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Un procès surréaliste

Ex-avocat accusé de viol : il évoque son côté « tactile » et « méditerranéen » 

Accusé par de nombreuses femmes, l'ancien avocat Sidney Amiel vient d'être condamné pour viol à trois ans de prison ferme, bien qu'il avait écopé d'une peine de dix ans en première instance.

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Sidney Amiel, ancienne figure du barreau du Chartres, vient d’être condamné mercredi dernier à une peine de 5 ans de prison dont 2 avec sursis. L’ex-avocat était accusé de viol et agressions sexuelles par une ancienne collaboratrice, deux clientes ainsi que son ex-belle-fille. Une première instance avait déjà eu lieu qui l’avait condamné à une peine de 10 ans et l’avait reconnu coupable de tout les faits dont il était accusé. Cependant, le verdict rendu mercredi par la cour d’assises a réduit considérablement sa peine, il n’est maintenant reconnu coupable que du viol d’une de ses collaboratrices et d’une agression sexuelle sur une cliente, pour ce qui est des affaires concernant sa belle fille et l’autre cliente, le tribunal l’a jugé innocent.

Des accusations lourdes

C’est une de ses clientes qui a ouvert la boite de Pandore en 2010 quand elle révèle avoir été agressée sexuellement par Amiel, rapidement rejointe par quatre autres femmes dont une qui témoigne pour viol. Et cela n’est que la face visible de l’iceberg, car durant les deux semaines et demie du procès, c’est plus de cent témoins qui ont défilé à la barre parmi lesquels dix-sept femmes qui accusent l’ex-avocat d’agressions sexuelles, voire pour certaines de viol. Tout ces faits sont aujourd’hui prescrits mais cela n’enlève rien à l’ampleur de la gravité des actes de Sidney Amiel.

Parmi tous ces témoignages, l’ex-belle-fille de l’avocat, âgée de 12 ans au moment des faits qu’elle relate, a révélé qu’Amiel, alors son beau-père à l’époque, s’est livré à des attouchements sur elle : main sur la cuisse, main sur les fesses en prétendant lui étaler de la crème solaire, etc. Malgré cela, la cour a estimé que ces gestes étaient « analogues à ceux portés à l’égard de ses propres enfants »...

Quand on voit la difficulté avec laquelle la justice reconnaît les viols et agressions sur mineures (surtout quand l’agresseur est de la famille), rien d’étonnant à ce que la cour d’assises des Hauts-de-Seine qualifie les attouchements de l’avocat comme « normaux ».

Une défense surréaliste

Face à ces accusations et témoignage sur son comportement, Sidney Amiel, ainsi que ses avocats, ont opté pour une défense pour le moins originale. Amiel nie bien évidemment l’intégralité des faits qui lui sont reprochés et affirme avoir eu une relation consentie avec une des femmes qui l’accuse de viol. Il affirme que ses comportements déplacés n’étaient que des « entreprises de séduction parfois réciproques », et que ses gestes ont pu être « mal interprétés ». Jusque là, sa maigre défense ne diffère pas vraiment de la défense habituelle de tout les agresseurs.

Sa défense devient absurde quand il met son comportement sur le compte de son côté « tactile » et surtout « méditerranéen ». Selon lui cette attitude serait propre à ses « origines juives marocaines ». Quoi de mieux qu’un argumentaire passablement raciste pour justifier un viol ? Qu’une rhétorique pareille émane d’un ancien avocat, qui plus est un des plus reconnus à Chartres, pose la question de savoir comment ont fini les cas qu’il a pus défendre dans sa vie. 

D’ailleurs, ses propres avocats, bien loin d’essayer de nuancer le portrait d’obsédé sexuel que dépeignent toutes les femmes qui ont travaillé avec lui, enfoncent le clou et admettent que leur client est « un coucheur, un lubrique ». Son avocat Frédéric Landon le qualifie « d’homme d’une autre époque », et selon lui encore on peut le condamner « pour sa rudesse, pour sa grivoiserie, pour sa non attention aux autres » mais pas pour les faits qui lui sont reprochés.

Encore mieux, l’autre avocate d’Amiel, Caroline Toby, qui l’a qualifié de « lubrique » a poursuivi sa rhétorique implacable en disant : « les lubriques ne sont pas des violeurs et nous ne sommes pas là pour faire la morale », puis : « il y a des violeurs incontestables, mais ici on est dans une zone grise, où rien n’est certain ».

Outre la faiblesse de l’argument qu’« il y a des violeurs incontestables », le fait que l’avocate parle « de zone grise » dans une affaire où une vingtaine de femmes ont témoigné est un terme difficile à admettre dans une telle situation, d’autant plus qu’Amiel a admi être allé « trop loin » à propos de deux secrétaires qu’il a essayé d’embrasser de force.

Un procès qui, derrière son aspect grotesque, rappelle combien le justice elle-même est imprégnée des préjugés sexistes et racistes les plus réactionnaires.

Crédits : PASCAL GUYOT / AFP


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