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La Izquierda Diario
29 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Bisbilles chez les Dalton
Disputes au sommet du Medef pour savoir qui remplacera Gattaz
Arthur Nicola

Le mandat de Pierre Gattaz se termine bientôt : en juillet 2018, celui ci devra avoir quitté la présidence du Medef, qu’il laissera à l’un des trois grands successeurs qui se proposent à la tête de la centrale patronale.

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Querelles d’appareils pour la direction du MEDEF

Le Medef se la joue comme ses copains des Républicains : la succession de Pierre Gattaz ressemble fort aux élections à la tête des Républicains, avec magouilles et tricheries publiques. Cette année, le principal problème est que Jean-Dominique Sénard, autoproclamé favori pour l’élection, devrait avoir, au moment du scrutin, 65 ans révolus, ce qui serait anti statutaire pour le Médef, dont le président doit avoir moins de 65 ans le jour de l’élection. C’est pourquoi le patron du groupe Michelin a commencé à rendre public ses problèmes pour rester dans la course à la tête du Medef, dans une interview au Figaro qui a particulièrement déplu aux autres candidats comme à Gattaz lui-même.

En effet, dans l’interview, le patron de Michelin explique que si pour l’instant il ne peut pas être candidat à la direction du Medef, d’autres solutions pourraient se trouver, même s’il ne s’engage pas sur cette voie. Entre autres, la solution a été évoquée de faire l’élection début mars, ce que Pierre Gattaz a refusé d’un trait, d’un tweet ravageur. L’autre solution serait de faire le scrutin en mars tout en laissant la prise de fonction en juillet -une sorte d’élection à l’américaine- ce qui, selon des experts serait impossible car immédiatement cassé par la justice. Quoiqu’il en soit, le favori de l’élection est dans l’impasse, et cela ne déplaît à pas à ses concurrents.

Derrière les conflits, des visions différenciées de la politique patronale

Derrières les déceptions séniles de Jean-Dominique Sénard, il y a les ambitions d’un certain nombre de grands patrons qui rêveraient de remplacer Gattaz-fils. Parmi eux, deux figures s’entrechoquent : celle d’Alexandre Saubot, président de l’UIMM, la puissante fédération patronale de la métallurgie (automobile, aviation, sidérurgie…), mais aussi celles de Geoffroy Roux de Bézieux, une sorte d’entrepreneur digne de la « start-up nation » dont parle sans cesse Macron.

Derrière cette élection, ce qui est en jeu, c’est la ligne et la stratégie que souhaite adopter le grand patronat pour les cinq années à venir. Derrière le sourire déconcertant de Gattaz, on pourrait penser que ces politiques ne peuvent avoir qu’une traduction. Evidemment, pour tous et toutes il s’agit de penser à la façon de casser le Code du travail et de reprendre tous les acquis des salariés. Cependant, tous ne s’accordent pas ni sur la façon ni sur les interlocuteurs à privilégier. Face à une ligne « dure » qu’a incarnée Pierre Gattaz, soutenu par les fédérations des assurances, des banques et des nouvelles technologies (Syntec), que Geoffroy Roux de Bézieux cherche à plus incarner, s’oppose une ligne dite « sociale », incarnée par les secteurs plus stratégiques de l’industrie française, avec en pointe l’UIMM (métallurgie), ainsi que les fédérations de la Chimie.

Une des principales lignes d’achoppement entre les deux lignes est l’attitude à adopter face aux syndicats. Evidemment, tous sont d’accord pour réprimer tout syndicalisme combatif, tout syndicalisme lutte de classe. Ceci étant posé, les désaccords émergent : là où les syndicats sont moins puissants (banques, nouvelles technologies, etc.), certains patrons aimeraient tout simplement attaquer frontalement les syndicats, dans la droite ligne de la campagne Fillon. Dans d’autres secteurs, où les concentrations ouvrières sont plus importantes et les syndicats plus puissants, les grands « capitaines d’industries » voient l’utilité, démontrée par la politique des directions syndicales en ce début de rentrée, d’avoir des syndicats forts capables de faire rentrer les salariés dans les usines au cas-où ils commenceraient à s’opposer à leur patrons, prêts à s’asseoir autour de la table pour jouer le jeu du dialogue social.

Alexandre Saubot, de l’UIMM, et Jean-Dominique Sénard, de Michelin, sont de cette deuxième ligne. Pour eux, un des enjeux de la réussite de la révolution macronienne, est de réussir à soutenir, ou construire, des syndicats de collaborations capable de soutenir, dans la classe ouvrière, leurs offensive. L’enjeu pour eux est donc de soutenir et de jouer le jeu des concertations lancées par Macron, qui, de leur point de vue, portent pour l’instant leur fruit. Cependant, si pour l’instant cette ligne semble primer dans la succession de Pierre Gattaz, l’élection est loin d’être jouée, et l’évolution sociale de la fin d’année, avec notamment la question de la réforme du chômage et de la formation professionnelle, où les partenaires sociaux jouent un rôle important, pourraient changer la donne, si les tendances à la lutte de classe s’approfondissent.

Crédits @Sipa Press

 
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