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La Izquierda Diario
1er de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Bolchévisme oublié sur Arte, vendredi soir
Marcel Body, le traducteur de Lénine, pour la première fois à l’écran
Paul Tanguy

Limougeaud, typographe et bolchévique de la première heure. C’est ainsi que l’on pourrait définir Marcel Body, figure oubliée de l’Internationale Communiste, au centre d’un très beau documentaire qui sera proposé, vendredi soir, sur Arte, à 20h40.

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Il y a plusieurs Marcel, dans l’histoire du premier communisme français. Marcel Body et Marcel Cachin, notamment. Prolétaire, bolchevik de la première heure et purgé par les staliniens, pour le premier. Professeur-député-social-patriote et rallié tardivement au communisme, pour le second, mais suffisamment arriviste pour faire une belle carrière au sein d’un PCF stalinisé, (avec un certain nombre de rues et de lycées à son nom, par conséquent…).

Marcel Body fait partie de ces « fondateurs disparus » de la Section Française de l’Internationale Communiste à l’instar d’Alfred Rosmer, de Pierre Monatte, de Marcel Martinet, de Marguerite Thévenet, de Robert Louzon ou d’Hadjali Abdelkader. C’est d’ailleurs d’un double oubli que le font sortir Marie-Dominique Montel et Christopher Jones, les réalisateurs du documentaire Lénine et Marcel(France, 2017, 52 min.) qui sera diffusé vendredi soir sur Arte, à 20h40.

Body est l’un de ceux que les ciseaux de la censure stalinienne ont découpés des photos pour mieux les mettre de côté. Mais en 1983, à l’âge de 89 ans, il avait donné un long entretien à Bernard Baissat et à Alexandre Skirda intitulé Ecoutez Marcel, qui n’avait jamais trouvé preneur sur les chaînes de télévision, à l’époque de la gauche au pouvoir, lorsque le PCF était sur le point de valider le tournant de la rigueur de Mitterrand. Montel et Jones le sauvent, donc, de cette double disparition forcée.

On avait voulu le faire taire, et pour cause : les propos de Marcel sont décapants. Envoyé à Moscou, à l’âge de 22 ans, dans le cadre de la mission militaire française, à l’instar de nombre de ses collègues appelés, Jacques Sadoul ou Pierre Pascal, il passe dès 1917 du côté des Bolcheviks, devenant déserteur de l’armée française. Pacifiste et antimilitariste, il se range du côté du pouvoir des soviets et se consacre à la propagande en direction du corps expéditionnaire français envoyé pour mettre fin à la première révolution prolétarienne victorieuse.

On le retrouve ainsi aux côtés des marins de la Mer Noire, mais également aux côtés de Lénine, dont il devient l’un des traducteurs. Témoin de la guerre civile et des années les plus difficiles du nouveau pouvoir communiste, il ne fléchit pas. Dans son témoignage, qui rythme le documentaire, on croise tous les dirigeants bolcheviks, de Trotsky à Zinoviev en passant par Kollontaï, mais également les artisans anonymes de la révolution en marche.

Intransigeant, il fait partie de ceux qui sont marginalisés par la clique stalinienne qui consolide son pouvoir au détriment de la démocratie soviétiste au milieu des années 1920. On l’envoie donc suivre Kollontaï en mission diplomatique en Norvège, dans un premier temps, puis il sera exclu du PCF en 1928 à son retour en France. Il continuera, sa vie durant, à militer syndicalement, avec les correcteurs-typographes, et politiquement, dans les milieux libertaires, devenant l’un des traducteurs français de Bakounine, ne renonçant à aucun moment de sa vie à transformer de fond en comble cette société, contre les capitalistes et les bureaucrates.

Du haut de ses 89 ans, c’est une leçon de vie que donne Marcel Body, dans ce merveilleux documentaire à contre-courant. A ne pas rater !

 
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