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Casse du service public

Xavier Bertrand suspend ses paiements à la SNCF : la privatisation made in Macron est déjà en marche !

Fin octobre la Région Hauts de France menaçait de ne plus payer ses versements si le trafic n’était pas revenu à la normale mi-novembre. La menace est mise à exécution. Derrière le coup de Xavier Bertrand contre la direction de la SNCF se cache en réalité le processus de privatisation du rail, déjà promu par Macron.

Violette Renée

3 décembre 2021

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Un service public cassé depuis des années

La Région Hauts de France connaît de nombreux trains annulés ainsi que des retards SNCF sur son territoire, c’est d’ailleurs la Région la plus touchée par ces phénomènes avec un taux d’annulation à 3,6% et un taux de retard de 9,1%, mais qui n’exempt pas les autres Régions. Les usagers sont exténués comme en témoigne Hervé pour Francebleu : « c’est la bétaillère ! On est tous collés les uns contre les autres, surtout le matin. J’ai des amis qui prennent la ligne Lens-Lille, et c’est pareil, ils ne peuvent même pas monter aux gares intermédiaires parce qu’il n’y a pas de place. »

Ces problèmes sont dénoncés depuis des années par les cheminots qui déplorent une baisse constante des moyens alloués au rail et donc d’une rétraction du nombre de lignes en circulation ainsi que de la qualité de service de ces dernières. Comme nous le rapporte Clément, cheminot à Chatillon que nous avons interviewé : « Nous les cheminots nous avons subi ces dernières années une précarisation de nos conditions de travail, ce qui a des conséquences directes sur le service offert aux usagers. Il y a de plus en plus de démissions suite notamment à des réorganisations pour les conducteurs qui se retrouvent à faire des lignes uniques - toujours les mêmes aller-retour -, en EAS (Équipement Agent Seul) c’est-à-dire qu’il n’y a pas de contrôleurs dans le train et qu’ils sont seuls garants de la sécurité dans les trains ». On se souvient d’ailleurs de l’accident en Champagne-Ardenne où un train avait percuté une voiture. Le chauffeur du train était seul (EAS) et a dû courir, gravement blessé, sur près d’un kilomètre avec une lampe torche afin d’arrêter un train arrivant en face et risquant de percuter le train accidenté. Pendant ce temps les passagers sont restés sans information sur l’accident en cours. « Voilà la réalité de la SNCF aujourd’hui, on ne peut même plus garantir la sécurité dans les trains !  » s’exclame Clément.

Face à cela, Xavier Bertrand, Président de la Région Hauts des France n’a rien trouvé de mieux à faire que d’annoncer la suspension des paiements à la SNCF. Une façon pour Bertrand de faire pression sur la direction de la SNCF, mais aussi de se poser comme l’aile marchante d’un service public dit « efficace ». En réalité, c’est un appel à accélérer la privatisation du rail made in Macron, qui va trop lentement selon lui.

Bras de fer Régions/SNCF et compromis vers la privatisation

Le bras de fer entre la SNCF et la Région se joue sur le même plan : la SNCF ouvre des filiales pour garder les marchés et s’ouvre, par la même, à la concurrence sous l’impulsion de la réforme Macron ; et la Région lance des appels d’offres aux prestataires privés pour des services moins chers et plus compétitifs

La réaction de Xavier Bertrand, président de la région Hauts de France face au constat sur les retards et annulations de trains est un nouvel argument pour justifier des économies faites sur le dos des services publics.

Comme nous l’explique Clément : « ils suspendent le paiement de la SNCF alors même que le problème c’est déjà la baisse des moyens pour la SNCF. La SCNF a réduit le plan de transport à cause du covid et la présidence de la Région a elle-même maintenue ces horaires Covid encore à l’heure actuelle ! C’est eux qui organisent cette casse-là dans le but d’ouvrir à la concurrence, ils font mine de dire que la SNCF n’est pas à la hauteur alors qu’en fait ils organisent ça ensemble ! »

Par cette décision, la Région souhaite « prouver » au public que le service public est inefficace pour offrir un tapis rouge à la privatisation, comme a pu le faire le vice-président de la région Grand-Est, M. Valence, en septembre dernier expliquant qu’avec les économies réalisées grâce à la concurrence, il sera possible de commander plus de train et de mettre plus de rames en production... En ce sens, les appels d’offres vers des opérateurs privés de la part des Régions sont déjà en route."La région Grand Est va lancer deux appels d’offres portant sur cinq lignes de TER, dont l’exploitation démarrera fin 2024. De son côté, la région Hauts-de-France a lancé un appel d’offres sur trois lignes de TER : l’étoile de Saint-Pol-sur-Ternoise, la liaison Paris-Beauvais et l’étoile d’Amiens" comme le rapporte Le Figaro.

« Evidemment que la privatisation du rail ne va strictement rien changé, si ce n’est aggraver la qualité du service : ce sera les mêmes cheminots, les mêmes conducteurs, le même matériel. Rien ne changera, si ce n’est que la logique de rentabilité sera de plus en plus forte contre la qualité du service et les conditions de travail » poursuit Clément.

En dernière instance, malgré l’enjeu politique qu’ouvre Xavier Bertrand face à la SNCF contre Macron qui est derrière la mise en concurrence de la société anonyme à capitaux publics, le premier cherche à accélérer le processus de privatisation, le second l’a ouvert en imposant sa réforme du rail. Une bataille politique donc, qui malheureusement pour Bertrand sonne comme un dernier coup, lui qui a été éliminée de la primaire de droite.

C’est bien en action conjointe avec les conseils Régionaux que le processus de privatisation prend de l’ampleur à la SNCF. Les usagers et les travailleurs du rail doivent lutter collectivement contre la casse de ce transport public essentiel et écologique !


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