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La Izquierda Diario
15 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Strict minimum
Après la réunion de l’OCI, le peuple palestinien toujours livré à lui-même
Sadek Basnacki

Sur 57 pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), une quarantaine ont répondu à l’invitation de Recep Tayyip Erdogan pour discuter de la question palestinienne. Ils ont proclamé Jérusalem-Est capitale de la Palestine.

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Crédits photo : AA/Ramallah/Qays Abu Samra

Dès l’ouverture du sommet extraordinaire de l’OCI, le président turc a invité « les pays qui défendent le droit international et la justice à reconnaître Jérusalem occupée comme capitale de la Palestine » en réaction aux déclarations de Donald Trump.

Sur ces quarante représentants, il y avait entre autre, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas ; le roi de Jordanie, Abdallah II ; les présidents iranien et libanais, Hassan Rohani et Michel Aoun. L’Égypte et les Émirats arabes unis, dont les relations avec la Turquie sont au point mort, se sont contentés de dépêcher leurs ministres des Affaires étrangères. L’Arabie saoudite, elle, a été représentée par le ministre des Affaires islamique.

Erdogan a assuré qu’il ne « renoncera jamais » à exiger une « Palestine souveraine et indépendante ». « Israël a été récompensé pour toutes les activités terroristes qu’il mène. C’est Trump qui a offert cette récompense ».

Mahmoud Abbas, a pour sa part accusé le président états-unien d’avoir « offert Jérusalem en cadeau au mouvement sioniste », « comme s’il lui offrait une des villes américaines ». Il a aussi affirmé que Washington, en décidant cette mesure allant à l’encontre des résolutions internationales n’avait « plus de rôle à jouer » dans le processus de paix et qu’il n’y aurait « ni paix, ni stabilité », sans la reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien.

Pour les leaders arabes, Washington « encourage Israël, la force occupante, à poursuivre la colonisation, l’apartheid et le nettoyage ethnique dans les territoires palestiniens occupés en 1967 ». Lors d’une déclaration commune, ils ont proclamé « Jérusalem-Est capitale de l’État de Palestine » et appelé « les autres pays à reconnaître l’État de Palestine et Jérusalem-Est comme sa capitale occupé e ». À leurs yeux, la décision de Donald Trump est « irresponsable, illégale (...) nulle et non avenue », avant de déclarer qu’il s’agissait d’« un sabotage délibéré de tous les efforts visant à parvenir à la paix ». D’après eux, c’est un acte qui « nourrit l’extrémisme et le terrorisme et menace la paix et la sécurité mondiale ».

De grands discours qui masquent difficilement la responsabilité des dirigeants des pays musulmans dans la situation catastrophique de la Palestine.

L’histoire du peuple palestinien est fait des trahisons des dirigeants des pays musulmans

Le cas palestinien a toujours été une épine dans le pied de ses voisins. Les populations palestiniennes qui ont été expulsées lors de la Nakbah, en 1948, se sont réfugiées dans les pays limitrophes. Ils se sont installés dans des camps dans l’espoir de pouvoir retourner très rapidement sur leurs terres ancestrales. En 2018, cela fera 70 ans qu’ils ont été chassé et leur retour semble de plus en plus improbable alors que leur envie reste toujours aussi vive. Les dirigeants israéliens ont organisé un nettoyage ethnique pour provoquer cet exode palestinien et s’accaparer leur territoire. Des villages sont purement et simplement rasés et les habitants massacrés, à l’exemple du village de Deir Yassin où femmes, enfants, vieillards et hommes sont massacrés par les troupes israéliennes. De fait entre 1948 et 1949, plus de 10 000 Palestiniens sont morts et 800 000 ont été chassés.

Face à cette catastrophe, les dirigeants arabes ont réagi tardivement. Sans réelle volonté de défendre leurs frères palestiniens, il essayent plutôt de faire acte de présence et d’apaiser leurs propres opinions publiques émues par cette tragédie. Les pays arabes envoient de faibles contingents sous-équipés et les combats sont interrompus à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’ils cessent définitivement jusqu’en 1967. Il n’y aura qu’un seul perdant de cette première guerre, le peuple palestinien. En effet, la Jordanie dont ses légions arabes, fer de lance de l’alliance arabe, sont restées quasiment arme au pied, s’est entendue avec les dirigeants israéliens et s’empare de la Cisjordanie et obtient le contrôle de la moitié de Jérusalem, c’est à dire l’Est et la vieille ville. L’Égypte occupe la minuscule bande de Gaza encombrée de centaines de milliers de réfugiés palestiniens chassés par le nouvel État israélien qui, quant à lui, s’empare de 78% de la Palestine.

