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Police Raciste

Violences policières : Plantu republie un dessin nauséabond

Plantu, le célèbre dessinateur, de ceux qui illustrait nos cours d'histoire par ses dessins de presse cyniques, s'illustre une fois encore dans un registre réactionnaire en faisant le buzz sur les réseaux sociaux avec ce dessin paru dans le Monde en 2017.

Tom Cannelle

8 juin 2020

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Crédit photo : dessin de Plantu paru dans le monde le 14 février 2017

C’est dans un contexte de mobilisation internationale contre les violences policières après un énième mort entre les mains de la police, que Plantu, dessinateur de presse le plus connu de France, décide de reposter ce dessin intitulé « luttons contre le racisme » sorti dans le Monde en 2017.

Il met en parallèle un policier apprenant à son collègue que, parmi les personnes noires, « il est possible » qu’il y en ait « des gentils » et deux personnages décrits comme des stéréotypes de « jeunes de banlieue », noirs, apprenant la même chose pour la police. Ce que semble vouloir dire ce dessinateur au talent discutable est qu’on pourrait apparemment résoudre les problèmes de meurtres racistes perpétrés par les forces de police en sensibilisant les jeunes des quartiers contre une haine anti-flic qui les pousserait à la violence ainsi qu’en ajoutant quelques heures de sensibilisation contre le racisme pour les flics afin d’éviter ce genre de « bavures » des policiers. Par conséquent, si 12 personnes ont trouvé la mort pendant le confinement après avoir croisé la police, la faute serait partagée entre ces quelques jeunes violents et les quelques policiers racistes ?

Non ! C’est précisément ce que montre ce mouvement international d’ampleur : pas de frontières à la répression policière, aux meurtres racistes et à l’impunité de ces agents des états. Des rassemblements pour Georges Floyd aux États Unis à ceux pour Adama Traoré en France, ce que pose ce mouvement c’est la question fondamentale des violences d’état au travers de son bras armé : la police. En conséquence, il n’y a pas de bavure, pas de débordements, mais bien une violence inhérente et structurelle à l’institution policière qui est garante de l’ordre établi et maintenu par l’état. Ainsi, les travailleurs exploités continuent à enrichir leurs patrons. Et lorsque qu’ils se rebellent, c’est la police qui casse les piquets de grève.

Cet ordre s’appuie aussi sur un racisme d’Etat : ce sont les classes populaires, en première ligne devant la maladie durant cette dernière période : qui lavent, qui livrent, qui maintiennent ouverts les magasins de première nécessité, ceux qui ont les conditions de travail les plus difficiles et les salaires les plus bas. Ceux-là même qui sont ghettoisés dans les quartiers des périphéries urbaines. Dans le 93 par exemple, qui concentrait 10% de l’ensemble des amendes émises pendant le confinement. C’est la même police qui maintient muselées les banlieues lorsque, révoltées par un énième meurtre raciste, elles se rebellent comme ça a été le cas en 2005 suite à la mort de Zyed et Bouna.

Tout ceci est précisément ce que ce dessin tente de nous faire oublier. Cette violence systémique garante des profits des capitalistes, des patrons, sur le dos des travailleurs et en particulier des plus précaires, ne s’enrayera pas grâce à un quelconque séminaire de sensibilisation contre le racisme, a une quelconque réforme de la police comme le proposent Sanders ou Mélenchon. C’est bien un renversement total de l’ordre des choses, de la division de la société en classe, entre ceux qui travaillent et ceux qui s’enrichissent, que la société n’aura plus besoin d’un bras armé, instrument de coercition pour forcer le plus grand nombre à se plier à la volonté de quelques-uns.

En outre, ce type de production promeut que le racisme systémique inscrit dans l’institution policière est à placer sur le même plan qu’une haine « anti-flic » dans les quartiers – qui répond soit dit en passant, un harcèlement quotidien des forces de répression. Cette mise en parallèle ravive le fantasme d’un « racisme anti-blanc », terreau fertile de l’extrême droite certes, mais fait le jeu aussi d’un gouvernement qui minimise l’implication des policiers et donc, de l’état, en criminalisant les victimes dans un discours nauséabond.


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