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La Izquierda Diario
23 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

De #Balancetonporc à #Balancetonchef
Quand lutte contre le harcèlement sexuel rime avec lutte contre l’exploitation
Elsa Marcel

Si le phénomène #Metoo a d’abord permis de révéler l’ampleur des violences sexistes à Hollywood, force est de constater que le harcèlement sexuel ne se limite pas aux soirées glamour du monde du cinéma, loin de là. La déferlante de dénonciations et de témoignages sur les réseaux sociaux doit servir de levier pour donner la parole à celles que l’on n’entend jamais : les femmes travailleuses, ouvrières, précaires, pour qui oppression patriarcale rime avec exploitation patronale.

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Pour elles, "#balancetonporc", c’est surtout "#balancetonchef" : celui qui se permet de leur toucher les fesses, de les coincer derrière un bureau ou de les humilier parce qu’il sait bien que la peur de perdre son travail est synonyme d’immunité la plus totale. Dans le monde du travail, c’est au terme d’un combat acharné contre la direction que les langues se délient.

C’est le cas de Sandrine, femme conductrice de train à Bordeaux, sanctionnée par la direction de la SNCF pour avoir dénoncé l’agression physique dont elle a été victime, de Karima, agent de nettoyage employée chez ONET en grève actuellement au côté de son camarade syndicaliste licencié pour l’avoir soutenue ou de Madeleine, employée chez Adrexo qui a dû subir le harcèlement sexuel de son supérieur, soutenue par le représentant syndical de SUD au CHSCT, avant qu’il soit convoqué pour un entretien préalable au licenciement et mis en dispense d’activité.

Ces quelques exemples ne sont que le reflet d’un phénomène structurel. En 2014, un sondage IFOP réalisé pour le Défenseur des droits montrait que 20% des femmes interrogées avaient dû faire face à une situation de harcèlement sexuel au travail et que dans trois cas sur dix, la victime était dans une situation d’emploi précaire. Le lien entre subordination à l’égard de son supérieur et despotisme sexuel est évident : les femmes travailleuses et précaires se trouvent dans une situation de vulnérabilité accentuée par leur incapacité à se défendre, à la fois contre leur conditions de travail économiques et matérielles mais aussi psychologiques et morales.

Conditions de travail et harcèlement sexuel sont donc inexorablement liés. Des syndicats ont commencé à se saisir de cette question, en initiant des formations qui ont vocation à lutter contre les violences sexistes, à l’image la journée organisée ce mercredi 22 novembre à Paris par la CGT et le collectifFemmes mixité du syndicat, intitulée « Lutter contre les violences sexistes et sexuelles : un enjeu syndical ».

Mais plus encore, à l’approche du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’enjeu est, pour l’ensemble du mouvement ouvrier et en particulier pour ses secteurs les plus combatifs, de se saisir de ce combat à l’unisson et de manière déterminée. Car si le harcèlement auquel se livrent patrons, petits chefs et collègues dans l’entreprise portent atteinte à la dignité des femmes, à leur intégrité physique et mentale, c’est aussi une attaque contre l’ensemble des salariés. En effet, la réduction au silence, à l’humiliation et à la honte de nos sœurs de classe empêche la construction d’une riposte collective de l’ensemble des travailleurs aux attaques du patronat qui lui, reste un et indivisible. La lutte contre le patriarcat est donc non seulement l’affaire de tous, mais aussi une condition de la lutte contre l’exploitation.

 
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