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Après "la bataille des Champs"

Violences policières : "Ma vision de la France a changé : je suis choquée mais j’y retournerai"

Nous publions un nouveau récit poignant d'une manifestante, à propos de la violence policière qui s'est abattue sur les gilets jaunes samedi dernier à Paris. Alors que les médias tournent en boucle sur la supposée “violence des manifestants” et “la présence de casseurs” dans les rangs des gilets jaunes, nous vous invitons à nous transmettre vos témoignages pour rétablir les faits, à [email protected] ou par message privé sur les réseaux sociaux.

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"Je ne suis pas journaliste, seulement une maman de 3 enfants qui, samedi 24 novembre 2018, s’est rendue à Paris pour manifester.
Oui parce qu’à l’école on m’a appris que nous, citoyens, avions des droits ! J’y suis donc allée, entourée d’ami(e)s et de mon frère. On aime dire qu’on y est allés en mode "bisounours", les mains dans les poches avec pour seule arme notre Gilet Jaune.

Nous rejoignons d’autres groupes tout aussi enjoués que nous, et nous chantons la marseillaise sans cesse. Cette fierté quand je me retourne boulevard Saint Honoré et vois tout ce jaune derrière et tous ces citoyens qui chantent ! Au bout du boulevard premier blocage, on discute poliment avec les CRS, on leur explique qu’on le fait aussi pour eux, pour leurs enfants... ils restent là, matraque à la main, à nous fixer sans rien dire ! Pas grave on prends une petite rue et on continue nos chants !"

"J’ai cru que j’allais mourir étouffée à cet endroit"

"Quand au bout de cette rue on tombe encore sur des CRS, on s’arrête tous bras dessus bas dessous, on discute, on chante de nouveau et là... ils décident de nous gazer, pourquoi ? Demandez-leur, des femmes devant, des retraités, aucun casseur, aucune personne dangereuse, non juste des citoyens comme moi venus manifester ! Attention pas un simple gazage non, les sprays directement dans les yeux, mais aussi une bonne quinzaine de bombes envoyées en même temps. S’ensuivent des coups de bouclier sur les gens pliés qui ne pouvaient plus ouvrir les yeux.

Mouvement de panique (bah ouais on n’est pas des habitués du lynchage). Tout le monde court, crie pleure. J’essaye tant bien que mal de retrouver mon frère, il me dit de courir me mettre à l’abri, mais dans la panique j’ai perdu tout le monde, je retrouve une de mes amies qui ne voit plus rien, ne peut plus respirer, je la prends et cours le plus loin possible des gaz qui brûlent les yeux, la bouche, les poumons. A ce moment (vous pouvez vous moquer), j’ai cru que j’allais mourir étouffée à cet endroit. Et là des personnes que je n’avais jamais vu avant, nous ramassent, ils nous mettent à l’abri, nous nettoient les yeux et nous rassurent pour les nôtres qu’on ne trouvait plus, personne à terre tout le monde s’est sauvé ! Ouff...

"Vient ensuite la colère !"

Je tombe sur un journaliste qui attend à un coin de rue avec son cameraman, je lui dis que je veux témoigner là, les yeux rouges qui pleurent, la respiration encore hésitante, et il me répond juste : "désolée madame on n’est pas en direct..." Non mais quand un feu est allumé par des gilets jaunes, bizarrement c’est pile le moment du direct...bref !

Je reprends ma respiration et le premier sentiment qui me traverse est celui de la déception... ces gens-là, qui sont censés nous protéger, nous ont clairement attaqués, nous citoyens non armés simplement en train de chanter, vient ensuite la colère !!! On arrive tant bien que mal à tous se retrouver et là stupéfaction, on s’est fait gazer, non pas pour nous faire reculer puisque les CRS sont partis et nous laissent libre accès au bas des Champs Élysées, alors pourquoi ? Si ce n’est faire monter la tension d’un cran ??!!

"Je comprends que certains se soient défendus"

Ce que j’y ai vu ensuite ? Clairement un climat de guerre oui oui c’était la guerre ! Je ne peux même pas vous dire combien de bombes lacrymogènes j’ai vu passer, en haut, par terre et même en pleine face ! Des canons à eau, des grenades assourdissantes oui un paquet et croyez moi c’est vraiment flippant ce bruit !

Alors oui il y a eu de la casse mais à un moment donné quand tu arrives les mains dans les poches que tu te retrouves encerclé, gazé dès 10h le matin et sans arrêt, que tu te prends des coups, qu’on te charge sans raison (ah si on se révolte contre le gouvernement pardon !) et bien je comprends que certains se soient défendus, oui oui DEFENDUS, contre nos forces de l’ordre (cette phrase est à vomir on est d’accord ?)

Je peux vous dire que ma vision de la France a clairement changé samedi, je suis déçue, triste et choquée de ce que j’ai pu voir mais pour autant j’y retournerai, certainement mieux équipée mais j’y retournerai, je ne lâcherai pas parce que je suis convaincue qu’on y arrivera."


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