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Grève pour les salaires

Vertbaudet. Après deux mois de grève, « la mobilisation ne faiblit pas, bien au contraire »

Les grévistes de Vertbaudet vont rentrer dans leur huitième semaine de conflit pour des augmentations de salaires. Une grève de femmes précaires qui continue malgré le mépris patronal et les multiples tentatives de la direction pour casser la mobilisation.

Lisa Mage

5 mai

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Vertbaudet. Après deux mois de grève, « la mobilisation ne faiblit pas, bien au contraire »

Crédits photo : CGT Tourcoing

Depuis plus de 7 semaine, les travailleuses de l’entrepôt de Marquette-lez-Lille appartenant à la marque de prêt à porter Vertbaudet sont en grève pour des augmentations de salaires de 20 %. Une mobilisation historique dans ce secteur très féminisé et précaire composé majoritairement de préparatrices de commandes.

En effet, ce sont plus de 80 salariées sur les 300 du site de Marquette-Lez-Lille qui sont en grève reconductible depuis 2 mois, et ce en dépit du mépris et des manœuvres de la direction pour casser la grève. En ce sens, Manon Ovion, déléguée syndicale CGT du site, précise « la mobilisation ne faiblit pas, bien au contraire. Il y a deux jours, l’équipe de nuit s’est à son tour mise en grève pour la première fois ».

Un conflit qui se maintient malgré les nombreuses tentatives de la direction pour briser et salir cette grève. Par exemple, lors des concerts organisés par les soutiens des grévistes qui ont réuni entre 150 et 200 personnes, la direction a accusé les grévistes de soi-disant violence et dégradations. « On était censé avoir une réunion hier matin, réunion qui a été annulée par la préfecture en raison d’un manque de personnels pour sécuriser les lieux. Mais la direction a profité de la situation en faisant croire que c’était elle qui avait annulé cette rencontre en raison des soi-disant dégradations commises lors des deux concerts de soutien » raconte Manon.

Un mensonge absurde au vu du déroulement de ces fêtes familiales permettant de « récolter de l’argent pour la caisse de grève mais aussi de permettre aux grévistes, mobilisés sept jours sur sept, de passer du temps avec leurs familles » explique la syndicaliste avant de rajouter : « la direction est même allée jusqu’à dire qu’on avait ramené des barres de fers, c’est n’importe quoi ».

Mais les tentatives pour la direction de briser la grève ne s’arrêtent pas là. Ainsi, l’emploi d’intérimaire pour casser la grève a été dénoncé par la CGT qui a porté plainte contre cette offensive contre le droit de grève. Vertbaudet a donc dû comparaitre devant le tribunal le mardi 25 avril. Et, à l’inverse de ce que prétende les journaux comme 20 Minutes, la justice n’a pas innocenté l’entreprise mais a seulement repoussé la décision de justice en raison d’un manque d’information.

Manon déclare ainsi : « Ce n’est pas une défaite, déjà parce que la décision a été repoussée : il manque des informations qu’on va leur fournir, ça ne fait que repousser les dates. D’autre part, on tient à rappeler que notre combat ne se situe pas sur le terrain d’une décision de justice mais bien sur le terrain des salaires. Les tentatives pour briser la grève, c’est une pièce en plus de notre colère mais ce n’est à aucun moment la base de notre combat, il n’y a aucune victoire pour eux ».

En effet, comme le précisait l’inspection du travail elle-même : « 43 salariés intérimaires étaient en poste avant le début du conflit, 84 intérimaires ont été recrutés pour remplacer 82 grévistes ». L’entreprise se justifie auprès du tribunal en évoquant un « accroissement temporaire de l’activité ».

Malgré toutes ces manœuvres de la direction, les travailleuses mobilisées restent déterminées à arracher leurs revendications. La déléguée syndicale du site explique ainsi : « la caisse de grève nous permet de payer notre loyer et nos factures et c’est suffisant pour ne pas entamer la détermination des grévistes. C’est hors de question d’arrêter la grève ». Une nouvelle réunion de négociation est prévue mardi entre la direction et les grévistes.

Cette grève de femmes précaires qui dure dans un secteur habituellement peu mobilisé est une énorme démonstration de combativité. La crise politique ouverte par la mobilisation contre la reforme des retraites, combinée au contexte inflationniste laisse entrevoir une situation politique qui va continuer à être explosive. Dans ce contexte la question des salaires est au cœur des préoccupations et le développement de nombreuses grèves pour les salaires viennent confirmer une situation dans laquelle la colère est loin d’être retombée.

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