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Contre la loi Travail, ce 17 mars

[Vidéo] Marseille : la jeunesse mobilisée subit les violences policières

Romain Lamel Comme à Tolbiac, Metz ou Strabourg, la jeunesse mobilisée en grand nombre ce jeudi 17 mars contre la loi El Khomri a subi les violences policières en plein cœur du centre-ville de Marseille.

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Plus que le 9 mars, la jeunesse était mobilisée ce jeudi 17 mars. Onze lycées étaient bloqués dans la cité phocéenne, aussi bien dans les quartiers populaires (Victor Hugo, Saint-Exupéry) que dans les quartiers plus aisés (Montgrand, Périer, Daumier, Marseilleveyre). Tous ont convergé face à la Préfecture rejoints par des rassemblements étudiants, quelques militants politiques du NPA, de LO, du PG ou du PCF mais aussi par des cortèges syndicaux de FO, de la FSU, de SUD et surtout de la CGT qui venait d’occuper la Chambre de Commerce. Ce sont plusieurs milliers de personnes qui défilent ensuite dans le centre-ville.

Á l’inverse du 9 mars, les délégations syndicales représentaient une partie marginale des cortèges lycéens. Une manifestation lycéenne, c’est toujours plus enthousiaste, moins organisée mais dans ce cas, toujours pacifique. Aucun débordement, ni mouvement de foule inhabituel n’était à signaler lorsque le cortège remonte la Canebière, principale artère du centre-ville. C’est à ce moment-là que pour des raisons inconnues la police se met à pénétrer le cortège avec ses véhicules. Une fois. Deux fois. Á la troisième fois, les lycéens et dirigeants syndicaux font sentir leur agacement. Les policiers sortent de leur véhicule et se fraient un chemin en envoyant une barrière métallique sur les manifestants. Le ton monte. En quelques minutes, les milices de Bernard Cazeneuve sortent matraques et gaz lacrymogènes qu’ils envoient à travers la foule, irritant les manifestants mais aussi les familles ayant le tort de passer à cet endroit. Ils arrêtent également un jeune lycéen de 16 ans qu’ils traînent sur plusieurs mètres. Un autre jeune est mis en joue à hauteur de tête par un flash-ball.

Le cortège reprend sa marche aux cris de « Police partout, justice nulle part » révolté par les scènes de brutalité dont il vient d’être la victime. Une assemblée générale improvisée commence dans les locaux de la faculté Saint-Charles. Malgré la tension que vient de provoquer la police, l’enthousiasme est toujours au rendez-vous. Chaque intervention est copieusement applaudie par la plupart des participants. Chacun se « félicite d’être là », l’une appelle à « convaincre ses frères, ses sœurs, ses cousins et cousines » de la nocivité du projet de loi El Khomri, l’autre essaie de dessiner les perspectives à venir du mouvement. Aux alentours de l’université, un manifestant est attaqué par six nazillons de l’Action française, groupuscule d’extrême-droite. Quatre points de suture. Soudain, l’assemblée générale s’arrête. Un lycéen vient de recevoir l’information que le camarade arrêté est enfermé à Noailles, le commissariat du centre-ville à quelques mètres du lieu des incidents du matin.

Dans le calme, la plupart des participants à l’Assemblée rejoignent le rassemblement devant le commissariat réclamant la libération du camarade incarcéré. Plusieurs centaines de personnes sont présentes. Une nouvelle fois, les policiers utilisent les gaz lacrymogènes contre la foule pacifique. Plusieurs dizaines de personnes s’effondrent : des lycéens, des étudiants, des personnes âgées ayant le malheur de passer par là ou une journaliste de M6 dans l’exercice de ses fonctions. Les manifestants demeurent face au commissariat pendant encore plusieurs heures malgré l’arrivée massive de plusieurs dizaines de CRS, casque à visière vissée sur la tête, flash-ball en bandouillère, gazeuse à la ceinture, qui encerclent peu à peu le rassemblement. Dans un esprit d’apaisement face au risque de déchaînement de violences policières, les manifestants se replient alors à nouveau à la faculté Saint-Charles. Une nouvelle assemblée permet de commencer à construire la solidarité avec le lycéen arrêté en présence de ses parents.

Rendez-vous est pris le lendemain matin au Tribunal de Grande Instance pour sa comparution. Dès les premières heures de la matinée, une soixantaine de lycéens, étudiants, militants syndicaux sont présents. L’avocat du lycéen témoigne de la faiblesse du dossier à charge mais également de la demande d’incarcération du procureur de la République. Vers 13 h, après plus de 24 heures de détention, il est libéré et mis en examen pour « violences sur personne détentrice de l’autorité publique » (un policier a indiqué avoir une rougeur derrière l’oreille alors que le prévenu ressort de cette épreuve avec des hématomes au bras et au genou) et « rébellion » (les vidéos enregistrées lors des événements attestent pourtant du contraire). L’accusation d’ « outrage » demandée par les policiers n’a pas été retenue, ces derniers n’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur une vision cohérente. La famille du lycéen a porté plainte contre les violences policières.

Ce jeudi 17 mars, à Marseille, des centaines de lycéens dont le jeune camarade mis en examen, vivaient leur première manifestation. Ils demandaient simplement le retrait d’un projet de loi inique qui risquerait de les obliger à travailler plus, gagner moins et d’être licencié plus facilement. Ils ont découvert dans leur chair la brutalité de l’État. L’état d’urgence devient une réalité concrète pour chacun des manifestant.e.s et des habitants du centre-ville victimes des agissements des forces du (dés)ordre.

Le caractère national de ces violences policières, à Paris-1, Metz, Strasbourg, Toulouse, rend évidente l’implication du gouvernement. Elle témoigne du vent de panique qui souffle dans l’équipe de Manuel Valls, plus impopulaire que jamais. Après une pétition en ligne, ils reportent le projet de deux semaines. Après une première manifestation, ils concèdent la suppression de quelques dispositions. Après une deuxième manifestation, ils répriment tous azimuts effrayés par la généralisation du mouvement dans la jeunesse. Encore quelques mobilisations et ils seront dans l’obligation de retirer le projet de loi El Khomri et d’amnistier tous les manifestant.e.s interpellé.e.s.


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