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Violé et menacé de mort par des policiers. Le témoignage poignant d’un étudiant homosexuel chilien

Josué Maureira, 23 ans, est étudiant en médecine à Santiago du Chili. Dans ce témoignage bouleversant, il raconte comment il a été torturé, violé, menacé de mort et victime d'insultes homophobes par des policiers dans la nuit du 21 au 22 octobre. Son récit est révélateur à la fois de la répression meurtrière subie par la jeunesse chilienne depuis son soulèvement le 14 octobre, mais également de sa détermination impressionnante, appelant la jeunesse chilienne à “ne pas s’arrêter de lutter”. Un message de combat et d'espoir valable pour la jeunesse du monde entier.

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Nota : Les “Carabineros” sont une force militaro-policière dépendant du ministère de l’intérieur chilien

“Le 21 octobre à 2h du matin, j’étais dans le quartier Pedro Aguirre Cerda avec ma cousine, et j’entends quelqu’un crier au secours : “Au secours ! Je vais mourrir, ils sont en train de me tuer !” Je rentre dans le supermarché pour voir ce qui se passe. Je ne parviens même pas à arriver jusqu’à la personne, quand quelqu’un me crie que des policiers approchent. J’essaye alors de me cacher. Mais quand je me rends compte que je suis dans une impasse et qu’ils vont me découvrir, je me jette à terre les bras en l’air pour montrer que je n’ai rien. Un policier s’approche de moi et me pointe avec la lampe de son portable, il me soulève et commence à me taper. J’essaye de prendre mon téléphone pour filmer, mais le policier me le prend immédiatement. Un autre policier arrive et commence à me frapper aussi. Je reçois tellement de coups à la tête que je perds connaissance. J’ai des souvenirs flous, des images qui me reviennent... Mais je sais qu’ils m’ont embarqué dans le fourgon et qu’ils ont continué à me tabasser.

Après ça ils m’ont emmené au commissariat du quartier où ils ont continué à me taper, en me traitant de pédé parce que j’avais les ongles vernis. Je suis homosexuel et je n’ai aucun problème pour l’admettre. Ils ont continué à me frapper pendant 10 bonnes minutes. On m’a emmené à un centre de santé où un médecin m’a reçu, qui était certainement en contact avec la police puisqu’il ne m’a même fait un examen complet et qu’il a laissé les policiers m’étrangler du début à la fin.

Ensuite ils m’emmènent dans un autre secteur du commissariat et un policier arrive et me dit : “Qu’est-ce qui se passe si j’éteins la caméra et que je te tue ?” Et je réponds : “Tuez-moi, osez ! Vous allez perdre votre travail et vous allez tout perdre, parce que je suis étudiant en médecine, je sais ce que vous êtes en train de me faire et je suis conscient des blessures que j’ai.” Et là ils me frappent et me disent : “qu’est-ce que t’y connais toi, comment tu peux être médecin espèce de pédé !?” Et là ils me frappent jusqu’à m’obliger à crier que je suis un pédé. Ils m’obligent à le crier bien fort.

Au moins 3 policiers ont participé à ces faits. Deux m’ont attrapé et ont baissé mon pantalon, et un autre a introduit une matraque dans mon anus.

J’ai senti une énorme rage, une énorme impuissance. J’ai senti qu’au Chili on vivait dans une dictature. Qu’au Chili on a fait un retour en arrière, qu’au Chili il n’y a plus de droits humains, qu’on permet que des personnes
homosexuelles ou non, jeunes ou non, qui aient été dans la rue ou non, qu’elles aient commis des délits ou non... cela ne nous intéresse pas. Car personne ne mérite d’être torturé sexuellement, personne ne mérite qu’on le frappe.

Au sein du gouvernement le premier responsable est le président Sebastian Piñera, parce que c’est lui qui fait sortir les militaires dans la rue, c’est lui qui leur donne la liberté de faire ce qu’ils veulent. C’est lui qui transforme notre démocratie en une dictature qui viole les droits humains. On est face à un terrorisme d’Etat. Aujourd’hui je suis menacé de mort. En tant qu’étudiant en médecine j’ai dû prendre ce look pour éviter qu’on me tue, parce que je suis persécuté, parce que je suis menacé, que j’ai peur, et je ne sais pas si je vais rester en vie dans mon pays.

Je m’adresse aujourd’hui au peuple chilien pour lui dire qu’il n’arrête pas de lutter. Parce qu’on vit dans un pays injuste et inégalitaire, où les gens touchent des pensions indignes, où les personnes meurent en attendant une opération. Je l’ai vécu en tant que professionnel de santé. On est dans un pays injuste, où on nous assassine, on nous vole, on nous tue, et où les policiers ont l’impunité.

Le message que j’envoie aux jeunes de ce pays, c’est qu’ils ne se fatiguent pas de lutter ! On a déjà obtenu des choses, et ces choses ce sont les jeunes qui les ont obtenues ! Parce qu’on a commencé une révolution, parce qu’on n’en peut plus, parce que c’est pas les 30 pesos du ticket de métro mais les 30 ans d’injustice.
Aujourd’hui il ne faut pas baisser les bras mais il faut les lever ! Parce qu’aujourd’hui on est proche de la victoire, le gouvernement a peur et il l’a démontré. Le gouvernement a montré qu’il n’est pas capable de nous diriger. Le peuple uni ne sera jamais vaincu. Assemblée constituante dès maintenant ! Parce que ce président n’est pas capable de diriger un pays !”


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