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Les cheminots massivement contre le pacte ferroviaire

Vot’action : 94,97% des cheminots votent contre la réforme. A quand la consultation sur la grève reconductible ou la perlée ?

Guillaume Pepy expliquait que seulement 20% des cheminots étaient contre la réforme de la SNCF. Pourtant, la consultation interne lancée par l’intersyndicale a récolté 94,97% de voix contre. Le résultat de la consultation est une démonstration de force. Mais, sans se rallier massivement à la grève, sera-t-elle suffisante pour gagner ?

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crédits photo : © Maxppp - Alexandre Marchi

Organisée par l’intersyndicale, la consultation interne des cheminots, appelée « vot’action », a permis à 91 000 cheminots, soit 61,15% des effectifs, de se prononcer sur la réforme du rail. A la question : « Êtes-vous pour ou contre la réforme que veut imposer le gouvernement ? », le contre l’a largement remporté avec 94,97% des voix.

Un résultat qui n’est pas surprenant puisque neuf cheminots sur 10 ont déjà fait au moins une journée de grève depuis le début du mouvement. On aurait pu donc largement se passer d’une telle consultation qui pose la question de la lutte sur le mauvais terrain.

En effet, si la consultation a l’intérêt de montrer aux yeux de tous que les cheminots sont quasiment tous contre la réforme du rail contrairement aux déclarations de Guillaume Pepy qui expliquait que seulement 20% des cheminots étaient contre la réforme, son intérêt ne va guère plus loin. Elle est plutôt le symptôme d’une stratégie qui s’éparpille.

Le fait de laisser croire qu’une telle consultation permettrait d’avoir un effet dans la bataille du rail est une dangereuse illusion. Guillaume Pépy s’en est déjà défendu : le résultat du vote ne changera rien du contenu de la réforme qu’il s’apprête à faire passer avec le gouvernement. Avec la logique de la grève perlée, le fait de croire que ces derniers vont reculer face au résultat unanime de la consultation use petit à petit les forces et érode la mobilisation plutôt que la massifier.

Une consultation qui n’influe pas sur le rapport de force

Cette consultation a été balayée d’un revers de la main par la direction de la SNCF qui explique bien évidemment que la réforme du rail concerne l’ensemble de la population et pas seulement les cheminots, chose partagée par les grévistes. De fait la direction explique que la vot’action n’est qu’une « pétition » et qu’elle n’a « aucune légitimité ». Guillaume Pepy, déclarait dans les colonnes du Monde, début mai que « les cheminots sont bien évidemment concernés par la réforme. Mais celle-ci touche tous les Français. C’est donc à leurs représentants élus de se prononcer. Personne ne peut leur confisquer ce débat ». Si ces élus auraient sans doute bien voulu avoir un taux de participation aussi élevé que la vot’action, l’argument reste audible. Pour rappel, pour l’élection présidentielle de 2017, si l’on prend les votes nuls, blancs, l’abstention, les personnes non inscrits sur les listes électorales, les non votant, que ce soit pour Macron et Le Pen, sont supérieures aux taux de vote pour Macron. Sa légitimité avec 20 millions de voix est donc très infime.

Mais, ni la direction de la SNCF, ni le gouvernement ne vont reconnaître la légitimité de la consultation. L’intersyndicale a donc passé 15 jours à faire le tour des cheminots pour montrer ce que tout le monde savait déjà et pour quelque chose qui n’a aucun poids. Il faut sans plus attendre se poser les vraies questions. Pas de savoir si les cheminots sont contre la réforme mais bel et bien quels sont les moyens dont on peut se doter pour gagner face au gouvernement et à la direction de la SNCF bien déterminés à aller jusqu’au bout.

Radicalisons le mouvement : pour des assemblées générales démocratiques !

On peut le constater avec les chiffres de taux de grévistes et de participation aux AGs, la mobilisation a tendance à baisser tout en se maintenant à un niveau respectable. Le fait que la grève soit déjà encadrée par un calendrier prévu à l’avance sans que les cheminots aient leur mot à dire en est la principale cause. En effet, si l’on veut enfin que la mobilisation passe la seconde, il faut se questionner sur la modalité de la grève. Qui d’autre que les cheminots peuvent décider de leur lutte ? Quel est l’intérêt de venir en AG si l’on ne peut pas décider des modalités de la lutte ?

Maintenant que l’intersyndicale « découvre » que la quasi-totalité des cheminots est contre la réforme, elle doit laisser la main à l’auto-organisation. C’est seulement si les cheminots peuvent décider eux même de leur grève qu’ils viendront massifier les AG et les cortèges, en prenant des décisions collectives que se soit sur la temporalité de la grève ou sur les actions à mener.

Déposer un bulletin dans une urne ne va pas faire plier le gouvernement qui n’hésite pas à utiliser les gaz lacrymo et la matraque contre les ouvriers pour éteindre le mouvement. La seule solution qui s’offre aux cheminots devant la défaite programmée de leur mouvement reste la reconductible, décider au jour le jour de continuer la grève ou non. Dans ce bras de fer de classe, le gouvernement a le dessus. Pour renverser la tendance, il faut bloquer le pays, l’économie grâce à la grève. Si l’économie subit la grève avec deux jours tous les 5 jours, le gouvernement lui attaque 7 jours sur 7. Dans toutes les gares de France, dans toutes les Assemblées générales, les cheminots doivent décider eux même de la suite à donner au mouvement. On le voit lors des votes, la grève est toujours reconduite à la quasi-totalité mais sur le préavis de la CGT. Il faut arrêter avec ces pseudos démonstrations de force qu’est le vot’action et enfin se donner les moyens de partir en grève dure, en grève reconductible, se donner les moyens d’élaborer une stratégie pour gagner !


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