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La lutte de classes s’invite à l’Université

Vinci. Les ouvriers bloquent le chantier de la faculté du Mirail à Toulouse

Ce vendredi 6 Novembre, sur la faculté du Mirail à Toulouse, près de 150 ouvriers du chantier de Vinci ont répondu à l'appel à la grève de l'Union syndicale CGT Construction Bois Ameublement 31. Une journée d'action départementale, appelée sur tous les chantiers de construction de la Haute Garonne. Karel Venuvitch

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Vinci, architecte du mépris de classe

Dès 5 heures du matin, les poubelles ont été installées pour bloquer la principale entrée du chantier. Une action qui avait pour but de dénoncer des conditions de travail de plus en plus précaires, la baisse des augmentations annuelles de salaires - qui sont passées de 2.5 à 1.5 % - mais aussi le mépris de classe de la part des patrons de Vinci, qui ont généreusement octroyé 2.5 milliards de dividendes supplémentaires aux actionnaires, tandis que l’augmentation des minima sociaux n’a été que de 0.4 % dans le Bâtiment et sont gelés dans la branche des Travaux Publics.

Les revendications des manifestants étaient clairement affichées sur la façade du barrage dressé, à savoir 100 euros d’augmentation mensuelle pour les travailleurs de la Construction (Bâtiment et Travaux Publics), le respect de la santé des ouvriers au travail, la formation et le reclassement des salariés victimes d’accident du travail, de maladies professionnelles et d’inaptitudes, le refus des licenciements abusifs, des ruptures conventionnelles forcées et des fermetures d’établissements (Eiffage Albi, liquidation frauduleuses ...) et la déconnexion du 13ème mois du salaire annualisé pour les travailleurs des travaux publics.

Devant l’entrée bloquée, près de 150 personnes étaient rassemblées. Des travailleurs du chantier Mirail, bien sûr, mais aussi des ouvriers d’autres boîtes - comme Eiffage Albi par exemple -, des retraités du bâtiment, mais aussi des enseignants et étudiants de l’Université, venus apporter leur soutien aux travailleurs. La CGT Ferc Sup, syndicat enseignant, avait en effet appelé à un rassemblement de soutien à 10 heures à l’entrée de l’Université, ainsi qu’à un débat sur le partenariat public privé, qui a réuni une cinquantaine de personnes.

Le ras le bol des travailleurs et solidarité de classe

Les travailleurs en grève n’ont pas manqué de marquer leur solidarité "à nos camarades d’Air France", victime de la répression patronale et gouvernementale depuis l’affaire de la chemise. Une solidarité de classe traversant les questions de branches, de statut du contrat ou de la nationalité. "Nous, on n’est pas le FN. On exige que les travailleurs étrangers soient traités comme les travailleurs français". En effet, de nombreux travailleurs des pays d’Europe de l’est et du sud ont été embauchés sur le chantier, et subissent de plein fouet la surexploitation. "Moi ça va, mais je connais un portugais qui ne touche que 500 € par mois " nous explique un travailleur sous couvert d’anonymat. Les règles de sécurité, peu respectées par la direction, sont aussi au centre des discussions, tout comme les conditions de travail, décrites comme étant similaires à celle "du XIXème siècle". Les premières victimes de ces conditions de travail exécrables sont bien entendu les travailleurs étrangers, mais aussi les intérimaires. "C’est de l’esclavage, il y a des intérimaires qui taffent entre 10h et 14h par jour ", explique un ouvrier.

Pour couronner le tout, la direction a contacté les boites d’intérim, expliquant que si des salariés n’allaient pas travailler ce vendredi, une fiche serait alors établie. Un chantage qui a provoqué la colère des syndicalistes et des travailleurs. Alpaguant directement le chef de chantier, le délégué du personnel a ainsi déclaré : « si vous touchez à un seul cheveux d’un intérimaire, lundi on bloque Airbus ».

Le 2 décembre, jour du procès des salariés d’Air France, la CGT appelle à une journée interprofessionnelle d’action, avec notamment blocage de l’aéroport de Toulouse-Blagnac en soutien aux travailleurs inculpés, contre le travail low cost, pour l’emploi, pour des salaires décents. Pour l’instant, la CGT n’a pas appelé à la reconduite de la grève sur le chantier du Mirail. Mais la colère des ouvriers pourrait changer la donne si les négociations n’avancent pas ou si des sanctions sont prononcées, notamment envers les travailleurs étrangers et les intérimaires.

La journée réussie de ce vendredi laisse entrevoir un rapport de force favorable pour lancer un mouvement dans la durée. Dans une faculté réputée pour sa tradition de mobilisations, le soutien actif des étudiants et du personnel de l’Université pourrait peser dans la balance, surtout en faveur des salariés de Vinci, devenant de fait un exemple de solidarité.


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