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Fast-food en lutte !

Lutte pour les 13 euros à Mac Do. Grève perlée et actions de blocages contre les bas salaires et la précarité

Louise Bollache Pendant des mois, les salariés de Mac Donald aux Etats-Unis ont fait parler d'elles et d'eux dans à travers une lutte exemplaire, et victorieuse dans plusieurs Etats, pour un salaire minimum de quinze dollars de l'heure. Un processus qui a essaimé jusqu'ici en France, car il démontrait que même dans un secteur particulièrement précaire, où l'encadrement serré par les petits chefs se combine avec des salaires très bas et une faible tradition d'organisation, il était possible d'entrer en lutte collectivement. Depuis des mois donc, le collectif des Indignés de Mac Donald, impulsé en partie par la CGT, organise des grèves perlées sur plusieurs magasins de région parisienne, et des actions de blocages. Ils ont aussi été les premiers à dénoncer la fraude fiscale massive organisée par leur patrons, qui a détourné pas moins de 700 millions d'euros dus au Fisc entre 2009 et 2013.

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Il est 11h45 quand démarre l’action du 4 mai, au Mc Do du 16ème arrondissement, place de Passy. L’équipe, pas encore au complet, démarre des chants et slogans. Un peu plus tard quand les effectifs sont plus fournis, au total une trentaine de personnes, un blocage s’amorce. Les salariés du Mc Do en question bien que cordiaux n’ont pas soutenu l’action, ce qui a limité les possibilités sur place. De plus comme dans la plupart des restaurateurs rapides les commandes ne se passent pas qu’au comptoir : les bornes et les tablettes utilisées par les salariés auraient rendu un blocage complet difficile. Les travailleurs s’imposent quand même devant le comptoir avec une grande banderole portant leur revendication principale : le salaire à 13 euros de l’heure. Malgré les slogans "Mc Do, escrocs, faut partager l’magot" ou encore "Mais ils sont où, mais ils sont où, mais ils sont où les bénéfices ?", "Y’en a assez, assez, assez d’ces entreprises qui fraudent le fisc français pour ne pas nous payer", la clientèle du quartier est loin d’être réceptive à ce qui se joue ici. On tente de les interpeller, leur expliquer la situation, la plupart restent imperturbables.

Il est important de rappeler que dans le cas des salariés de Mc Do, contrairement à un certain nombre d’autres secteurs, c’est la CGT qui a réellement donné l’élan de la lutte contre l’évasion fiscale. Même avant le déballage de la fraude qui a eu lieu, les revendications étaient déjà défendues par ces travailleurs. Elles ont été définies grâce à des contacts avec les collègues des Etats-Unis, notamment suite à une rencontre sur le site de Disneyland Paris. Car dans certains états comme celui de New-York, il y a eu des acquis (en l’occurence, un salaire à 15$ de l’heure). Puis la CGT, majoritaire sur l’Est parisien, a pu lancer une analyse des comptes qui a révélé cette fraude fiscale massive. C’est depuis 2013 donc que l’alerte a été donnée par ces salariés. Les revendications des salariés sont aujourd’hui très clairement définies : bien sûr le salaire à 13 euros, la majoration de 50% des horaires de nuit dès 21h, un salaire doublé le dimanche, les jours fériés pour tout le monde et un treizième mois. Ressort également de ces discussions la volonté d’égalité des salaires entre Mc Do France et franchisés.

Pour ce qui est des actions, souvent des blocages de restaurants, parfois de petites manifestations, le collectif a été très dynamique. Les restaurants de Gare du Nord et Gare de l’Est ont chacun été bloqués deux fois, mais aussi St Brice et Boulogne. En région, ça bouge aussi, les groupes tentent de se coordonner via Facebook.

En plus de mener cette lutte qui, bien que localisée, met en avant les mécanismes d’exploitation plus généraux qui sévissent dans la restauration rapide, les travailleurs de Mc Do se dressent aussi contre la discrimination syndicale. Comme nous l’explique Mathias, délégué CGT, les salariés sont réticents à rejoindre le mouvement car les managers les répriment à grands renforts d’intimidation. Un des salariés, Benoit, a été licencié. Il avait d’abord demandé à son directeur l’autorisation d’arriver en retard de deux heures exceptionnellement puisqu’il devait assurer une représentation au théâtre. Le directeur lui a confirmé verbalement "qu’il y aurait moyen de s’arranger", entre-temps Benoit participe à une journée de grève nationale et une diffusion de tracts, et le retard préalablement discuté est pénalisé par un licenciement. Alors même que le règlement intérieur autorise plusieurs retards. Ce cas criant de discrimination syndicale contribue à motiver les troupes : après un référé perdu, ils ont gagné après appel, avec compensation des salaires perdus, indemnités et reconnaissance du motif de discrimination.

Les indignés de Mc Do soutiennent les autres secteurs en lutte et s’impliquent dans la convergence. Il s’agissait d’abord d’une convergence dans le secteur de la restauration rapide, avec Quick, Burger King ou encore KFC. Avec le développement du mouvement social présent depuis mars, ils se sont également rapprochés d’autres salariés ains que des étudiants. Ils ont aussi reçu le soutien des Nuit-deboutistes, un soutien apprécié mais qui a ouvert chez les salariés en lutte un débat sur les contours de leur lutte, ses objectifs, le combat pour les 13 euros restant le point de ralliement collectif. Ce qui est clair pour tout le monde quoi qu’il en soit, c’est que ce combat est étroitement lié à celui qui se mène depuis deux mois et demi contre la loi travail, qui si elle entrait en vigueur offrirait un cadre légal facilitant les horaires intenables, les licenciements, et tirerait les salaires à la baisse à travers la moindre rémunération des heures supplémentaires.


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