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La Izquierda Diario
9 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Divergences entre Trump et la Corée du Sud
La Corée du Nord participera aux JO d’hiver, un coup de génie de Kim Jong-un ?
Philippe Alcoy

Des représentants des deux Corées se sont réunis pour discuter de la participation du Nord aux JO d’hiver organisés dans le Sud. Finalement Pyongyang y enverra une délégation d’athlètes et même une représentation politique. Des signes d’apaisement planent sur la péninsule. Kim Jong-un a réussi à duper les sud-coréens ?

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Alors que 2017 a été marquée par des déclarations belliqueuses entre le dirigeant nord-coréen et le président nord-américain, Donald Trump, que la Corée du Nord a procédé à un essaie nucléaire et affirme avoir mis à point son armement nucléaire, une déclaration de Kim Jong-un a surpris presque tout le monde. En effet, tout en affirmant avoir à portée de main un « boutonnucléaire », le leader nord-coréen tendait l’autre main à la Corée du Sud : il affirmait le souhait de voir les athlètes nord-coréens participer des Jeux Olympiques d’hiver qui se tiendront dans un mois à Pyeongchang en Corée du Sud.

Immédiatement les communications entre les deux pays ont été rétablies et, seulement quelques jours après, une rencontre était organisée. Finalement, les athlètes du Nord prendront part à la compétition, une délégation de hauts fonctionnaires nord-coréens sera présente également et même des supporters.

Mais cette affaire va au-delà du sport. C’est une affaire avant tout géopolitique qui se joue. En effet, ces discussions ne laissent pas Washington indifférent. Le gouvernement Trump, mais aussi ses alliés locaux et régionaux comme le Japon, voient un danger dans ces négociations. Ils craignaient effectivement que l’ouverture affichée par Kim ait pour objectif d’affaiblir l’alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud.

Une détente des relations entre le Sud et le Nord peut mettre en danger la stratégie nord-américaine actuelle qui vise à faire monter la pression sur Pyongyang en isolant le régime sur l’arène internationale, pour forcer Kim Jong-un à abandonner son programme nucléaire. Au-delà du spectacle puéril, on peut interpréter toute la polémique sur la « taille des boutons » comme une tentative de Trump de créer un incident avant cette rencontre entre les deux Corées.

Cependant, ici il ne s’agit pas simplement d’une « duperie » des dirigeants sud-coréens par Kim Jong-un. Les agissements de Trump et ses déclarations guerrières depuis un moment donnent des raisons au président Moon Jae-in de prendre des distances vis-à-vis de son allié nord-américain. Comme c’est dit dans un éditorial dans Le Monde : « [les américains et leurs alliés] accusent la République populaire démocratique de Corée de vouloir diviser Washington et Séoul, comme si la navrante diplomatie de Donald Trump ne justifiait pas, à elle seule, de prendre quelque distance avec un protecteur américain aussi imprévisible ».

La population sud-coréenne elle-même est méfiante vis-à-vis de la politique actuelle des États-Unis. Elle ne veut majoritairement pas envisager un conflit dans la péninsule qui pourrait devenir une catastrophe humanitaire.

Kim Jong-un le sait très bien et il a bien choisi le moment et l’occasion de se montrer ouvert envers le Sud. Non seulement il semble avoir développé suffisamment son arsenal militaire mais en plus il sait l’importance que le sport peut avoir au sein de la population sud-coréenne en termes de sympathie vers le Nord. Déjà à d’autres occasions les deux Corées ont disputé des compétitions internationales avec des équipes communes et il n’est pas rare que les supporters sud-coréens soutiennent les athlètes du Nord. Le régime nord-coréen, à travers le sport, essaye ainsi d’utiliser le nationalisme coréen, au sens large, pour créer une opinion publique contraire à une agression militaire américaine.

Cependant, l’évolution actuelle des relations inter-coréennes ne veut pas dire qu’il y aurait un tournant stratégique dans la politique de Séoul. En effet, si Kim et Moon cherchent à apaiser les relations dans la péninsule, ils le font avec des objectifs différents : Kim veut que la Corée du Nord soit acceptée au niveau international en tant que pays possédant l’arme nucléaire et essayer d’assouplir les sanctions internationales ; Moon de son côté cherche, au contraire, à travers les discours de paix à désarmer la Corée du Nord. En ce sens, la divergence de Moon avec Trump est dans la méthode, non dans l’objectif.

Ainsi, même si cette divergence pourrait affaiblir les relations État-Unis - Corée du Sud, et favoriser le Nord dans le court terme, elle ne remet pas tout à fait en cause leur alliance stratégique. La Corée du Sud dépend toujours de l’aide nord-américaine en termes de défense et les États-Unis ont toujours 30000 soldats stationnés dans la péninsule. La question c’est de savoir laquelle des deux méthodes va prévaloir : celle des intimidations et déclarations belliqueuses ou celle du « soft power », les deux méthodes ayant des partisans aussi bien à Séoul qu’à Washington.

De son côté, la Corée du Nord n’est pas prête à abandonner son programme nucléaire qui apparaît comme fondamental pour dissuader les États-Unis de l’attaquer et, dans une moindre mesure, être moins dépendante de l’aide chinoise en termes de défense et donc de politique extérieure.

Le régime de Pyongyang n’a rien à voir avec une quelconque idée du communisme, ni d’une démocratie populaire ou ouvrière. Au contraire, c’est un régime réactionnaire qui déforme et s’approprie de forme frauduleuse le nom de « communisme ». Cependant, la propagande dans les médias impérialistes contre son programme nucléaire poursuit des objectifs encore plus réactionnaires. Il s’agit de « démoniser » certains régimes qui ne devraient pas posséder d’armements nucléaires et de justifier la possession de ces mêmes armements par des régimes « amis » des impérialistes comme le Pakistan, l’Inde ou encore Israël.

Les armées impérialistes restent le danger le plus important pour les travailleurs et les classes populaires du monde entier. C’est l’armée nord-américaine qui a utilisé l’arme nucléaire contre des populations civiles à Hiroshima et à Nagasaki ; les armées coloniales britanniques et françaises sans utiliser l’arme nucléaire sont responsables de maintes violations de droits de l’Homme et de massacres, et on pourrait dire la même chose des autres armées impérialistes. Toutes les puissances impérialistes continuent à semer la mort à travers la planète ; les industries de l’armement de chacun de ces pays, dont la France est parmi les leaders mondiaux, remplissent leurs carnets de commandes en vendant partout leurs armes et leurs bombes. Dans ce cadre là la Corée du Nord, comme tout autre pays soumis à l’hostilité impérialiste, a le droit de développer tous les moyens pour se défendre des agressions potentielles.

 
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