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En direct du piquet ce matin

[Vidéo] Parole de grévistes. Après Ivry, la Tiru de Saint-Ouen rejoint le mouvement !

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Depuis ce jeudi, les travailleurs du centre de traitement des déchets TIRU (Traitement industriel des résidus urbains, filiale d’ERDF) de Saint-Ouen sont entrés en grève contre la loi travail. Ils rejoignent ainsi le mouvement entamé sur les usines d’incinération d’Ivry et de Romainville. L’incinérateur de Saint-Ouen fournit l’énergie à la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain (CPCU) située sur le trottoir d’en face, qui alimente en chauffage et eau chaude un certain nombre d’établissements publics de Paris. Autant dire que si les salariés ne sont pas entendus rapidement, les conséquences de la grève s’en feront ressentir dans la capitale.

Alliant revendications locales, portant sur les effectifs en baisse du fait du non-remplacement des départs et la condamnation de l’embauche en intérim, et revendications générales contre la loi El Khomri qui touchera directement les salariés, notamment en remettant en cause la rémunération des astreintes, leur mouvement est un bel exemple de mobilisation contre la loi travail et son monde. Ce matin à Saint-Ouen, ils étaient une trentaine à tenir le piquet dans une ambiance chaleureuse rappelant la lutte de 2010, où l’usine avait été bloquée pendant une dizaine de jours contre la réforme des retraites. A nouveau ce matin, le piquet était salué par les klaxons de camions et bus transitant par la rue Ardoin, en plein coeur des Docks de Saint-Ouen, tandis qu’aucun camion poubelle ne pénétrait sur le site. Nous sommes allés à la rencontre des grévistes et avons recueilli le témoignage de deux d’entre eux.

Propos recueillis par Flora Carpentier

Le point sur la lutte en cours avec Thierry Delépine, délégué syndical CGT à l’incinérateur de Saint-Ouen :

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Un second travailleur mobilisé ce matin revient sur les conditions de travail et les raisons de leur grève.

Est-ce que tu peux nous raconter pourquoi vous êtes en grève ?

La grève, pourquoi ? Parce qu’on n’est pas d’accord avec ce qui se fait actuellement avec la loi El Khomri. Comme on fait des astreintes on est amenés à travailler le samedi et le dimanche. Si on n’est plus appelés, on ne sera plus payés, alors qu’avant, même si on n’était pas appelé, on avait une prime. Ca veut dire qu’on sera astreint à rester chez nous le samedi et le dimanche, sans pouvoir faire d’activité, et être à la disposition de l’entreprise sans être payés. C’est inacceptable. Je ne vais pas gâcher ma vie et me priver pour ne pas être payé.

Et concernant les heures supplémentaires, les ramener à 10 %. Nous on fait partie des IEG [Industries Electriques et Gazières, NDLR], on n’a pas des gros salaires, ce qui nous sauve un peu c’est de pouvoir compter sur nos acquis d’entreprise, et si on nous les retire, moi personnellement ça vaudra pas le coup que je reste travailler ici à Tiru. Mon salaire étant petit, le manque-à-gagner se fait avec les deux-trois petites choses qu’on a gagnées au fil du temps, si on nous les retire il faudra partir.

J’ai 48 ans, je suis à 2.000 € brut. Pour avoir travaillé ailleurs, je gagnais beaucoup mieux ma vie, sauf qu’ici j’ai la garantie de l’emploi. Si avec la loi El Khomri je n’ai plus cette garantie et qu’on me retire mes acquis, je ne vois pas ce que je ferai ici. J’ai des compétences, j’ai bac+2, je ferai valoir mon expérience ailleurs. Je suis technicien de maintenance, je suis en charge d’avoir une disponibilité au niveau du matériel, que tout fonctionne bien et j’interviens sur les installations afin d’avoir une meilleure disponibilité du matériel. C’est tout ce qui est mécanique essentiellement. Moi, mon but, c’est que l’entreprise tourne sans problème.

Ca se passe comment concrètement la grève dans l’usine ?

Là ici il y a le service maintenance, qui est composé de chaudronniers, d’électriciens, de mécaniciens, on travaille à la journée. Et il y a une autre partie de l’entreprise qui sont en exploitation et eux tournent en équipe. Il y a 6 équipes de 7 personnes, ils tournent H24, 7 jours sur 7, donc par exemple en exploitation il n’y a que 7 personnes présentes sur les 50 sur le site, il y en a d’autres qui viendront cet après-midi, d’autres cette nuit, d’autres qui sont en congés parce qu’ils ont fait leur quota d’heures. On a un effectif total de 123 personnes mais sur le site on est aux alentours de 60-70 personnes simultanément.

Les camions ne rentrent pas, ne déchargent pas, et aujourd’hui l’exploitation ne délivre pas de régime, de permis pour travailler ; on travaille avec des procédures de sécurité et sans document on ne peut pas travailler. Ces documents ils sont là pour mettre en sécurité les installations. Par exemple, quand je travaille avec un appareil branché électriquement, la conduite se doit de me protéger, cet appareil il ne faut pas qu’il démarre lorsque j’ai les mains dedans. C’est ça la consignation, c’est de garantir la sécurité des installations lors de nos interventions.

Pour l’instant les déchets brûlent toujours, parce qu’on a une fosse et que dans la fosse il y a un stock d’environ deux jours. Depuis hier que la grève a démarré, le stock se réduit, et s’il y a plus rien, on arrêtera un four. Notre fonction première à Tiru c’est de brûler des déchets. Ensuite on fait du chauffage, on fait de la vapeur qu’on revend à CPCU, et CPCU c’est le chauffage urbain de la ville de Paris (hôpitaux, monuments de Paris pour tout ce qui est chauffage et eau chaude). Donc nous on revend la vapeur à CPCU, on crée notre propre électricité pour faire tourner notre installation et le surplus on le revend à EDF, on revend les cendres et on revend tout ce qui est métaux ferreux et non ferreux. Donc on fait de l’énergie verte, tout ce qui rentre ici est brûlé et tout ce qui ressort est recyclé. On ne perd rien. S’il n’y a plus de déchets à brûler on arrêtera un four.

Mettre l’incinérateur à l’arrêt, c’est votre but à l’heure actuelle ?

Ce n’est pas le but, nous on est là pour dire qu’on est en désaccord avec la loi El Khomri. Ici c’est notre outil de travail, on est tous motivés et mobilisés pour garder notre outil de travail, on crache pas dans la soupe, on est bien ici, il y a pas de souci. Là où on est en désaccord, c’est avec le gouvernement qui est prêt à mettre des lois qui vont pas dans notre sens à nous.


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