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La Izquierda Diario
16 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Industrie pharmaceutique
100 000 flacons de médicament anticancéreux périmés, falsifiés et vendus entre 2007 et 2011
Meven Jouan

D’après le journal suisse Le Matin, le laboratoire Alkopharma a vendu des flacons périmés de Thiotepa, un médicament qui permet de lutter contre les cancers de l’ovaire, de la vessie et du sein.

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Cette affaire date de 2011, mais de nouvelles informations sont tombées. En effet, ce dimanche, le journal suisse Le Matin révèle que le laboratoire Alkopharma a modifié les dates de péremption de 98 820 flacons vendus en France pour un prix de 3 278 425 euros et de 2119 flacons en Suisse pour 207 573 francs. Ainsi plus de 100 000 flacons d’un médicament périmé, utilisé pour traiter des cancers, auraient été administrés à des patients suisses et français. La durée de vie de ce médicament est, théoriquement, de 18 mois mais à cause de la falsification des étiquettes, certains de ces médicaments ont été vendu sept ans plus tard.
D’après Le Matin, lorsque le médicament dépasse le délai de 18 mois, cela provoque une diminution de la concentration du principe actif, ce qui rend le médicament moins efficace. Ainsi, les analyses effectuées sur les flacons saisis dans les hôpitaux par les autorités de surveillance françaises et suisses indiquent alors que leur teneur en principe actif est inférieure aux normes en vigueur : 86 % alors que le minimum est de 95 %.

La cause de cette fraude est le fait que la société Alkopharma, en 2007, n’arrivait plus à écouler ces stocks et a donc décidé d’imprimer des étiquettes avec de fausses dates de péremptions, jouant avec la vie de centaines de personnes souffrant d’un cancer.

La difficulté à distinguer les conséquences de ce sous-dosage sur les patients est grande. A titre d’exemple, dans un hôpital de Berne où vingt-trois patients avaient été traités avec du Thiotepa périmé, trois sont morts. Pour le responsable du service d’oncologie, le docteur Martin Fey, il n’est pas possible d’établir une correlation claire entre ces décès et le traitement : « Personne ne peut dire que, si le dosage d’un agent avait été supérieur de 20%, le patient X aurait survécu », a-t-il déclaré au journal Le Matin.

En dépit du scandale provoqué par cette affaire, les quatre anciens responsables d’Alkopharma n’ont été condamnés qu’à des peines dérisoires en 2016 (quelques milliers de francs suisses). Mais le plus grave est bien le fait que le fonctionnement des secteurs de la santé et de l’industrie pharmaceutique privatisés reposent uniquement sur une logique de rentabilité, assujetissant nos vies à leurs profits. Les patients deviennent des clients, et leurs vies ne sont que des variables d’ajustements pour la courbe du chiffre d’affaires de ces entreprises.

Crédit photo : DR

 
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