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La Izquierda Diario
25 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Précarité
Angoulême, derrière les grands noms de la BD, les forçats du crayon
Barbara Reiner

Aujourd’hui marque l’ouverture de la 45e édition du festival de la BD d’Angoulême, l’occasion de parler du statut compliqué des auteurs de bande dessinée français.

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Crédits photo : Jorge Fidel Alvarez

Pour les amateurs de bande dessinée le mois de janvier est toujours très attendu. Le festival d’Angoulême, créé en 1974, a acquis au fil des années une réputation de plaque tournante où se rencontrent chaque année des éditeurs, des auteurs et des amateurs. Derrière les grands noms déjà établis et reconnus de cette édition comme Naoki Urasawa (Pluto, 20th Century Boy etc.) existent une myriade de petits auteurs essayant tant bien que mal de vivre de leur travail.

En effet, très peu d’auteurs de BD arrivent à vivre de leur activité, devant bien souvent multiplier des jobs alimentaires ou des commandes d’entreprises pour boucler les fins de mois. Le statut rêvé de l’artiste qui se verse à fond dans sa passion n’est bien souvent qu’une illusion. C’est tout un panel de capacités non-rémunérées que l’auteur doit accumuler pour « vivre de sa passion ». Mais pour déconstruire ce mythe de l’artiste en dehors de la société, il faut rappeler quelques éléments non-exhaustifs auxquels sont soumis toutes personnes voulant travailler dans l’industrie de l’illustration.

Tout d’abord, se faire éditer.

Dans le cas d’une commande d’une maison d’édition, l’éditeur fournit un contrat à négocier avec l’auteur poussant celui-ci à faire baisser la valeur de son travail pour avoir un prix plus avantageux et adapter au budget de la maison d’édition. Il faut savoir que le paiement est au contrat et non au taux horaire.

Une fois le contrat négocié, les modes de paiements peuvent prendre plusieurs formes, mais les deux les plus répandus sont l’avance sur paiement et le paiement à la parution.

Dans le cas de l’avance de paiement, l’éditeur avance une somme conséquente au moment de la signature du contrat pour permettre à l’auteur de se dédier à cette tâche-là. La conception d’une bande dessinée dure au minimum un an, donc la somme doit pouvoir couvrir les dépenses de l’auteur pendant toute la durée de conception de l’objet. Ce qui n’est bien souvent pas le cas, obligeant l’auteur a faire d’avantage de travail de petites commandes (illustrations pour des magazines, brève dans un journal etc...). L’auteur devra rembourser la maison d’édition une fois que le livre sera publié, que les ventes soient bonnes ou non.

Dans le cas du paiement à la parution, c’est une fois que le livre est publié que l’auteur reçoit l’argent qui lu est dû selon le contrat.

L’objet (économique) livre

Un livre passe par ce que l’on appelle la « chaîne du livre », un circuit comportant l’auteur, l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur et le libraire. Chacun doit être payé à un pourcentage sur le prix du bouquin. Pour illustrer, prenons le livre de Kate Evans, Rosa La Rouge (sur la vie de Rosa Luxembourg) ; il est à 20 euros. La vente d’un exemplaire procure à l’auteur 8 à 12 % du prix fixé donc environ 2 euros (à partager si plusieurs auteurs, dessinateurs et coloristes).

L’auteur doit aussi se faire le publicitaire de sa production en allant aussi souvent que possible faire des salons et autres festivals notamment celui d’Angoulême pendant le week-end. Les auteurs réalisent pendant plusieurs heures des dédicaces qui ne sont souvent pas rémunérées par les salons, et produisent des centaines de dessins à la chaîne pour les plus gros festivals (type Japan Expo…)

Le marché de l’édition quant à lui explose entraînant une surproduction, provoquée pas les grosses maisons d’édition comme Soleil ou Glénat. Une demande encore plus importante de nouveautés en terme de bande dessinée avec un budget qui ne grossit pas, pousse les auteurs à travailler encore plus vite et à produire de la moins bonne qualité. Créant ainsi une abondance d’objets sur le marché qui seront amenés à être détruits car invendus. Cette pression entraîne dépression et dégoût du métier.

Auteur de BD

La précarité dans laquelle vivent la plupart des auteurs de BD détruit totalement le mythe de l’artiste inspiré vivant de passion et ne faisant pas partie intégrante des rouages du système. Une convention collective liée au métier d’auteur et plus amplement de créatif manque cruellement pour pouvoir leur assurer une stabilité financière.

 
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