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4 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Système de caste en Inde
Après la mort d’un dalit, émeutes et opération ville Morte à Mumbaï
Elise Morty

Mumbaï, le 3 Janvier 2018. Pas un bruit ni aucune activité dans les rues d’une des villes les plus peuplées du Monde. Après la mort d’un jeune Dalit lors d’une célébration ayant tourné à l’émeute, une opération « ville morte » a été initiée par les activistes pro-dalit en signe de protestation à un gouvernement discriminant et conservateur.

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Crédits photo : AFP

Lundi 1er janvier, près de la ville de Pune dans le Mahārāshtra, les dalits ( ex-intouchables) ont célébré la bataille de Bhima-Koregaon , considérée comme une victoire historique de la lutte des castes en Inde. 200 ans plus tard, cet événement attise les conflits entre les dalits et les brahmans, se trouvant en haut de la hiérarchie établie par le système de caste. Des militants du BJP parti (parti hindou conservateur actuellement au pouvoir ) ont jeté des pierres sur les participants. Cela s’est soldé par la mort d’un jeune activiste dalit. C’est ainsi que la manifestation a viré à l’émeute, ayant eu pour effet une opération ville morte à Mumbaï ce mercredi 3 Janvier. Située à quelques kilomètre de Pune, Mumbaï ( anciennement Bombay) a été entièrement bloquée : commerces, écoles , aéroports et transports ont été fermés par les manifestants, paralysant ainsi la capitale commerciale et financière de l’Inde. Une situation qui, si elle se prolonge, pourrait peser grandement sur l’économie Indienne.

C’est une action forte menée par les militants dalits, afin de dénoncer la politique du BJP Parti. Conservateur et pro-hindou, le BJP parti est en effet accusé par le leader du mouvement, Rahul Gandhi, de mener une politique agressive et discriminante à l’égard de la communauté dalit, et responsable des violences exercées lors de la manifestation.
Le premier Ministre Narendra Modi, mène, depuis son élection en 2014, une politique nationaliste, visant à réaffirmer l’identité indienne au travers de la religion hindoue qui se traduit par une discrimination des dalits et des minorités religieuses. Malgré la constitution indienne interdisant toute discrimination basée sur le système de caste, les violences continuent de s’abattre sur la communauté dalit subissant pauvreté et inégalités sociales.

La bataille de Bhima-Koregon et les dalits

L’anniversaire de la bataille de Bhima-Koregon est un événement sensible, qui fait directement référence à l’opposition des dalits aux brahmans et est intrinsèquement lié au passé colonial du Mahārāshtra. En 1818, les dalits ont affronté aux côté des colons britanniques les hautes castes brahmans alors au pouvoir. La bataille fait donc l’objet d’une forte politisation, vue comme une victoire britannique par les nationalistes, et symbole de résistance pour les dalits. La victoire britannique et la colonisation de l’Inde n’a pas pour autant changé le système de caste et d’exploitation en Inde puisque l’Empire britannique s’est appuyé sur les élites de la société indienne pour contrôler le pays.

Le mots dalit signifie « opprimé » en sanskrit. Ce terme est venu remplacer celui de « paria » signifiant intouchables pour désigner une communauté maintenue dans la pauvreté et victime de ségrégation sociale. L’expression de « paria » fait référence à un ordre social légitimé par l’hindouisme régulant les rapports sociaux et établissant une division traditionnelle du travail où les tâches les plus impures sont réservées à ces derniers. En revanche le terme Dalit sous-entend une oppression d’origine sociale et économique, et non d’une nature divine. C’est ainsi que malgré des politiques de quotas et des programmes sociaux initiés par les précédents gouvernements, les dalits combattent encore aujourd’hui pour leurs droits.

Un combat aujourd’hui mis à mal par un gouvernement conservateur à l’offensive, hostile à l’égalité entre les citoyens indiens en raison de leur extraction sociale. Pour preuve, la non arrestation des militants du BJP responsable de la mort du manifestant. L’opération de blocage initiée dans une des villes les plus peuplées d’Inde, permet à la communauté dalit de lutter contre les inégalités et ségrégation dûes au système de caste. Se situant en bas de l’échelle sociale et aux vues de l’oppression d’état dont ils sont victimes, ils semblent condamnés à y rester. Dans un pays où la concentration ouvrière est l’une des plus fortes au monde,et où 80 % de la population indienne vit avec moins de deux dollars par jour, une telle révolte est impensable pour les élites. L’Inde est un géant aux pieds d’argile. Son histoire a été traversée par de grandes grèves. En 1974, celle des cheminots a duré trois semaines et a entraîné plus d’1,7 million de travailleurs. Il a fallu 30 000 arrestations et le meurtre de plusieurs grévistes par la police et l’armée pour réprimer ce mouvement. En 1982, le mouvement de grève des travailleurs des usines textiles de Bombay a entraîné 200 000 ouvriers et a duré 22 mois.

Cette éruption n’est donc pas sortie de nulle part et peut prendre une autre dimension.

 
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