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Edito. « Pour la gloire de la France »

Victoire de Macron contre Daech ? Les bombardements français n’arrêteront jamais le terrorisme

En visite dans le Golfe Persique et après avoir inauguré une succursale du palais des rois de France à Abu Dhabi, le président jupitérien a revêtu sa cuirasse de chef des armées pour annoncer, devant les marins de la frégate Jean Bart, que la France gagnerait contre Daech « dans les prochains mois ».

François Martin

9 novembre 2017

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A défaut de briller sur la scène intérieure, avec une popularité qui peine à dépasser les 30%, Jupiter cherche des victoires politiques là où il peut les trouver. C’est donc au Moyen-Orient que le chef des armées françaises a cherché à briller, en tentant d’utiliser le triste anniversaire du massacre du Bataclan pour se présenter comme un général victorieux.

« Nous avons gagné à Raqqa, et les prochaines semaines et les prochains mois nous permettront, je le crois profondément, de gagner complètement sur le plan militaire dans la zone irako-syrienne  », a-t-il annoncé, triomphant, face aux matelots de la base française d’Abu Dhabi. Cependant, Daech peut avoir perdu Mossoul et Raqqa grâce au tapis de bombes largué par la coalition (dont les victimes collatérales se comptent par centaines) en appui aux troupes aux sol, l’islamisme radical le plus réactionnaire qu’incarnait Daech est loin d’avoir dit son dernier mot.

Ce que fait mine d’ignorer Macron, c’est que Daech est et restera, au même titre qu’Al Qaïda et les autres organisations terroristes islamistes, les sous-produits monstrueux de l’impérialisme occidental dans la région. Ceux-ci ne feront que prospérer sur les guerres menées par les USA, le Royaume-Uni et la France. Envoyer au Proche et Moyen-Orient ou en Afghanistan plus de soldats, y larguer plus de bombes, y tuer plus de civils n’y fera rien. D’autant plus lorsque l’on sait que les principales sources de financement de ces groupes ont longtemps été les pétromonarchies du Golfe, là même où la France a tant d’alliés comme l’Arabie Saoudite, les Emirats ou encore le Qatar.

Mais ces faits n’empêchent pas le président Macron de revendiquer la guerre menée contre « l’obscurantisme ». Si l’emprise territoriale de Daech touche à sa fin, l’après-Daech n’est guère plus réjouissant : en plus des puissances impérialistes, entre l’Arabie Saoudite, la Turquie et l’Iran, tout le monde cherche à faire de ce qui reste de l’Irak et de la Syrie son pré-carré. Dans ce contexte, les déclarations martiales du président de la République résonnent comme des revendications : « nous avons participé à chasser Daech, nous avons droit à extraire votre pétrole ». On croirait assister à un remake de la Lybie post-Kadhafi, où chaque puissance cherche à tirer la couverture à elle. C’est sa part du gâteau que la France est allée chercher dans le Golfe, d’autant plus que le récent changement de maître dans le Kurdistan irakien rebat quelque peu les cartes dans une région où les difficultés des États-Unis à imposer leur puissance se font sentir, en dépit de leur militarisme outrancier.

Si Macron évite de parler des sujets qui fâchent, notamment le Qatar, toujours opposé aux Emirats après la crise de cet été, sa visite dans le Golfe est cependant l’occasion de continuer à faire pression pour défendre la place de la France impérialiste, sur place et ailleurs, en Afrique sub-saharienne comme en Libye. En effet, le président a rencontré le prince héritier Mohammed Ben Zayed Al-Nahyan, l’homme fort des Emirats, qui a joué un rôle important dans le soutien du pays au général Haftar, qui contrôle tout l’Est de la Libye et que Macron avait brossé dans le sens du poil (et des pétrodollars) lors du Sommet libyen à Paris.

Le voyage officiel de Macron se place bien sous le signe de l’impérialisme sur toute la ligne, entre dollars à gogos, visite sur les « joujous » de la Marine Nationale et exaltation de la culture française dans l’inauguration du « Louvre des sables » : le dernier projet de Jean Nouvel, construit sur la sueur et la mort des ouvriers engagés (ou réduits à l’esclavage) par les Emiratis.


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François Martin

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