarades, en étant scotché à leur siège, sans objet pour apprendre à compter, à lire…

« Cette reprise, ça n’est pas l’école »

« Cette reprise, ça n’est pas l’école » insiste Véronique Decker. « l’école doit être un lieu où les parents sont en confiance pour laisser leurs enfants étudier. C’est ça l’école ». Le protocole ne permettra pas de reprendre réellement « l’école » : les parents terrorisés, une garderie qui n’a rien d’éducatif et un protocole qui impose aux écoles une hygiène hospitalière. Voilà la réalité de ce qui va se mettre en place lundi 11 mai. « Cette hygiène hospitalière est irréaliste dans les écoles » où l’hygiène de base fait déjà cruellement défaut en temps ordinaire. « ce ne sera ni l’école, ni le centre de loisir ». Dans ces conditions dit-elle, « on atteint aux conditions psychologiques des enfants ».

« Mission impossible » : « il faut que les AESH aient des masques FFP2 »

A l’heure actuelle, la mission des AESH, qui sont en contacts avec des élèves en situation de handicap, est impossible : « il leur faut des masques FFP2. Comme il faut beaucoup plus d’agents de nettoyage pour pouvoir atteindre des conditions sanitaires satisfaisantes. « Il faudrait prendre le temps jusqu’à septembre pour former, éduquer, équiper les personnels ». Dans ces conditions, l’école sera maltraitante et « carcérale ».

Le droit de retrait, un outil à utiliser en créant un rapport de force

Pour utiliser ce droit de retrait, il faut que l’administration l’accepte. D’où la nécessité de « créer un rapport de force » par les collectifs enseignants. « il faut faire imposer son acceptation à l’administration ». « il faudrait se déclarer grévistes avec les 48 heures de délais et demander à son syndicat de reconnaitre le droit de retrait ». « Il faut partir grouper » conclut-elle.

« S’arrêter pour prendre le temps de réfléchir »

« Cette histoire de reprise en main nous empêche de penser » insiste la spécialiste de terrain. L’école est mise à la découpe en 4 morceaux – présentiel, distanciel, parents et collectivités locales : c’est pire que la réforme des rythmes scolaires » car cela va décupler les inégalités scolaires. Sur les nouveaux outils numériques, Véronique Decker dénonce : la main des entreprises privées sur ces outils qui en profitent pour faire leurs essais commerciaux.

Selon Véronique Decker, la reprise scolaire est moins liée à un besoin de garderie « qu’à la volonté de nous empêcher de penser ». Car l’école à distance, c’est aussi le moment « du grand retour en arrière » avec la mise en place des exercices réalisés à la maison notés, mesure qui avait été pourtant supprimée en 1958.

Or, ce moment devrait être utiliser pour repenser l’école : faire un bilan des outils numériques, penser comment fonder des liens entre les enfants et au-delà de leurs quartiers, revoir les enseignements. L’idée de l’école, « c’est faire société au-delà du simple empilement des apprentissages ». Pour Decker, la réouverture vient empêcher les enseignants de penser l’école d’après Covid qui est la question essentielle du moment.

Faut-il continuer à faire des collèges de 700 élèves ? Des classes à 30 ? Comment faire sortir les enfants des quatre murs de l’école ? Comment redonner le goût d’apprendre et faire entrer le jeu dans les apprentissages ? réduire la souffrance des élèves à l’école ? repenser le rôle des directeurs d’école pour éviter la « possibilité qu’il y ait de nouvelles Christine Renon » ?

A « l’impossible [du protocole Covid] nul n’est tenu ». Reste à prendre ces conseils en main pour repenser le possible de l’école de demain qui doit résolument adopter un autre visage.


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