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Violences policières et confinement : 7 plaintes déposées. Les familles montent au créneau

Au moins 7 plaintes ont été déposées ces derniers jours pour des faits de violences policières dans le contexte de confinement que connaît actuellement le pays. Nous relayons ce communiqué des familles de victimes de violences policières, qui dénonce la répression subie par la population dans les quartiers populaires.

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Au moins 7 plaintes ont été déposées ces derniers jours pour des faits de violences policières dans le contexte de confinement que connaît actuellement le pays. Depuis la mi-mars, en effet, les témoignages et vidéos montrant des interpellations violentes ne cessent d’inonder les réseaux sociaux. De Strasbourg à Marseille, en passant par les Ulis, Torcy, Aubervilliers ou encore Montreuil, à chaque fois les mêmes images : des hommes et des femmes, souvent jeunes, insultés, frappés, tasés, voire même tamponnés par des agents des forces de l’ordre.

Ils s’appellent Ramatoulaye, Chems-Eddine, Sofiane, Yassim, Mohamed et Walid. Ils viennent de Torcy, des Ulis, d’Aubervilliers, de Montreuil, de Montceau-les-Mines ou de Saint-Pierre-des-corps. Leurs histoires sont sensiblement différentes mais ils ont tous fini avec plusieurs jours d’ITT et un important traumatisme psychologique après avoir été violemment interpellés par des policiers ces dernières semaines. Ils ont donc décidé de porter plainte.

Pour eux, comme pour les proches et les avocats qui les accompagnent dans leurs démarches : rien, absolument rien ne peut justifier les violences et les méthodes que les forces de l’ordre ont employé à leur encontre. Ni l’absence d’attestation, ni l’utilisation d’une attestation manuscrite au lieu d’une attestation imprimée, ni le non-respect du confinement, ni les tentatives d’échapper aux policiers ne peuvent expliquer, légitimer ou justifier de tels déchaînements de violence de la part d’agents dépositaires de l’autorité publique.

En plus des insultes racistes, des attouchements et des humiliations, plusieurs victimes de ces violences policières racontent qu’elles se sont vus mourir, qu’elles n’arrivaient plus à respirer, qu’elles ont eu peur pour leur vie. Pour leurs proches, cela pose une question fondamentale : contre qui l’État est-il en « guerre » ? Contre le coronavirus ou contre les habitants des quartiers populaires ? Contre le coronavirus ou contre celles et ceux qui n’ont pas le bon patronyme, la bonne couleur de peau, la bonne adresse ?

Conscientes que ces affaires sont loin d’être des cas isolés et que les habitants des quartiers populaires subissent une pression policière continue depuis des décennies, les victimes et leurs proches ont décidé d’unir leurs forces et d’articuler leurs combats collectivement. Ils invitent toutes les personnes qui ont eu à subir des abus policiers ces derniers jours à se constituer partie civile et à les rejoindre. Ils estiment que « ces violences ne doivent pas rester impunies » et que « loin d’en protéger les habitants, l’état d’urgence sanitaire tel qu’il est appliqué dans les quartiers populaires les met, au contraire, en danger. »

Une cagnotte de soutien aux familles a été lancée : http://www.leetchi.com/fr/c/w38YMOb5


Dans le détail :

Le 19 mars 2020
À Torcy, c’est Chems, 19 ans, qui a été agressé par des policiers. Il attendait un ami en bas de sa tour lorsque des policiers l’ont contrôlé. Chems reconnaît qu’il n’avait pas d’attestation et qu’il a commencé par donner un nom fictif avant de décliner son identité. En réponse, un agent de police lui saute dessus et l’étrangle au point qu’il n’arrive plus à respirer, pendant que son collègue scande des insultes racistes aux témoins inquiets qui criaient par leurs fenêtres face à cette scène de violence.
Une plainte a été déposée et le Défenseur des Droits a été saisi.
Une enquête a été ouverte par le parque de Torcy.

