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La Izquierda Diario
22 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Politique migratoire
Une consultation des associations annoncée après le tollé suscité par le « tri des migrants »
Markus Schultz

Alors que Macron avait promis que plus aucun migrant ne serait livré à la rue d’ici à la fin de l’année, c’est désormais au fichage systématique des réfugiés que le gouvernement s’attelle. En effet, une circulaire ministérielle prévoit que les étrangers logés provisoirement dans des centres d’hébergement d’urgence fassent l’objet d’un recensement, afin de statuer sur leur sort. Face à cette remise en cause du droit à l’hébergement inconditionnel, les associations montent au créneau.

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Une liste qui dérange

Ainsi donc, des « équipes mobiles », selon les mots du gouvernement, seront chargées d’établir la situation (familiale, administrative,…) des personnes accueillies dans ces centres d’hébergement d’urgence. Cette liste a, officiellement, vocation à faire un état des lieux des personnes en situation d’urgence et de précarité. Mais surtout, elle va permettre de dresser des statuts différents entre tous ces profils : du SDF français, à la famille de réfugiés syriens jusqu’aux dublinés, c’est-à-dire les migrants qui ont déjà fait une demande d’asile dans un autre pays de l’Union européenne.

C’est que l’objectif de Macron et consorts est bien celui-ci : déterminer à l’aide de ces informations qu’elles vont être les personnes à « rediriger » vers des structures dites plus adaptées. En réalité il faut surtout comprendre par-là que bon nombre de réfugiés vont être envoyés en centre de rétention, en particulier les dublinés, que Macron a dans le collimateur depuis un moment.

Ainsi, plutôt que d’ouvrir davantage de places d’hébergement d’urgence pour mettre à l’abri toute personne en situation de précarité, quelle que soit son origine, le gouvernement s’achemine vers un tri, un choix conscient et délibéré de qui aura le droit d’avoir un toit, ne serait-ce que provisoirement. Si les choses ne sont pas dites en ces termes, il va de soi que c’est une sorte de préférence nationale que l’exécutif souhaite mettre en place dans cette gestion de la misère, en durcissant sa politique de reconduite à la frontière. De quoi faire plaisir à Marine Le Pen….

Crispation du côté des associations

Ce qui inquiète ainsi en premier lieu les associations, c’est que l’Etat ne les missionne elles-mêmes pour dresser ces listes, ce qui contreviendrait à la finalité première de ces associations : secourir toute personne en détresse quelle que soit sa situation administrative. Par ailleurs, l’article L.345-2-2 du code de l’action sociale et des familles précise bien que « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ». Une liste qui, dans ce cadre de plus en plus répressif de reconduite à la frontière, s’apparente presque à de la délation : tout réfugié, à partir du moment où l’Etat connaît son existence, sa situation, et sa localisation, pourrait être mis sous le coup d’une expulsion du territoire.

Ainsi, par l’intermédiaire de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fas), les associations ont saisi ce lundi le Défenseur de droits, Jacques Toubon, pour dénoncer le fait que « ce dispositif détourne l’hébergement d’urgence et les lieux d’accueil gérés par les associations de leur finalité » et « les utilise pour mettre en œuvre la politique de gestion des flux migratoires ».

Des inquiétudes que le Premier ministre semble balayer d’un revers de la main. En effet, bien qu’une consultation des associations sera organisée à partir de janvier, ces dernières sont ressorties particulièrement déçues de leur entrevue avec le gouvernement ce jeudi, puisqu’il n’a pas été question de retirer cette circulaire. Et si Edouard Philippe s’en défend, c’est bien l’inconditionnalité de l’accueil qui est remis en question et pour lequel il va falloir mener bataille dans les temps à venir.

 
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