La guerre des six jours déclenchée par une offensive israélienne début juin 1967, oppose l’État israélien à l’Égypte, la Jordanie et la Syrie. En moins d’une semaine, l’État hébreu triple son emprise territoriale. L’Égypte perd la bande de Gaza et le Sinaï, la Syrie le plateau du Golan et la Jordanie Cisjordanie, Jérusalem-Est et la vieille ville.

Septembre noir.

L’État israélien, pour une fois plus spectateur qu’acteur dans la répression du peuple palestinien, se délecte de l’affrontement entre le pouvoir du Roi Hussein de Jordanie et la résistance palestinienne. La situation après la guerre de 48-49 satisfait le Roi Abdallah, puis son petit-fils Hussein, qui fait d’eux les gardiens officiels du lieu saint de Jérusalem tout en évacuant la question palestinienne.

Le fait est que depuis la Nakbah, le royaume est peuplé majoritairement de palestiniens. Les organisations de résistances palestiniennes s’émancipent du pouvoir jordanien à mesure où la résistance s’organise. Une partie de la Jordanie est dirigée par les palestiniens eux-mêmes. Le FPLP et le FDLP prônent le renversement des régimes arabes réactionnaires comme celui de Jordanie. Ces organisations font de la Jordanie une base arrière pour mener la résistance, laissant planer une possible intervention israélienne.

Cela en est trop pour le roi Hussein qui, après avoir consulté Nixon et Nasser, prépare la guerre contre les Palestiniens. En septembre 1970, après que des commandos palestiniens aient fait atterrir en Jordanie des avions détournés, le roi Hussein attaque. Les camps palestiniens sont bombardés, tuant des milliers de combattants et de civils palestiniens, privant ainsi la résistance palestinienne de sa base en Jordanie.

Vers la reconnaissance de fait de l’État israélien de la part des pays arabes.

En février 1971, le président égyptien Anouar el Sadate écrit qu’il « respecte le droit d’Israël à vivre dans des frontières sûres et reconnues ».

Le 6 octobre 1973, l’Égypte et la Syrie lancent une attaque pour récupérer le Sinaï et le plateau du Golan conquis par l’État israélien depuis 1967. La guerre du Kippour s’achève et l’Égypte a récupéré une partie du Sinaï ; l’humiliation de 1967 est effacée. Les accords de Camp David, signés en septembre 1978, aboutissent au traité de paix israélo-égyptien. Israël retire ses troupes et ses implantations de toute la péninsule du Sinaï en échange de relations normales avec l’Égypte et d’une paix durable. Cette paix officielle qui reconnaît de fait l’État israélien créé un scandale dans les pays arabes. Qu’en est-il du peuple palestinien dans tout ça ?

Il ne sert que de trophée pour les pays arabes qui au nom de sa défense ne roulent que pour leurs propres intérêts. La résistance palestinienne épuisée et esseulée se relèvera lors de la première intifada en 1988. Dans sa révolte, elle sera bien seule et les directions palestiniennes iront de concessions en concessions face au Goliath israélien. Elles iront jusqu’à reconnaître la solution à deux états.

Le sommet extraordinaire de l’OCI face à cette ultime provocation qu’est la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État israélien n’est que la continuation de la politique des dirigeants arabes de la deuxième partie du XXème siècle. Erdogan dans son bras de fer avec les USA de Trump continue d’essayer de se poser en puissance régionale. Alors quoi de mieux que de prendre la défense du peuple palestinien ? Les positions des Émirats et de l’Arabie Saoudite dans cette réunion vont dans le même sens. En effet, ils sont entrain de faire pression sur le Qatar avec l’aide des USA pour affirmer leur pouvoirs dans la région. De fait, ils sont dans une position où ils ne peuvent pas aller à l’affrontement avec leur principal allié que sont les États-Unis. C’est identique pour l’Égypte de al-Sissi. Ce sommet n’est donc qu’un moyen de sauver la face pour les pays de l’OCI qui ne peuvent pas complètement se désavouer en faisant comme si de rien n’était. Cette reconnaissance de Jérusalem-Est est le stricte minimum, et conforte malheureusement dans l’idée qu’une solution à deux états dans la région ne peut se faire qu’au détriment du peuple palestinien.

 
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