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« AMLO » président

Victoire historique de la gauche au Mexique

Malgré une campagne rythmée par plus d’une centaine d’assassinats politiques et par la violence, les Mexicains se sont largement déplacés aux urnes et ont porté leurs suffrages sur Andrés Manuel Lopez Obrador, dit « AMLO » qui a remporté une victoire historique dans ce pays gouverné par la droite depuis des décennies. Avec une marge d’avance qui pourrait être de 32 millions de votes, il a capitalisé le refus des réformes structurelles et des politiques néolibérales, facteurs fondamentaux de la crise des partis de droite patronaux. Pablo Opinari et Barbara Funes, du Comité de rédaction de « LaIzquierdaDiario.mex », donnent une première analyse du vote.

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[Crédits : LaRazon.com.mx]

Les résultats définitifs n’étant pas encore connus, AMLO aurait obtenu entre 53 et 53,8% des suffrages. José Antonio Meade, le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), le parti de droite qui était au pouvoir, n’a reçu que 16% et Ricardo Anaya, à la tête d’une coalition droite-gauche entre le Parti national institutionnel (PAN) et les anciens sociaux-démocrates du Parti de la Révolution Démocratique (PRD) a obtenu 22%.

La poussée fulgurante du parti d’AMLO, le Mouvement de régénération nationale (MORENA), s’est consolidée à la suite du scandale du massacre de Iguala, la disparition de 43 étudiants issus de l’Ecole Normale Rurale de Ayotzinapa en septembre 2014. Ce massacre a mis à jour, de façon irréfutable, la collusion et les complicités entre les partis traditionnels patronaux et le crime organisé des cartels de la drogue ainsi que la corruption généralisée.

Il faut ajouter à cela la crise ouverte entre le Mexique et les Etats-Unis depuis la prise de pouvoir de Trump qui a remis en question l’ALENA (Traité de libre-échange d’Amérique du Nord entre Ottawa, Washington et Mexico) qui représentait l’un des grands chevaux de bataille des partis historiques que sont le PRI et PAN.

Ce sont eux les principaux perdants de ces élections, à commencer par le PRI, représentant de l’aile bourgeoise de la révolution mexicaine de 1910, qui a détenu le pouvoir durant des décennies et qui était le principal allié du PAN quand celui-ci était au gouvernement. Lors des dernières élections, ce parti clientéliste et caciquiste s’est littéralement écroulé. Pour ce qui est du PRD qui a longtemps représenté une sorte de social-démocratie tardive à la mexicaine, il a perdu sa légitimité « progressiste » en s’alliant avec le PAN et vient de vivre une catastrophe électorale jusque dans la ville de México, son principal bastion.

AMLO a capitalisé le rejet de ces partis et de leur politique. Cependant, tout au long de la campagne, il a très fortement modéré son discours et son projet politique. Il s’est recentré sur la lutte contre la corruption, avec notamment la promesse d’une réduction substantielle des dépenses du gouvernement et la transformation de la résidence présidentielle en centre culturel, et promis des mesures de redistribution afin de soulager la misère que vivent des centaines de milliers de mexicains, mais sans pour autant attaquer les intérêts du grand capital.

Il s’est ainsi empressé de se réunir avec le grand patronat mexicain afin de le rassurer alors que les principaux médias impérialistes parlaient de son élection acquise. Il a par ailleurs clarifié en de nombreuses occasions qu’il était loin d’être « un danger pour le Mexique », contrairement à ce dont l’accusaient ses détracteurs lors des élections de 2006, mais qu’il entendait, à l’inverse, garantir la stabilité des marchés.

C’est ainsi que cette politique, bien modérée au final, pourrait entrer en contradiction avec les aspirations de millions de Mexicains et de Mexicaines qui ont cru voir dans sa candidature une alternative de changement et qui ont déjà fait montre, au cours des dernières années, d’une capacité à se mobiliser, sur le terrain des revendications démocratiques et sociales.

[Trad. MR et CT]


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