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Violences sexuelles : sept femmes témoignent contre Hulot, le gouvernement est complice

Un nouveau scandale au sein de la politique française. Après Darmanin, Lassalle, Asselineau, plusieurs femmes ont accepté de témoigner à visage découvert dans Envoyé Spécial contre Nicolas Hulot. Sept femmes témoignent d’agressions sexuelles et de viols et le reportage révèle que le gouvernement s’est empressé d’apporter son soutien à Nicolas Hulot.

Eugénie Tobhnom

29 novembre 2021

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Crédit Photos : AFP

Jeudi 25 novembre, au soir de la journée internationale de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, l’émission Envoyé Spéciale a diffusé un reportage comprenant les témoignages à visages découverts de quatre femmes ayant subi des viols et des agressions sexuelles de la part de Nicolas Hulot, l’ancien ministre de la transition écologique. L’image idéalisée et progressiste d’un militant asservi par la cause écologique s’effondre.

Sylvia, qui avait 16 ans au moment des faits, raconte dans un témoignage poignant ce qu’elle a vécu lors de sa rencontre avec Hulot. Après avoir gagné à un jeu-concours, elle reçoit une invitation pour assister à l’émission « Antipodes, le magazine de l’impossible », présentée alors par Nicolas Hulot. A la fin de l’émission, il lui propose de prendre un petit-déjeuner, qu’elle ne peut refuser, car elle était «  ultra intimidée », il va ensuite la raccompagner en voiture jusqu’au métro. Il va alors s’arrêter et lui demander s’il peut l’embrasser dans le coup : « Est-ce que vous en avez rêvé ? Non. » Non, ce n’est pas un rêve mais un cauchemar pour Sylvia. Il va redémarrer, s’arrêter plus loin sur un parking aérien et va enlever son pantalon. C’est là que le calvaire commence pour Sylvia, qui décrit la scène : « Il a sorti son sexe et a pris ma main. Avec l’autre main, il voulait que je lui embrasse le sexe[...] il me force à faire une fellation, que je ne fais pas réellement parce que je suis tétanisée. », et « comme je suis fan de lui, je n’arrive pas à me dire que c’est mal. » L’ancien ministre de l’écologie, a profité de sa popularité et de son pouvoir sur cette jeune fille mineure à l’époque pour lui imposer un acte sexuel.

Le deuxième témoignage est celui de Cécile, 23 ans au moment des faits. Après une soirée, Hulot partage un taxi avec elle et lui propose son aide pour obtenir un boulot à TF1. Elle refuse mais il continue sa proposition en posant sa main sur sa cuisse, « il insiste, et il insiste ». Elle raconte : « il se jette sur moi », « essaye de m’embrasser », « me touche les seins, l’entrejambe », « je me débat », « je le repousse et le frappe aux visages ». Cécile repousse l’homme à plusieurs reprises, « Le non une fois, le non deux fois, je crois que j’ai clairement exprimé ne pas vouloir de relation sexuelle avec ce monsieur ». Elle a choisi de ne pas porter plainte, en effet comme elle le dit : « Que faire devant un ami du président Chirac ? ». Nicolas Hulot était protégé par son entourage mais aussi par son image, et il le savait.

L’émission enchaîne avec le témoignage de Bérengère Bonte qui raconte les circonstances dans lesquelles Pascale Mitterrand, belle fille de François Mitterrand, qui a dû passer quatre jours seule dans la villa privé de Hulot en Corse pour faire des photos de la demeure. « Il ne la connaissait pas comme photographe mais il avait juste vu sa photo ». La dernière nuit, Hulot profite d’être seul dans cette maison avec elle pour la violer. En 2008, Pascale Mitterrand porte plainte pour viol, une plainte classée sans suite par prescription.

Enfin, deux autres témoignages écrits s’ajoutent à la fin de l’émission. L’animatrice belge Maureen Dor raconte avoir croisé Hulot lors de la promotion d’un de ces livres, à l’hôtel Métropole. Il va la suivre jusqu’à sa chambre d’hôtel, puis lui saute dessus en essayant de l’embrasser. Puis une autre femme, ancienne employée de TF1, qui avait 23 ans lorsqu’elle a rencontré Nicolas Hulot. Après un déjeuner, il l’aurait raccompagnée en voiture et lui aurait saisi la main pour la mettre sur son sexe.

Selon Virginie Vilar, la réalisatrice du reportage, la liste est loin de s’arrêter là. L’intervention de l’ex-ministre sur BFM aurait, par ailleurs, poussé d’autre langues à se délier, s’ajoutant à tous les autres témoignages déjà publicisés.

Des agissements mis sous silence, un gouvernement complice et coupable

Des femmes qui ne se sont jamais rencontrées qui racontent toutes les mêmes témoignages glaçants, suivant le même schéma : d’abord une main sur la cuisse ou un baiser, puis, s’il parvient à forcer ce baiser, des gestes de plus en plus intimes, peu importe la réaction de la victime.

Selon le témoignage de Claire Nouvian, l’entourage de Hulot n’est pas aveugle et est bien conscient de ces agissements, que « beaucoup de jeunes filles passent à la casserole ». Ils l’avaient d’ailleurs mise en garde et lui donnant quelques consignes avant de partir en tournage pour "Ushuaia" : « évite les situations où tu es seul avec lui », « ferme ta cabine sur le bateau le soir, ne lui répond pas s’il toque à ta porte, fais semblant de dormir.. »

Ces témoignages ne sont malheureusement pas les premiers, en 2018 déjà, Hulot avait été accusé d’un viol datant de 1997. A cette époque, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la Lutte contre les discriminations, avait défendu son ancien collègue dans une tribune où elle décrédibilise ouvertement la parole de cette femme et appelle à faire confiance aux institutions Plus encore c’est tout le gouvernement qui s’est mis au service de Hulot, cherchant à étouffer les dénonciations, apportant soutien public, moral et matériel, cherchant la meilleure communication possible, des « images » pour le montrer aux côtés de celle qui est chargée de lutter contre les violences faites aux femmes.
« Les violences faites aux femmes, la grande cause du quinquennat ? », après Darmanin et Dupont-Moretti, le gouvernement s’illustre une fois de plus par sa capacité à protéger les siens et à étouffer et faire taire les victimes de violences sexuelles.

Aux lendemains de la journée internationale de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, le gouvernement ose encore assurer dans des communiqués officiels : « Notre mobilisation est totale pour continuer à lutter contre ce fléau ». Pourtant cette liste violente de viols par un ministre protégé par son gouvernement, ne peut que nous pousser à dire aux victimes : on vous croit ! Et à mener le combat contre les violences faites aux femmes en toute indépendance d’un Etat qui défend et soutien certains intérêts, qui crée les conditions pour la persistance d’un système qui s’appuie sur le patriarcat.


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