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La Izquierda Diario
28 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Punchlines en rafales, un soir de 4 avril
Rétro 2017. Le jour où Poutou a « dégommé » Le Pen et Fillon sur les affaires
Damien Bernard

En cette fin d’année 2017, l’heure est à la rétrospective. Nous republions ci-dessous un article, paru le 4 avril dernier, et traitant du débat présidentiel à 11. Ce soir-là, Philippe Poutou, candidat ouvrier, sortait ses meilleures punchlines contre Le Pen et Fillon, notamment au sujet des affaires de corruption.

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Après la mascarade anti-démocratique du premier débat, BFM TV invitait ce mardi les 11 candidats à débattre pendant près de quatre heures. Un débat durant lequel Philippe Poutou, candidat ouvrier du NPA, a fait bouger lignes. Refusant de participer à la photo de famille au côté des dix autres candidats, dont les néo-libéraux, Macron et Fillon, jusqu’à l’extrême droite, notamment Le Pen, le seul candidat ouvrier à l’élection présidentielle s’est illustré en étant le seul candidat à avoir attaqué frontalement François Fillon et Marine Le Pen sur le terrain des affaires. Il était ensuite rejoint par Nathalie Arthaud, candidate du parti d’extrême-gauche de Lutte Ouvrière. Pour illustrer son propos, il avait dès l’introduction fait valoir son statut de non politicien professionnel. «  A part Nathalie Arthaud, autour de ces pupitres, je crois que je suis le seul à avoir un métier normal » a-t-il expliqué.

En effet, le premier débat, dans lequel participait notamment Jean-Luc Mélenchon, n’avait pas réservé le même traitement à Fillon et Le Pen. Une sorte de pacte de non-agression implicite plaçant les affaires derrière soi et surtout pas sur la place publique semblait de vigueur. L’excuse était toute trouvée le monde du travail et de la jeunesse souhaite entendre parler de programme et de rien d’autres. Alors qu’aussi bien Fillon, Le Pen et Macron, sont plongés dans de multiples affaires, qu’il s’agisse d’emplois fictifs à l’Assemblée Nationale, au parlement Européen, ou des soupçons en terme de financement de parti ou de déclaration de patrimoine, il semblait opportun pour tous les « grands » candidats de ne pas étaler sur la place publique ces multiples affaires.

De fait, il a fallu la présence du candidat ouvrier à ces élections et ses punchlines, Philippe Poutou, pour ouvrir le dossier brulant des affaires que même ceux qui prétendent préparer la « révolution citoyenne » n’ont pas osé aborder. Philippe Poutou a lancé au candidat de la droite traditionnelle : « Même un Fillon qui se dit préoccupé par la dette, il y pense moins quand il se sert directement dans les caisses ».Une attaque des plus sanglantes qui a profondément rebattu les cartes du débat. Alors que le front anti-Fillon était de mise, le candidat de la droite s’est exprimée de façon presque viscérale après la tirade de Poutou, en réponse aux attaques : « Oh oh oh oh oh oh oh » (x7), a réagi François Fillon, avant de dire dans sa barbe « Je vais vous foutre un procès vous ».

Plus généralement, Fillon a été à plusieurs reprises attaqué sur sa droite par Dupont-Aignan qui tente de siphonner ses voix. Le candidat de droite souverainiste Debout La République a fait une bonne prestation et semble être renforcé à la sortie du débat. Malgré les punch line de Philippe Poutou, et de Nathalie Arthaud, le candidat des Républicains a fourni une prestation plutôt solide visant à placer le débat sur le terrain programmatique, essayant ainsi de reprendre la recette des primaires de la droite et du centre. Durant l’ensemble du débat, le mépris de classe était prégnant notamment envers Philippe Poutou qui a concentré ses attaques sur lui. Malgré cette bonne prestation, le poids des affaires et des casseroles n’a pas fini de peser dans la balance.

