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« Ça rigole plus, hein ! »

Zemmour braque des journalistes avec un sniper : une « blague » aux allures d’intimidation

En visite au salon des armes de répression Milipol ce mercredi 20 octobre, Zemmour a braqué un fusil de précision sur les journalistes qui l’entouraient. Un geste provocateur qui, loin d’être la simple blague qu’invoque le candidat, illustre bien le projet autoritaire de musellement de la presse que celui-ci prône.

Seb Nanzhel

21 octobre 2021

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Le salon Milipol, grande messe internationale de la répression organisée par le Ministère français de l’Intérieur, la Police Nationale, la Gendarmerie, ou encore la police municipale et Interpol, regroupait du 19 au 22 octobre à Paris la crème des entrepreneurs et des organes privés et publics de la violence d’Etat. En plus de la présentation des dernières innovations en matière de répression et de surveillance, des sujets aussi variés que « la gouvernance de la sécurité » sur « les migrations de populations liées aux changements climatiques » ou encore un retour d’expérience sur la gestion militaire et répressive du G7 de Biarritz étaient à l’ordre du jour. Ce salon aborde la répression de manière particulièrement décomplexée, allant en 2017 jusqu’à présenter des instruments de torture. Le polémiste d’extrême droite était donc comme un poisson dans l’eau dans cette célébration de la violence et de la xénophobie d’Etat.

Au cours de sa visite, il a profité de la présentation d’un fusil de précision utilisé par le RAID pour saisir l’arme non chargée et la pointer vers les journalistes, lançant « Ça rigole plus, hein, poussez-vous, reculez ! »

Un acte qui n’est pas aussi anodin qu’il souhaiterait le laisser penser, alors que dans la même semaine le polémiste fustigeait la presse dans un discours à Bézier, comme le rapporte Le Monde : « Nous avons des contre-pouvoirs qui sont devenus le pouvoir, c’est-à-dire la justice, les médias, les minorités. Nous devons enlever le pouvoir à ces contre-pouvoirs. » L’attitude de Zemmour au salon de la répression prend ainsi des airs de menace à peine déguisée à l’adresse des journalistes, interloqués par la scène.

Tenir en joue des journalistes et affirmer vouloir anéantir la presse tout en ayant été porté pendant des décennies par les médias dominants – notamment ceux tenus par ses proches soutiens à l’instar de Vincent Bolloré – est le « en même temps » qu’a choisi de jouer Eric Zemmour dans une séquence poreuse à tout discours autoritaire et liberticide.

Le message est clair : le projet de Zemmour est de discipliner et d’intimider les médias qui ne portent pas sa ligne. Cette provocation au salon Milipol est dès lors à considérer comme un exemple clair de la nature de la politique qu’il entend mener au-travers de sa candidature (encore non déclarée) à l’élection présidentielle : une politique pro-patronale et xénophobe passant par une critique des médias qui a fait le succès de Bolsonaro et Trump, ses inspirations.

De fait, dans une période particulièrement réactionnaire, entre chasse au « wokisme » et politiques islamophobes Zemmour est porté par la dynamique et n’hésite pas à grossir les traits des offensives menées par le gouvernement y compris à l’encontre des journalistes.

C’est en effet pleine d’hypocrisie que la voix de Marlène Schiappa s’est élevée, qualifiant la scène d’horrifiante et profitant de l’affaire pour livrer un discours aussi vide que mensonger sur la liberté de la presse : « Dans une démocratie, la liberté de la presse n’est pas une blague et ne doit jamais être menacée. » Des mots qui sonnent particulièrement creux dans la bouche de celle qui, avec la République En Marche, a porté la loi sécurité globale (qui prévoyait au départ d’entraver l’activité des journalistes en les empêchant de diffuser des images de policiers) ainsi qu’une répression active et un contrôle des journalistes couvrant les manifestation.

Face à cette provocation réactionnaire et autoritaire de Zemmour, la réponse n’est pas à chercher du côté des Marlène Schiappa et autres défenseurs d’une liberté de la presse à géométrie variable, mais bien dans la rue, les entreprises et les lieux d’études, avec ceux qui se battent contre les idées nauséabondes de l’extrême droite et du gouvernement ! De plus, comme le montre le cas Zemmour, une réelle liberté de la presse ne peut être défendue qu’en luttant contre les Bolloré, les Bernard Arnault et autres milliardaires qui ont fait main basse sur la plupart des médias, leur permettant de peser de manière dramatique sur le paysage idéologique en France, notamment en plaçant à la tête de la presse des militants d’extrême-droite comme l’ancien directeur adjoint de Valeurs Actuelles pressenti pour diriger le JDD.


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