Le 19 mars 2020
À Aubervilliers, c’est Ramatoulaye, 19 ans, qui a été frappée, insultée et tasée par des agents alors qu’elle était sortie faire des achats de première nécessité pour son bébé âgé de 6 mois. Arrivée à proximité de son domicile, et en présence de son petit frère âgé de 7 ans, Ramatoulaye a été contrôlée par huit policiers qui décidèrent que son attestation manuscrite ne suffisait pas. Le ton est monté et un policier a soudainement envoyé un coup de taser à la poitrine de la jeune femme. Résultat ? 5 jours d’ITT, et là encore, des blessures psychologiques invisibles.
Une plainte a été déposée et le Défenseur des Droits a été saisi.

Le 23 mars 2020
Aux Ulis, Yassin, 30 ans, a été tabassé par des policiers alors qu’il sortait de son immeuble pour aller acheter du pain. Il n’a même pas eu à présenter son attestation ou à justifier sa sortie, puisque les agents, qui étaient « déchaînés » selon son témoignage, l’ont directement pris à partie. Plaquage contre le mur, coups de pied, coups de matraque lui ont valu 5 jours d’ITT.
Une plainte a été déposée.

Le 24 mars 2020
Aux Ulis toujours, Sofiane, qui avait oublié son attestation, a été pris de panique à la vue des policiers et a tenté de les fuir. Au lieu d’être arrêté et verbalisé, il a subi des violences physiques aggravées de la part d’agents de la BAC. Ce passage à tabac lui a valu 4 jours d’ITT, 15 jours d’arrêt maladie prescrit par un psychiatre, et un important traumatisme.
Une plainte a été déposée.

Le 1er avril 2020
À Montceau-les-Mines, c’est Walid, 30 ans, qui a été tabassé par des policiers. Un déchaînement de violence qui lui a valu 16 jours d’ITT et, là encore, un important traumatisme psychologique. Ce soir-là, Walid était simplement sorti s’acheter à manger. Il était en voiture lorsque la police l’a arrêté. Régulièrement contrôlé, il l’a fait remarquer aux policiers et a sorti son téléphone pour filmer l’interpellation. C’est là que les choses ont dégénéré. Gazé, frappé, bloqué, Walid a subi de nombreuses violences, auxquelles se sont ajoutées 48h de garde à vue pour...outrage, rébellion et violences contre les policiers. Résultat ? Lui qui n’avait jamais eu maille à partir avec la justice s’est retrouvé jugé en comparution immédiate.
Une plainte a été déposée.

Le 4 avril 2020
Aux Lilas puis à l’entrée de l’autoroute près de Montreuil, c’est Mohamed, 22 ans, qui a été passé à tabac par des policiers. Ce jour-là, Mohamed a subi deux contrôles de la part des mêmes agents, à quelques minutes d’intervalle. La première fois, il était en train de faire des courses pour sa grand-mère. Pris à parti par des policiers, il a finalement été relâché car tout était en règle… mais quelques temps après, alors qu’il avait pris sa moto pour rentrer chez lui, il a été arrêté et menacé par les mêmes policiers. Pris de panique, il a tenté de fuir à pied mais les policiers l’ont rattrapé. S’en est suivie une salve de coups qui a valu 7 jours d’ITT au jeune homme. Il a été frappé et tasé alors même qu’il avait encore son casque sur lui.
Une plainte a été déposée.

Le 10 avril 2020
À Saint-Pierre-des-corps, c’est Mohamed, 26 ans, qui a été tabassé par des policiers. Pompier volontaire, il était sorti faire un footing tardif pour s’aérer l’esprit. Sur la route, il croise des habitants du quartier et les salue. C’est à ce moment qu’une voiture de police arrive. N’ayant pas leur attestation, plusieurs des personnes présentes se mettent à courir. Mohamed reste : il a son attestation et se dit qu’il n’y aura aucun problème. Mais le ton monte rapidement. Alors que Mohamed sort son téléphone pour filmer le comportement des policiers, il est gazé au visage à bout portant. S’en suivra une violente salve de coups. Un agent lui a même tiré sa capuche pour l’étrangler. Ce passage à tabac lui aura valu 10 jours d’ITT et un lourd traumatisme. Au-delà des marques de strangulation et des ecchymoses, Mohamed est sous le choc.
Une plainte a été déposée.


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