C’est aussi le FN qui a été attaqué frontalement. « On a aussi Marine Le Pen, pareil, on pique dans les caisses publiques, c’est pas ici c’est en Europe. Et le FN qui est antisystème ne s’emmerde pas car il se protège grâce à l’immunité parlementaire, donc peinard.  » Interpellé par la candidate du FN, il a rappelé « nous, quand on est convoqués, on a pas d’immunité ouvrière  ». Une réplique du candidat ouvrier à l’usine Ford de Blanquefort qui a déclenché les applaudissements du public, ou encore de Jean-Luc Mélenchon. Dès lors le débat a basculé. Les salves contre Marine Le Pen se sont multipliés, y compris de la part des journalistes. La candidate du FN, plutôt en verve depuis le début du débat s’est vu déstabilisée. Le Pen a peiné a ré émergé durant la dernière heure du débat. Quant aux autres candidats qu’on peut classer à l’extrême-droite, les débats ont pu paraitre parfois confus.

Comparativement au premier débat, Emanuel Macron, le candidat qui se dit ni de gauche ni droite, a globalement fait une bonne prestation. L’objectif affiché est d’apparaitre comme le meilleur candidat à même de battre Marine Le Pen. L’ex ministre de l’économie a tenté de travailler se stature présidentielle qui lui faisait défaut notamment durant le premier débat. Le candidat s’est aussi appliqué à se défaire du bilan de Hollande et de son quinquennat, en tentant de s’en délimiter de façon très claire dans sa conclusion. L’objectif affiché étant de soigner plutôt sa droite. En tant que défenseur de la « présomption d’innocence », le candidat d’En Marche a tenté à plusieurs reprise de briser une séquence très positive pour Philippe Poutou, en remettant en selle aussi bien Fillon que Le Pen. Le candidat qui se dit hors-système est ainsi apparu comme le véritable candidat du système, préférant soutenir celles et ceux qui détournent l’argent public plutôt que dénoncer leurs agissements.

Bien qu’il soit apparu bien plus effacé que lors du premier débat, Mélenchon semble être sorti, notamment au vu des sondages, une nouvelle fois le vainqueur de ce nouveau débat. Un débat qu’il semble préférer se dérouler avec seulement 5 candidats plutôt à qu’à 11, comme il l’a expliqué dans un billet de son blog. Une difficulté qui s’est exprimé à plusieurs reprises lorsqu’il a été doublé sur sa gauche par les deux candidats d’extrême-gauche. Nathalie Arthaud a été particulièrement incisive quant au candidat de la France Insoumise. C’est notamment sur la question de l’Union Européenne, que Mélenchon a répondu en citant notamment Marx. « Je pense qu’elle sous-estime le rôle des superstructures juridiques, comme dirait Marx. » C’est alors que Nathalie Arthaud lui a rappelé très justement le rôle de l’Etat français dans l’exploitation.

Suite à l’offensive de Poutou, Mélenchon a tenté de reprendre l’espace à gauche en attaquant lui aussi, de façon un peu forcée, Marine Le Pen, déjà mise à mal par Poutou. Face aux invectives de cette dernière, il a aussi tenu à répondre sur la prétendue immunité des salariés protégés. Elle l’avait attaqué en arguant du fait que les élus syndicaux dans les entreprises n’étaient pas, eux aussi, responsables devant la justice. Le candidat a répondu que de nombreux délégués syndicaux sont sous le coup d’une procédure de licenciement en France et poursuivis devant les tribunaux, prenant comme exemple les Goodyear, laissant Marine Le Pen sans réaction.

Un débat qui a enflammé Internet et les réseaux sociaux, tandis que le rap de Poutou et sa punchline faisait les gros titres de toute la presse dominante. L’écho a été telle que nombre de journalistes ont commencé à pointer un soit disant irrespect du candidat qui aurait osé ne pas participer à la photo de famille avec les néo-libéraux, réactionnaires et xénophobes. En guise de conclusion au débat, et de réponse au traditionnel nationalisme qui sous-tend l’expression « s’adresser aux français », Philippe Poutou a affirmé s’adresser non pas aux Français, mais « à la population », c’est-à-dire aussi aux étrangers. « À ceux qui sont en colère », insiste-t-il. Poutou a évoqué aussi la Guyane, qui a vu jaillir un « mouvement contre la pauvreté et pour les services publics », un mouvement « contre les restes du colonialisme français ». « La Guyane montre qu’on peut résister à l’exploitation, à l’accumulation des richesses », ajoute-t-il. « Voter NPA, c’est un vote utile : une perspective de revanche, un combat social, faire payer les riches. »

 
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